Lundi 6 mai, le bâtiment de l’Escarpe sur le campus de l’Esplanade de l’Université de Strasbourg est bloqué. Une trentaine d’étudiants empêchent d’y accéder pour demander un cessez-le-feu à Gaza. L’Escarpe abrite notamment le Centre universitaire d’enseignement du journalisme (Cuej). Après Sciences Po Strasbourg le 30 avril, c’est le deuxième blocage étudiant en soutien aux Palestiniens, bombardés par Israël depuis le 7 octobre 2023.
Contre le système médiatique
Angellina est étudiante en première année à l’école de journalisme. « Le blocage a été décidé de façon informelle, on a envoyé un message sur le groupe de la promo, on s’est réunis vendredi 3 mai et on a voté pour », résume-t-elle. Après l’occupation de l’École supérieure de journalisme de Lille les 2 et 3 mai, « il fallait que nous nous mobilisions aussi », pointe-t-elle.
Alors que le bâtiment est bloqué, Angellina explique profiter des échanges avec les étudiantes et étudiants pour les sensibiliser à la cause palestinienne :
« Nous devons réagir au traitement médiatique de ce génocide en général. On nous vante la neutralité journalistique à l’école alors qu’on constate très bien la différence de traitement entre les vies palestiniennes et israéliennes. »
Elle dénonce également l’absence de l’emploi du mot « génocide » dans les médias :
« La rhétorique qui lie une critique de la politique israélienne et l’antisémitisme est inadmissible. C’est injuste, les défenseurs de la cause palestinienne dans les médias sont systématiquement jugés en direct et soupçonnés, comme Rima Hassan qui utilise le terme « génocide ». Des journalistes ont même traduit le terme « soulèvement », qu’elle utilise, en arabe. Ça se dit « intifada » et les journalistes en ont tout de suite tiré des conclusions qui n’étaient pas pertinentes. »
En tant que future journaliste, l’étudiante explique ne pas vouloir faire « partie du système médiatique » qu’elle observe depuis le 7 octobre. « Je me sens mal à l’aise et n’ai pas envie de travailler de cette manière-là, le monde médiatique de demain ne peut pas être celui-là. » Elle pense à l’avenir :
« Dans quelques années, quand nous serons journalistes et que nous parlerons des évènements d’aujourd’hui, nous nous rendrons compte que nous aurons été du mauvais côté de l’histoire. Et on ajoute à cela la suspension de Guillaume Meurice de l’antenne de France Inter, qui est hallucinante pour la liberté de la presse. »
À 10 heures, la trentaine d’étudiantes et étudiants mobilisés se sont réunis en assemblée générale pour discuter de la suite de leur action.
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