Un nouveau bidonville de migrants demandeurs d’asile s’est formé à Strasbourg. Comme en novembre 2017, une trentaine de personnes originaires des Balkans est installée au croisement de l’avenue du Neuhof et de la rue des Canonniers, du côté du square.
Douze tentes sont installées ce jeudi 19 juillet en fin de journée. Un peu plus tôt en fin d’après-midi, trois familles soit 16 personnes ont reçu une proposition pour être logées en face, dans l’ancien hôpital militaire Lyautey. Après le plan hivernal, l’État a cette année pérennisé quelques places d’hébergement d’urgence toute l’année. L’État est tenu de fournir une place d’hébergement aux demandeurs d’asile, le temps de l’instruction de leur demande.
Une proposition refusée
Mais après avoir vu les lieux, deux familles soit 11 personnes et 7 enfants n’ont pas souhaité y rester. Elles devaient dormir dans la même chambre, humide. Les adultes ont signé une décharge à ce sujet. Parmi ces familles, deux seraient en situation de « Dublinés », c’est-à-dire enregistrées une première fois dans un autre pays de l’Union européenne, en Allemagne et aux Pays-Bas. En plus de ces enfants, dont des bébés, une adolescente de 13 ans dort également dehors.
Cette solution ne devait être qu’ »un passage », concède une responsable du Centre communal d’action sociale (CCAS).
Un camp minimal
Enès Dzafic, 25 ans, vient de Macédoine avec sa famille :
« Je suis Gypsy/Rom et je fais face aux discriminations politiques dans mon pays. J’ai pu travailler un mois et j’ai été interdit. Je ne peux pas non plus me rendre dans un café. Je suis venu avec mes parents et ma sœur de 22 ans. »
Selon un habitant Gérard Baumgart, membre du collectif des Cannoniers qui tente d’apporter un peu d’aide, certains sont installés depuis plusieurs semaines :
« Une des familles sur place est arrivée il y a deux mois et est enregistrée comme demandeuse d’asile à la Préfecture qui doit fournir une solution. Avec le collectif, nous essayons de les aider. Une personne a rendez-vous à la Cada, un autre doit aller à l’Ofpra à Paris. Si rien n’est proposé, on craint une réaction du voisinage qui demande à ce qu’ils dégagent. Les habitants voient ce camp grandir sous leurs fenêtres. »
Des voisins compatissants mais lassés
Dans ce square, les migrants n’ont ni douche ni toilettes et une partie des associations de solidarité ne fonctionne pas l’été. Le lieu est devenu un point de repère pour les demandeurs d’asile sans proposition. En étant visibles, ils peuvent espérer une solution de logement, comme leurs prédécesseurs. Certains d’entre eux ont des problèmes de santé.
Si la situation n’est pas tendue avec les voisins, ces derniers expriment de la lassitude face au côté récurrent de la situation.
« Je trouve ça inadmissible à notre époque »
Un habitant nous livre son ressenti :
Lors d’une maraude fin juin l’association Médecins du Monde nous a indiqué avoir repéré trois familles à l’époque. Un afflux plus notable se serait formé au fur et à mesure vers la mi-juillet, notamment via des regroupements familiaux. Même si certains occupants du début sont partis, le camp d’infortune avoisine desormais la trentaine de personnes, ce qui a bien plus d’impact dans le quartier.
Pour Marie Dominique-Dreyssé adjointe au maire (« suspendue » d’une de es délégations mais pas de ce type de situations tendues) en charge des Solidarités, la situation doit être réglée dans les prochains jours, mais tous les habitants ne relèvent pas du même statut :
« Il y a des situations complexes et des parcours variés d’une famille à une autre. Certains venant juste d’arriver et qui ne sont pas enregistrés. Une famille ne s’est pas rendue à un rendez-vous pris avec la protection maternelle et infantile. Mais il y a une attention très forte de l’État, avec qui nous sommes en lien et qui connait notre position, pour que les choses bougent rapidement. »
Contactée en fin d’après-midi, la Préfecture n’avait pas encore répondu à nos questions dans la soirée.
Au mois de novembre, les personnes avaient été relogées temporairement dans un gymnase, puis orientées vers d’autres structures, deux jours après les premiers articles.
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