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Derrière Capitaine Morten et la Reine des araignées, les voix pas si enfantines d’Alsaciens

Film d’animation estonien à destination du jeune public, Capitaine Morten et la Reine des araignées est sorti au cinéma le 15 août. Et les voix françaises sont assurées par plusieurs comédiens Strasbourgeois. Rencontre avec deux d’entre eux.

Vidéo

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Sorti au cinéma le 15 août, Capitaine Morten et la Reine des araignées est un conte estonien, sorti en librairie en 2010. Il a connu un fulgurant succès, si bien que le studio Nukufilms a choisi de l’adapter pour le cinéma. Et si l’on retrouve 9 Alsaciens sur les 10 noms qui apparaissent au générique, c’est parce que la distribution française a été acquise par la société Septième Factory, créée en 2015 et dont le siège est à Strasbourg.

Avec le Capitaine Morten, Zélie Chalvignac double son premier rôle principal au cinéma (photo remise)

Parmi eux, Zélie Chalvignac, vidéaste strasbourgeoise de 27 ans. Elle a interprété… le capitaine Morten. Ce petit garçon est le héros de cette co-production estonienne, belge, britannique et irlandaise. « Je fais des voix depuis l’âge de 15 ans et des doublages depuis quatre ans, on m’a souvent dit que ma voix correspondait bien aux voix de petits garçons », s’amuse celle qui n’avait pas bien réalisé qu’il s’agissait d’un film pour le cinéma jusqu’à la veille de son enregistrement.

C’est la première fois que Zélie enregistre un premier rôle pour les salles obscures. Si cela se fait parfois, elle n’a pas croisé les autres comédiens qui lui donnent la réplique. Le doublage de ses 123 lignes a duré « une matinée ». Les tarifs de la profession suivent une grille qui dépend de l’œuvre (télévision, cinéma, etc.) et du nombre de lignes, soit aux alentours de 700€ pour un film comme celui-ci.

Ce conte moderne est tourné en stop-motion (ou « animation en volume » en français), c’est à-dire avec un enchaînement de photos de manière à donner l’impression d’un mouvement à l’instar des Noces funèbres, les films Wallace & Gromit, Chicken Run, Shaun le mouton ou encore L’île aux chiens). Ces films laissent souvent beaucoup de place aux silences et aux expressions faciales des personnages.

Le Capitaine Morten, un petit garçon doublé par… une jeune femme (Photo Septième Factory)

Le film est acheté dès mai 2017 à l’occasion de la rencontre professionnelle européenne Cartoon Movie à Bordeaux. Le réalisateur estonien Kaspar Jancis est l’auteur du livre qui narre les aventures du petit garçon qui va se changer en insecte et devoir obtenir ses galons de capitaine. Le film a été projeté au festival international du film d’animation d’Annecy en juin 2018.

« C’est un film avec un budget de 6 millions d’euros, ce qui n’est pas énorme pour de l’animation, mais qui reste important pour faire un film », ajoute Nancy de Meritens, directrice de Septième Factory. À titre de comparaison, le budget moyen en France était de 8,11 millions d’euros en 2013 et même 60 millions pour le Petit Prince.

Il faut parfois doubler des personnages qui sont des insectes. (Copyright Septième Factory)

Septième Factory a ensuite reçu une copie en langue originale (en anglais) du studio estonien Nukufilm et s’est occupée de trouver les comédiens pour le doublage et de la commercialisation en France.

La sélection des artistes ? Surtout le bouche-à-oreille, les recommandations et quelques essais. Avec la présence d’Arte à Strasbourg et de cinq studios d’enregistrements, l’Alsace dispose un réservoir de « voix » important.

La bande annonce en version française

Maxime Pacaud double quant à lui le père de Morten, le capitaine Vicks qui « vogue à travers les mers, mais revient raconter des histoires ». Pour ce comédien et directeur artistique de 41 ans, c’était pour lui aussi sa première participation dans ce studio pittoresque :

« Au-début, quand on m’a dit que c’était une production britannico-estonienne, je me suis dit c’est quoi cette galère ? Mais en me renseignant et une fois rentré dans le personnage, j’ai compris que c’était un beau film, même si je n’ai pas encore tout vu et compte le voir avec mes enfants dans les prochains jours. Le plus dur est de se caler sur les “M”, les “B”, les “P”, car c’est là que les lèvres se touchent, c’est ce qui se voit le plus à l’écran, même si la traduction essaye d’en tenir compte. »

Capitaine Morten et la Reine des araignées est un conte poétique (Copyright Septième Factory)

La plupart des doubleurs cumulent leur activité avec d’autres métiers d’artistes, d’acteurs ou de monteurs. Une activité soutenue, selon Maxime :

« Je suis toujours étonné, même pour des petits films d’Arts et d’Essais, il y a toujours des doublages. Pour un film pour enfants, c’est plus logique, ils ne vont pas lire les sous-titres à toute vitesse. Avec l’essor de la vidéos à la demande, ou des séries, il y a beaucoup de demande, les doublages peuvent aller vite, 10 jours pour une série entière. Peut-être est-ce l’industrie du doublage, qui est un petit monde en France et encore plus en Alsace, qui est bien organisée, mais on ne ressent pas de baisse d’activité. »

Capitaine Morten et la Reine des araignées est distribué dans 82 salles. « C’est une sortie importante mais qui ne va pas faire beaucoup d’entrées de suite. C’est un film qui peut avoir une longue vie par exemple avec des visites scolaires », explique Nancy de Meritens. Un kit pédagogique avec une marionnette du Capitaine Morten / Zélie est notamment prévu à destination des classes pour faire découvrir ce type de films bien particulier.


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