Omara Moctar est nigérien et touareg. Son histoire est passionnante, tellement qu’elle a fait l’objet d’un documentaire (Agadez, the Music and the Rebellion, Ron Wyman). C’est qu’un touareg obligé de fuir la rébellion à 10 ans, réfugié en Algérie jusqu’à son retour quelques années plus tard et devenu guitariste de génie, ça a de quoi intéresser.
Encore plus quand on sait qu’il a dû fuir une nouvelle rébellion en 2009, époque où deux des membres de son groupe Bombino sont capturés et exécutés, et où toute guitare est interdite par le gouvernement. Lorsqu’il rentre à nouveau à Agadez en 2010, il devient le symbole de tout un peuple, à travers un concert exceptionnel au pied de la grande mosquée.
Et c’est là que la musique de Bombino va, enfin, dépasser les frontières.
Le rêve américain
Convaincu d’enregistrer ses titres comme il se doit, il sort l’album Agadez en 2011. Enregistré dans le Massachussetts, l’album tombe dans les oreilles de Dan Auerbach (The Back Keys), qui l’invite dans son studio de Nashville pour produire Nomad, l’opus suivant. L’année dernière, c’est Azel qui enchante le public, enregistré à Woodstock. Des albums réalisés en Amérique, donc, patrie des influences de Bombino.
Inspiré par les Américains Jimi Hendrix ou John Lee Hooker, tout autant que par Dire Straits ou Bob Marley, la musique de Bombino puise ses racines dans un rock brut et un blues implacable. A ceci près que si la base peut paraître classique, le résultat ne l’est absolument pas. Aussi lumineux que le soleil saharien, chaque titre est porté par cette touche sableuse qui en fait toute l’originalité. Un grain de voix chaleureux, une guitare hypnotique, et toujours cette invitation à la danse, au partage, à la communion.
Du bonheur en scène
Mais s’il y a bien un endroit où écouter Bombino, c’est sur scène. Transformant toutes ses performances en moment de transe heureuse, Bombino allume dans le sillage de ses concerts un sentiment d’espoir inconditionnel, et un sourire permanent sur les visages. Le touareg n’a qu’une ambition : faire danser les gens au son de sa guitare. Gageons qu’il y parviendra jeudi soir, sur la scène de l’espace Django.
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