« C’est alarmant. On n’a jamais eu autant de nourriture et elle n’est jamais partie aussi vite », constate Rayyan, du syndicat Alternative étudiante Strasbourg (AES). Deux semaines après la rentrée, il réalise une distribution alimentaire d’envergure ce 18 septembre. Entre 12h et 14h, environ 400 étudiants auront récupéré de quoi manger sur le campus central.
Tout au long de la pause de midi, la file d’attente de plusieurs dizaines de mètres n’aura pas eu le temps de rétrécir. Au bout, les jeunes peuvent choisir deux éléments par catégorie d’article : produits secs (sachets de riz, de pâtes…), sauces ou soupes, petit déjeuner. Des vêtements sont aussi proposés. « 36% des étudiants sautent au moins un repas par jour », précise Simon, membre de l’AES :
« On a envoyé un mail à tous les étudiants de l’Université de Strasbourg pour les prévenir. Mais nous ne demandons aucune info, aucun justificatif, pour ne pas ajouter de la pression. »
Un stress constant à mêler avec les études
Selma et Yasmina, toutes les deux en deuxième année de licence des sciences du langage, s’accordent à dire que trois euros pour les repas des restaurants universitaires, c’est déjà trop cher pour qu’elles puissent y aller. Venues d’Algérie, elles n’ont pas encore de titre de séjour leur permettant de travailler, ni de possibilité de toucher une bourse. « Je n’ai aucun revenu et je suis obligée de vivre sur des économies pour l’instant, explique Selma. J’espère que ça ne va plus durer longtemps. »
« Notre quotidien, c’est de ne rien manger la journée, peut-être grignoter quelque chose comme des biscuits et de faire des pâtes le soir », raconte Yasmina. Son loyer de 488 euros pour une colocation n’aide pas. Pour elle, la question de savoir si elle va pouvoir s’alimenter est un stress constant. À quelques mètres, Éva, 21 ans, en fac d’arts plastiques, décrit une « fatigue énorme » et des insomnies, liées à sa précarité. « Il faut cumuler ce stress avec des emplois du temps chargés. Je suis censée acheter du matériel qui coûte cher. Parfois je dois choisir entre ça et manger », assure t-elle.
Sa bourse de 300 euros ne suffit pas et elle n’a pas encore trouvé de job étudiant malgré une recherche active. « Je culpabilise parce que ma mère, qui a aussi des soucis financiers, doit m’aider », se désole t-elle. Une absence de ressources qui conduit à l’isolement selon Éva, car il est difficile de sortir quand on est préoccupé en permanence et qu’on n’a pas d’argent. Ce contexte défavorise aussi forcément les étudiants les plus précaires, qui auront du mal à étudier sereinement.
L’Alternative étudiante Strasbourg n’a pas fixé de date pour la prochaine distribution mais prévoit d’en organiser au moins une tous les deux mois.
Chargement des commentaires…