Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

L’air en Alsace toujours mauvais mais il s’est amélioré en 2015

L’air en Alsace reste encore trop souvent pollué par les particules et l’ozone, selon le bilan annuel de l’agence pour la surveillance de la qualité de l’air en Alsace (Aspa).

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Pour l’Association pour la Surveillance et l’étude de la Pollution Atmosphérique en Alsace (Aspa), la qualité de l’air en Alsace reste préoccupante mais elle s’est améliorée en 2015. Dans son bilan annuel (PDF), l’Aspa indique :

En 2015, la qualité de l’air a été bonne pour près des deux tiers des journées en plaine et plus des trois quarts sur les reliefs. La qualité de l’air a été très bonne à bonne (indices 1 à 4) durant 62% des jours en plaine et 81% des jours dans les Vosges. Dans les trois grandes agglomérations alsaciennes, la qualité de l’air a été très bonne à bonne 59% des jours. Elle a été moyenne à médiocre (indices 5-7) 36% des jours. Enfin, l’indice 8 (mauvaise qualité de l’air) a été atteint ou dépassé 17 jours à Strasbourg, 14 à Colmar et 18 à Mulhouse ».

« Aucune station de mesure ne respecte la valeur cible »

En résumé, indique l’Aspa, la qualité de l’air « a été moins bonne qu’en 2014 mais meilleure qu’en 2013 ». En ce qui concerne l’ozone, l’année 2015 reste préoccupante puisque « aucune station de mesure ne respecte la valeur cible européenne pour la protection de la santé humaine (120 µg/msur 8 heures à ne pas dépasser plus de 25 jours dans l’année) :

« En 2015, l’Alsace a connu 10 journées de pics d’ozone. L’épisode majeur a été observé entre le 30 juin et le 3 juillet avec des dépassements du seuil de recommandation et d’information les 5 et 7 juillet au nord-est de l’Alsace. La concentration maximale, mesurée au nord-est de l’Alsace, est de 233 µg/mpendant 7 heures le 2 juillet. Le niveau d’alerte (240 μg/m3 sur 1 heure) a été atteint le 7 août avec 241 µg/m3 pendant 1 heure ».

La qualité de l’air a été bonne pour les deux tiers des journées en plaine et plus des trois quarts sur les reliefs. (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Alerte au benzopyrène à Thann

La procédure d’information a été déclenchée 12 jours sur le Bas-Rhin et 11 jours sur le Haut-Rhin. Les plans ozone de l’Eurométropole de Strasbourg et de Mulhouse ont été activés pendant 4
jours.

Les moyennes annuelles de benzo(a)pyrène, un polluant reconnu pour être fortement cancérigène et produit par le chauffage au bois et le diesel, sont moins élevées qu’en 2013 et 2014 sauf à Thann, en vallée vosgienne. Des investigations sont en cours pour préciser l’origine de ce dépassement.

Les émissions de particules en suspension PM10, principalement émises par le chauffage résidentiel et le trafic routier, n’ont pas dépassé les moyennes annuelles et les concentrations restent en deçà de la valeur limite pour la santé humaine. Toutefois, le seuil d’alerte a été dépassé deux fois à Strasbourg le 1er janvier et le 19 mars.

Le secours de la météo, selon Strasbourg Respire

Le Dr Thomas Bourdrel, radiologue à Strasbourg et membre du collectif « Strasbourg respire« , y voit surtout des facteurs météorologiques :

« Effectivement, cette année 2015 aura été globalement meilleure que les précédentes. Mais pour les particules fines PM10, c’est surtout en raison d’un climat propice et d’un hiver peu froid. La politique de l’Eurométropole n’y est pour rien ».

De son côté, Emmanuel Rivière, directeur adjoint de l’ASPA, parle d’une « amélioration progressive » :

« Globalement, la qualité de l’air s’améliore progressivement en Alsace par rapport aux années précédentes. Mais j’émets des réserves sur deux points à surveiller. L’Alsace a connu une élévation du niveau d’ozone et dix journées de pics à cause de la vague caniculaire de cet été. Et le niveau de dioxyde d’azote a dépassé la limite de protection de la santé humaine à proximité des axes routiers de Strasbourg, boulevard Clemenceau et le long de l’A35 ».

Une pollution de l’air encore largement mésestimée

Mais pour le Dr Thomas Bourdrel, l’Aspa ne voit qu’une partie de la pollution :

« Le problème, c’est que les nanoparticules ne sont pas prises en compte aujourd’hui dans les normes européennes auxquelles fait référence l’ASPA alors qu’elles représentent plus de 90% des particules fines émises avec les PM 2.5 par les nouveaux moteurs essence et les moteurs diesel. Plus les particules sont fines, plus elles pénètrent en profondeur dans nos bronches et leurs effets sur la santé sont importants. Ces nanoparticules sont trop légères pour être prises en compte par les instruments dont l’ASPA et les autres organisations sont dotées. Les instruments pour mesurer les nanoparticules existent mais coûtent cher. Donc aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de savoir si le niveau de ces nanoparticules se réduit, s’élève ou stagne. Si on en tenait compte, peut-être que ce bilan d’amélioration progressive serait différent ».


#Alsace

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