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Breakdance, entrepreneuriat, studios d’enregistrement… La FACC se concrétise quartiers Elsau et Meinau

Le projet d’université populaire des quartiers prend forme à Strasbourg. Côté Elsau, la Fabrique Artistique Culturelle et Citoyenne (FACC) dispose d’un studio d’enregistrement et de locaux associatifs. Côté Meinau, l’espace de danse, les studio d’enregistrement et un espace de coworking ne désemplissent pas. Reportage.

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Plaine des bouchers, au 33 rue du Maréchal-Lefebvre. « Ici, on testait les moteurs des bombardiers pendant la seconde guerre mondiale », rappelle Ilham Gilg, directrice-administratrice de la Fabrique Artistique Culturelle et Citoyenne (FACC). Désormais, la travée Q de l’ancienne usine Junkers doit servir de tremplin pour les jeunes du coin.

Mardi 7 juillet, chaque pièce de la FACC Meinau est utilisée. À l’entrée, Sebastien Vela Lopez initie une dizaine d’ados au breakdance. Derrière le DJ, deux studios d’enregistrement tout neufs. Au sous-sol, le label Factory met un troisième studio à disposition d’artistes ou collectifs rap, trap ou hip-hop.

L’équipe de la FACC présente sur place le mardi 7 juillet. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

Meinau, Elsau : la FACC se concrétise

Il y a près d’un an, la FACC n’était encore qu’un projet. Yan Gilg, directeur de l’association Sons d’la Rue et de la compagnie Mémoires vives, présentait son idée « d’université des classes dominées » sur Rue89 Strasbourg. L’objectif assumé : redonner du « swag » à l’école, qui ne serait « plus compétitive » pour les jeunes, « des geeks, qui ont appris l’autoformation grâce aux tutos et aux forums sur internet. »

Côté Meinau, la FACC Strasbourg s’est concrétisée début janvier 2020. Mustapha Taouil se souvient des mois de travaux qui ont précédé l’ouverture du lieu : « La moquette, le plafond, la VMC, la peinture, les sanitaires… Tout était pourri, il a fallu tout refaire ! » Le confinement a stoppé net le lancement du projet ménauvien. La FACC s’est relancée petit à petit au printemps.

Dans la semaine du 6 juillet, la FACC proposait une semaine d’initiation au breakdance. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

« Donner la parole et le pouvoir »

« On a enfin notre université populaire », se félicite Ilham Gilg, intermittente du spectacle de la compagnie Mémoires vives. Avec la FACC, cette ancienne travailleuse sociale en centre socioculturel veut inverser le rapport aux jeunes : « Ici, on soutient les projets des autres. On parle beaucoup de participation des habitants, mais on fait toujours tout pour eux. Là il s’agit de leur donner la parole et le pouvoir. »

Plusieurs studios d’enregistrement sont mis à disposition par la FACC à la Meinau. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

À ses côtés, Moustapha Taouil acquiesce. Le coordinateur de l’association Sons d’la Rue gère la partie elsauvienne du projet. Au 80 rue Martin Schongauer, la FACC met à disposition un studio d’enregistrement, un bureau pour l’ASSLE, une association d’insertion par le sport, ainsi qu’un autre local pour le collectif Temple, des jeunes qui souhaitent monter un label musical. Pour cette figure du hip-hop à Strasbourg, l’objectif est de « leur permettre de monter leur entreprise, de réussir et trouver ensuite leurs propres locaux. »

« Former l’élite strasbourgeoise du break »

Sebastien Vela Lopez, aka Lokos, profite d’une pause pour rejoindre l’équipe de la FACC autour d’une table de salon. Ce matin, les ados ont grimacé lorsqu’il a fallu partir en footing avant de faire quelques abdos. Pour Lokos, ces efforts sont nécessaires pour donner envie aux jeunes de devenir professionnels. Avec la FACC, le breakdancer rêve de « former l’élite strasbourgeoise du break. » Depuis des années déjà, il sillonne la France pour emmener des jeunes aux compétitions.

Aujourd’hui, le rêve devient réalité : « Il me manquait plus que la structure pour pouvoir proposer un coaching professionnel, avec un vrai lieu, des créneaux fixes… » Pour l’entraîneur, deux danseurs sont déjà prometteurs : « On a déjà un champion du Grand Est et une championne de France des moins de 15 ans. » Lokos pense déjà aux jeux olympiques. « Le breakdance fait maintenant partie de la compétition », rappelle-t-il.

Un collectif pour une « nouvelle vibe en France »

Dans la cave de la FACC, une dizaine de jeunes de Mulhouse et de Strasbourg se passent le casque autour d’une table basse couverte de sodas. Le collectif YGi est en pleine production. Le style s’approche de la trap. Par le bouche à oreille, le collectif YGi peut utiliser le studio d’enregistrement tous les mardis de 10h à 21h.

Pour Thomas, manager du groupe, cet espace mis à disposition par le label Factory et la FACC est une aubaine : « Cela nous permet de nous retrouver plus souvent. » Ingénieur du son, Christopher aka Xgotthesauce, apprécie de travailler avec du matériel de qualité. Mannequin et membre du collectif, Ulryk compte bien « lancer une nouvelle vibe en France. »

Pour la FACC Strasbourg, la prochaine date importante se situe en octobre. Le festival Opération Quartiers Populaires (OQP) se tiendra dans la salle du Point d’Eau à Ostwald. Misha Manazakanov y présentera le projet rap « La rage de dire ».

Depuis mai 2019, le médiateur culturel travaille avec des migrants et des jeunes de quartier pour proposer un récital rap le 11 octobre prochain. Un spectacle de danse est aussi en préparation. L’équipe strasbourgeoise espère enfin inaugurer le local de la Meinau entre septembre et octobre. Pour Ilham, l’idéal serait d’organiser une soirée pour lancer les FACC de Dakar, Marseille et Strasbourg en même temps.


#compagnie mémoires vives

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