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Bilan iconoclaste d’une saison de CFA, côté terrain

Dans quelques jours, c’est la reprise de l’entraînement au RC Strasbourg, un mois après l’épilogue joyeux que l’on connaît. Mais au-delà de la promotion en National, que faut-il vraiment retenir de la cuvée 2012/2013 ? C’est l’heure de dresser un bilan qui fâche, histoire de rappeler que la cigogne du RCS est encore assez loin des étoiles…

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6 avril 2013 : le derby contre Mulhouse se joue devant plus de 20 000 personnes à la Meinau. Malheureusement, le spectacle ne fut guère à la hauteur : 0-0 (Photo : Racingstub).

Dans la presse régionale et sur les forums, on s’est à mon goût trop gargarisé de cette promotion acquise sur le fil. C’était il y a à peine un mois. En s’imposant face à Raon-l’Etape 3-2, le Racing se hissait in extremis sur la première marche du podium de son groupe de CFA. Mission accomplie, mais non sans mal. A en croire le graphique évolutif de la saison, le RCS n’aura occupé la tête qu’au terme de deux journées, dont la dernière. La plus importante. Le bilan que j’ai concocté se veut volontairement grinçant afin de nuancer l’esprit bisounours ambiant et – autant l’assumer – chercher un peu la petite bête. Au football, tout se joue toujours sur des détails.

A tendance à se reposer sur ses lauriers

En 2012/2013, l’élève Racing aura été médiocre. Sur son bulletin, on pourrait lire quelque chose du genre : « Un potentiel supérieur à celui de ses camarades, mais un manque cruel de rigueur. A tendance à se reposer sur ses lauriers. Aurait pu se placer devant avec bien plus de marge et de panache. L’an prochain il faudra travailler davantage. ». Médiocre, et aussi chanceux, à en scruter le déroulé de la saison. Au soir de la déculottée 4-0 face à Moulins (le 10 avril), tout semblait galvaudé. Sauf qu’avec 6 victoires sur les 7 derniers matches, le Racing s’est finalement remotivé pour arracher sa montée. Sans éblouir outre mesure, mais faisant preuve d’un minimum d’efficacité. Il nous devait au moins cela.

Un court bilan comptable tend à accréditer la thèse du dénouement heureux. Avec 96 points et +18 de différence de buts, le RC Strasbourg est le champion le plus faible tous groupes de CFA confondus. Devancé par Luçon (groupe D, 97 points), Colomiers (groupe C, 99 points) et Dunkerque (groupe A, 103 points). Dans sa poule B, il se place en réalité ex-æquo avec Raon-l’Etape et Grenoble (si l’on zappe la pénalité de quatre points), mais est battu à la différence de buts tant par les Vosgiens (+22) que les Isérois (+33). Dans l’optique de la préparation qui s’annonce, les Racingmen devront se rappeler qu’ils ne sont passés que par un trou de souris et qu’il va falloir en conséquence donner un bon coup de collier.

Prestations trop rarement convaincantes

Tant du point de vue pécuniaire que de la qualité intrinsèque de son effectif, le Racing avait les moyens de bien mieux figurer. Contrairement à ce que je peux parfois lire, le niveau agonistique du groupe B de CFA n’avait rien de sensationnel. Du reste, aucun épouvantail n’a régné sur le championnat. Depuis les tribunes, je n’ai observé aucune équipe objectivement supérieure au RCS, hormis peut-être Moulins qui, le 10 avril dernier, semblait en état de grâce. A mon humble avis, le Racing est lui-même responsable de ses prestations trop rarement convaincantes. Oui, nous avions le potentiel pour écraser notre poule et ne pas à avoir à flipper jusqu’au bout. Si l’on ne considère que les six premiers du classement, le Racing arrive très largement en tête des confrontations directes. On peut donc en déduire un problème de régularité face aux « petites équipes », contre lesquelles on aurait souhaité plus d’envie et d’application.

Plusieurs joueurs n’ont pas été à la hauteur, notamment ceux dont on attendait beaucoup (Noro et Ledy par exemple). D’autres en revanche sont à créditer d’une bonne saison, en particulier les trois recrues du mercato hivernal : Gauclin, Sabo et Benedick. Je ne m’attarderai pas sur les performances individuelles. Ce qui m’importe le plus, c’est la personnalité collective de l’équipe, à savoir ce qu’elle suscite chez un public qui ne désire qu’une chose : s’identifier à elle. Et en l’espèce, j’ai eu du mal.

La manière compte

Théoriquement détenteur d’une feuille de route, l’entraîneur occupe la difficile fonction de chef d’orchestre. C’est à lui qu’incombe la responsabilité d’optimiser le potentiel mis à sa disposition. François Keller est le coach du Racing depuis l’été 2011 et, pour la deuxième fois consécutive, il est parvenu à faire monter le club en division supérieure. Ne lui retirons pas ce mérite. Deux promotions en deux ans, sur un CV, ça fait toujours bien. Pour autant, faut-il en conclure béatement que le frère de Marc est un génie ? Personnellement je ne crois pas.

Au-delà du verdict sportif, la manière compte. Le meilleur fond se perd sans la meilleure forme. Pour paraphraser le grand Zdenek Zeman, apôtre du foot offensif en Italie, il y a une part de hasard dans le résultat mais pas dans la prestation. Ceux qui me connaissent doivent se mettre à sourire car je suis pourtant loin d’aduler le beau jeu à tout prix. Par exemple, je voue un culte à la Grèce de 2004, qui contre toute attente remporta l’Euro, grâce à une stratégie ultra défensive. Lorsque l’on est le petit, la meilleure attaque ne peut être que la défense.

Une haute idée du RCS

Précisément, ce qui m’a ulcéré cette année, c’est que le RCS se comporte en outsider, en petit. Lorsque l’on est la capitale de l’Europe face aux Monceau, Yzeure et autres Sarre-Union, il est interdit d’être à ce point frileux et petit-bras. François Keller n’aura pas réussi à doter son équipe d’un caractère conquérant, sauf peut-être au cours du dernier acte. Son Racing a globalement mal joué et a souvent ennuyé son public. Tactiquement, le bloc-équipe était positionné trop bas et les lignes manquaient cruellement de mobilité. Par conséquent, le bilan offensif est peu flatteur : seulement 1,38 but inscrit par match, en moyenne. Finalement, François Keller n’aura fait qu’appliquer la philosophie de jeu française du « bien en place ». Pas original pour un sou et inefficace à haut niveau.

Paraît-il, le budget du club en National frôlera les 5 millions d’euros, ce qui nous place de facto parmi les favoris. Une troisième montée en trois ans ne serait pas un exploit (d’autres l’ont fait) et permettrait un retour rapide au sein du foot pro. J’ai une haute idée de ce que doit représenter le Racing Club de Strasbourg et j’espère ne pas être le seul. Le RCS ne doit plus se complaire dans la médiocrité, comme par le passé. Si le Racing veut à nouveau compter dans le paysage footballistique français (et pourquoi pas européen), il doit impérativement se reconstruire sur des bases solides et ambitieuses. Ce qui à mon sens suppose de rompre avec moult us et coutumes d’un football français à la dérive. Ceci, toutefois, est un autre débat.

A suivre : Bilan iconoclaste d’une saison de CFA, côté club.


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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