La municipalité a annoncé lundi 5 décembre qu’elle compte intenter « une action en responsabilité contre l’État pour inaction et carence en matière de mise à l’abri de personnes en grande précarité ». Elle appelle les autres communes de France à se joindre à l’action. « Si on avait une solution, de notre côté, on l’aurait mise en place », assure Jeanne Barseghian (EE-LV), maire de Strasbourg.
Depuis le printemps 2022, un grand campement de sans-abris est installé place de l’Étoile, devant le centre administratif de l’Eurométropole. Dans une ordonnance rendue vendredi 2 décembre, le tribunal administratif a demandé à la maire de Strasbourg de faire expulser le campement dans les trois jours en demandant le concours des services de la préfecture et de la police nationale.
Une expulsion, et après ?
La Ville s’est conformée à la décision de justice et a sollicité, dans la journée du vendredi 2 décembre, l’aide des services de l’État. Lundi matin, troisième jour après l’ordonnance, Jeanne Barseghian indique que l’heure exacte de l’intervention n’est pas connue : « Nous sommes d’accord sur le fait que c’est problématique de laisser les personnes dans le doute. Mais c’est la préfecture qui va lancer l’opération. » De son côté, la préfète a annoncé lundi matin accorder le concours de la force publique pour l’évacuation de la place de l’Étoile. La préfecture demande à la municipalité de « procéder à l’enlèvement des tentes et au nettoyage de l’espace public » après l’évacuation.
La maire déplore que l’État ne donne pas de solution d’hébergement à ces personnes, quasiment toutes migrantes, alors qu’il y est obligé en théorie : « Un démantèlement sans mise à l’abri ensuite n’est pas souhaitable. C’est l’intérêt des personnes qui nous importe. » La préfecture dit systématiquement « donner des solutions en fonction des situations administratives ».
Plusieurs fois, suite à des expulsions de camp ces derniers mois, les demandeurs d’asile en fin de droit administratif ont été acheminés vers un foyer à Bouxwiller qui vise à les inciter à retourner dans leur pays d’origine. Suite à l’expulsion pour tirer le feu d’artifice du 14 juillet depuis la place, le camp s’était reformé car de nombreux sans-abris avaient quitté ce centre « d’aide au retour » pour retourner à Strasbourg.
Entre 40 et 50 personnes au camp de l’Étoile
Jeanne Barseghian rappelle qu’il y a « des centaines d’autres personnes dans la rue à Strasbourg, moins visibles ». Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge de la Solidarité estime que ce lundi, entre 40 et 50 personnes vivent sur le camp. Fin octobre, 200 personnes y étaient installées. La maire expose :
« Emmanuel Macron avait annoncé pendant sa campagne de 2017 qu’il n’y aurait plus de sans-abris en France quelques mois après sa prise de fonction. On s’interroge vraiment sur le décalage entre ces annonces et la réalité du terrain, avec un État qui ne met pas à l’abri de très nombreuses personnes à Strasbourg. »
Le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici, qui vient régulièrement en aide aux sans-abris du camp de l’Étoile, demande à la Ville de Strasbourg d’éviter le scénario où les personnes se retrouvent à nouveau dans la rue suite à une expulsion, ou sont envoyées à Bouxwiller : « La Ville devrait trouver un hébergement, même précaire. » Selon Floriane Varieras, la mise à disposition d’un bâtiment municipal pose le même problème : « Il faut que les personnes soient encadrées sur place, et c’est aussi du ressort de la préfecture. Nous lui avons fait des propositions avec des bâtiments et n’avons pas eu de retour pour l’instant. »
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