C’est la fin de ce direct, merci à vous de l’avoir suivi. Voici les informations principales à connaître sur cette 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites :
- Selon nos estimations, près de 10 000 personnes ont manifesté jeudi 6 avril à Strasbourg. La préfecture du Bas-Rhin avance le chiffre de 5 600 participants, l’intersyndicale en a compté 12 000.
- Le service d’ordre intersyndical strasbourgeois a été gazé et matraqué pour la première fois depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites (voir vidéo plus bas).
- Autre fait rarissime pour une manifestation strasbourgeoise : un black bloc important et organisé est entré en confrontation directe avec les forces de l’ordre. Des policiers ont dû se réfugier dans leurs véhicules qui ont été endommagés au niveau du pont Sainte-Madeleine.
- Dans la matinée, le lycée Fustel de Coulanges, le port aux pétroles et la centrale hydroélectrique de Vogelgrun (Haut-Rhin) ont été bloqués.
- À Haguenau, une manifestation a réuni, selon les organisateurs, près de 200 personnes, principalement des lycéens.
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Camille Gantzer, Roni Gocer et Thibault Vetter étaient auprès des militants et des manifestants toute la journée jusqu’au début de la soirée pour vous rendre compte de cette 11ème journée de mobilisation.
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Plusieurs témoins confirment le recours au gaz lacrymogène et des coups de matraque des forces de l’ordre contre le service d’ordre intersyndical. Une vidéo publiée par l’Union Locale CGT du Bas-Rhin en atteste aussi :
Un important dispositif policier a été déployé dans le quartier Esplanade. Le cortège restant se disperse progressivement.
La « manifestation sauvage » se poursuit mais la partie la plus organisée du black bloc semble s’être dispersée. Les dégradations des panneaux JC Decaux et des banques se poursuivent.
Dans la banque Société Générale de la place de la Bourse, des participants au black bloc sont entrés dans l’agence et ont détruit des ordinateurs à l’intérieur.
Le service d’ordre intersyndical victime de coups de matraque et de gazage par les forces de l’ordre. Gilles Dimnet, secrétaire général adjoint de la CGT Eurométropole, rapporte :
« À l’entrée de la partie piétonne du quai des bateliers, nous avons vu les policiers venir vers nous. Nous avons voulu les empêcher de couper le cortège en deux puisque nous avons la responsabilité de la sécurité de la manifestation. On a été pris en tenaille par la police, donc on a commencé à négocier. On a laissé passer plusieurs policiers et une voiture de police passait quand une fenêtre s’est ouverte et un policier a commencé à gazer puis ils ont commencé à nous cogner dans les jambes. On a fui dans un nuage de gaz. Une chose pareille n’est jamais arrivée. »
Point sur la participation : entre 5 600 participants selon la préfecture et 12 000 manifestants d’après les syndicats.
Autre ambiance place de la République, où le cortège de l’intersyndicale se disperse progressivement.
Fait extrêmement rare pour une manifestation strasbourgeoise : un important black bloc entre en confrontation directe avec les forces de l’ordre.
Selon notre reporter sur place, les manifestants sont parvenus à forcer le barrage de police situé au niveau du palais Rohan.
Le début du cortège se trouve actuellement vers l’arrêt de tram Gallia, au croisement Quai des Pêcheurs et du Boulevard de la Victoire.
Quelques feux de poubelles jonchent le parcours des manifestants, quai des Bateliers à Strasbourg.
Comme lors de chaque journée de mobilisation, le cortège de la HEAR (Haute école des arts du Rhin) attire énormément de manifestants, à coups de slogans divers : « À bas l’État, les flics et les fachos », ou « Police nationale, milice du capital! ».
Le service d’ordre intersyndical se place entre les manifestants et la police pour « protéger le cortège, éviter les débordements et les violences des forces de l’ordre ».
Selon notre reporter sur place Thibault Vetter, les manifestants seraient un peu moins de 10 000 pour cette 11e journée de mobilisation. Ils étaient 12 000 selon nos estimations le 28 mars, pour la 10e journée.
En direct de la tête du cortège des manifestants, rue de la Première Armée, avec les étudiants.
Mounir est conducteur de tram à la CTS, non syndiqué : « Le seul moyen, c’est de bloquer. On doit sortir l’artillerie lourde. »
« Quand l’intersyndicale a rencontré Mme Borne, c’était une mascarade, tout le monde savait que ça n’allait aboutir à rien. Le seul moyen, c’est de bloquer la production économique, les raffineries et les autres secteurs stratégiques, comme le rail et l’éducation. Il y a des caisses de grève, il faut s’en servir, on doit sortir l’artillerie lourde, il n’y a que ça qui les fera vraiment reculer.
Ceux qui n’ont pas les moyens de faire une grève paralysante doivent alimenter les caisses de grève pour soutenir celles des secteurs stratégiques. Il ne faut pas attendre que Macron recule, mais l’obliger. Et il faut bloquer des endroits stratégiques, comme ceux qui ont bloqué le port au pétrole ce matin. »
Un important dispositif policier est déployé pour encadrer le cortège de cette 11e journée de mobilisation. Ici, devant les Galeries Lafayettes.
De nombreux jeunes et d’étudiants dans le cortège des manifestants, marchent en musique et dans une ambiance plutôt joyeuse. Ici un seul slogan : « Macron nous méprise, la jeunesse explose ».
Bettina Winterstein est secrétaire générale CGT métallurgie du Bas-Rhin :
« Dans le privé, une grève reconductible c’est compliqué pour les salariés, vu leur précarité… Par contre, comme Macron nous méprise, on se tient prêts à durcir les actions en faisant des barrages ou des vrais blocages de routes et de ronds points par exemple. C’est Macron qui cherche la violence, pas nous. On va répondre par des actions plus radicales, on ne va pas passer par 4 chemins. Le gouvernement n’aura plus le choix. On ne lâche rien jusqu’au retrait c’est une certitude. »
Et ici, en milieu de cortège avec notre reporter Camille Gantzer.
Le cortège continue d’avancer, ici Place Broglie, avec la CGT Cheminot de Bischheim.
Bertrand est professeur des écoles. Il manifeste depuis le début de la mobilisation en janvier.
« Être en grève et manifester, ça a un coût financier, c’est certain. Jusqu’à maintenant, on a tenu mais après les vacances, ça sera compliqué… Ce qu’il s’est passé hier à Matignon (avec les syndicats reçus par la Première ministre, NDLR), c’était malheureusement prévisible. Ils ont invité les syndicats pour faire plaisir, mais on savait que c’était une farce. »
Francis est adhérent CGT et cheminot. Il croit en la grève et son pouvoir politique, pour, il l’espère, faire plier le gouvernement.
« Moi je suis cheminot, j’étais en grève reconductible plusieurs jours d’affilés. Le contexte fait que c’est très difficile financièrement pour tout le monde. Souvent, ceux qui ont le pouvoir de paralyser le pays parce qu’ils ont des boulots essentiels, sont aussi précaires, et ne peuvent pas perdre trop d’argent. Mais on a le soutien du public. Je ne crois pas en une décision du Conseil constitutionnel en notre faveur. Mon espoir, c’est qu’on continue, et que ça devienne une grève générale si nécessaire. Si on tient longtemps, ils vont finir par plier. C’est la seule solution pour moi, mais je sais que c’est compliqué. En tout cas il ne faut rien lâcher. »
Départ du cortège de la place de la République, direction la place Broglie pour commencer.
Les syndicalistes de la CGT s’échauffent et se préparent sur leur camion, Avenue de la Liberté, à quelques minutes du départ du cortège.
Emmanuel Printz est président de l’Union départementale CFTC du Bas Rhin. Il dit attendre avec impatience le 14 avril et la décision du Conseil constitutionnel, et redoute l’idée d’une grève générale :
« Nous ne souhaitons pas en arriver à la grève générale car pour nous, les manifestations pacifistes et massives devraient suffire. Aujourd’hui, au bout de onze journées de mobilisation, on est toujours unis, on arrive toujours à mobiliser. Cette réforme n’est pas applicable. En arriver à la grève générale serait déjà un aveu d’échec démocratique, on n’est pas d’accord avec ça. Par contre, on est déterminé à continuer à lutter dans la durée avec des grèves ciblées sur des journées de mobilisation, pour ne pas trop impacter les grévistes. On ne lâchera pas, on maintiendra, ils seront obligés de reculer. »
C’est parti pour la 11e journée de mobilisation à Strasbourg. Place de la République, les manifestants se regroupent. Ils semblent a priori moins nombreux que la semaine dernière. Pour vous faire vivre cette manifestation en direct, trois journalistes de Rue89 Strasbourg sont sur place : Camille Gantzer, Roni Gocer et Thibault Vetter.
Nouvelle ambiance en amont des manifestations à Strasbourg. Aux alentours de 13h30, place d’Austerlitz, des policiers fouillaient les bosquets à la recherche de pavés et autres projectiles susceptibles d’être lancés sur les forces de l’ordre.
Quartier Krutenau, de nombreuses banques ferment leurs portes lors de la manifestation.
Selon les organisateurs, près de 200 lycéens ont manifesté dans la matinée du jeudi 6 avril à Haguenau. Dès 7h30, des membres de l’Union locale CGT et des enseignants ont tracté devant le lycée Robert Schumann pour convaincre la jeunesse du Nord de l’Alsace de rejoindre le mouvement. À 100 jours du début des épreuves du baccalauréat, les élèves étaient déguisés. La manifestation a eu lieu dans une ambiance festive.
Samy Ahmed-Yahia, membre de l’Union Locale CGT de Haguenau et ancien candidat Nupes pour les élections législatives de la huitième circonscription du Bas-Rhin, se félicite de cette mobilisation : « Vers 10 heures, on a constitué un cortège pour se rendre devant le permanence du député où l’on a demandé le retrait de la réforme des retraites. Le cortège s’est ensuite dispersé dans le calme. »
Mercredi 5 avril, les organisations de l’intersyndicale se sont rendues à Matignon pour une réunion avec la Première ministre. Comme le rapporte notre partenaire Mediapart, la discussion a rapidement tourné au dialogue de sourds. Les syndicats demandent le retrait de la réforme des retraites. Elisabeth Borne refuse et souhaite initier une discussion sur une future loi travail, ce que refusent les représentants syndicaux. La rencontre aura duré moins d’une heure.
« On avait une crise sociale qui se transforme en crise démocratique », a poursuivi le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger. Un jour avant la onzième journée nationale de mobilisation organisée par les syndicats, il a appelé « un maximum de travailleurs et de travailleuses, de citoyens dans ce pays, à rejoindre les cortèges partout en France », afin de « démontre[r] la force de la démocratie sociale dans le calme, sans violence ».
La centrale hydroélectrique de Vogelgrun (Haut-Rhin) est occupée par quelques dizaines de salariés, comme le rapporte France Bleu Alsace. L’objectif de la CGT est de poursuivre le blocage de la circulation sur le Rhin jusque midi pour ensuite rejoindre les manifestations à Colmar et Mulhouse.
8h15 : la sonnerie résonne mais personne ne rentre, cris de joie des personnes mobilisées. La foule est devenue beaucoup plus dense avec les nouveaux arrivants.
Julien Wind, professeur de SES, membre du syndicat enseignants Snes, soutient le blocage de l’établissement :
« Ici c’est assez dur de mobiliser les profs, qui sont déjà en action depuis deux mois. La perte accumulée des journées de grève fait qu’il y avait moins de gens motivés. Mais ça ne fait aucun doute que dans la salle des profs, quasiment tout le monde est contre la réforme. »
Thaïs, 17 ans, est vice-présidente du conseil de vie lycéenne et élève de terminale. Elle explique cette action menée après les épreuves du baccalauréat du mois de mars, « pour ne pas pénaliser les lycéens » :
« Le but de l’action, c’est d’envoyer un signal fort au gouvernement, pour dire qu’ils ne faut infantiliser les lycéens et leurs opinions politiques. En l’occurrence, on s’oppose au 49-3 à la réforme des retraites, à la mise en place de Parcoursup et au Service national universel. »
Une trentaine de personnes bloquent l’entrée du lycée Fustel de Coulanges au centre de Strasbourg. Parmi les militants, des lycéens, des étudiants et quelques syndicalistes de la CGT Éduc’Action.
Les camions redémarrent vers 6h43. Les militants avaient proposé une levée du blocage à partir à 9h mais ça n’a pas été accepté. Au vu de l’attente générée, une légère perturbation pourrait se sentir dans les stations services aujourd’hui.
La police n’a procédé à aucune interpellation.
La police décide de procéder à la dispersion vers 6h41.
À 6h30, la police procède au démantèlement de la barrière.
Vers 6h, la police a reçu des renforts pour procéder à une évacuation.
À 5 heures, près d’une trentaine de camions attendaient de pouvoir accéder au terminal.
Des camionneurs viennent boire un café avec les militants. Selon eux, si le blocage dure toute la journée, des stations-services pourraient se retrouver en rupture sur certains types de carburants.
Élie (prénom modifié), membre du collectif On crèvera pas au boulot :
« On a décidé de bloquer un dépôt de carburant, c’est une action stratégique pour apporter notre soutien aux travailleurs en grève dans les raffineries et dépôts pétroliers. On compte bloquer les camions qui viennent chercher l’essence aussi longtemps que possible. Le week-end de Pâques commence demain, donc le dépôt ne refonctionnera correctement que mardi à nouveau. L’approvisionnement des stations service pourrait être touché ces prochains jours. Parmi les activistes, il y a des gens qui ne travaillent pas dans des secteurs essentiels, ça leur permet d’apporter leur pierre à l’édifice. »
Dès 4h ce matin, un blocage a été mis en place route de Rouen au port aux pétroles de Strasbourg.
Une soixantaine de personnes ont installé des barrières, empêchant les camions ravitaillant les stations services d’accéder au terminal.
Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Ce nouvel appel intersyndical à manifester contre la réforme des retraites intervient alors que le gouvernement estime que le dossier est clos, après avoir été adopté sans vote du parlement grâce à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution. Mais pour les syndicats, la lutte se poursuit avec toujours comme objectif le retrait de la réforme.
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