Chapitre I – Les OVNIS trash et choc du 7ème art. Spectaculaires, inédits, créatifs, ils rappellent que le cinéma est un art de subversion, de dénonciation, un véritable instrument d’ironie au sens socratique.
Les Nouveaux Sauvages, de Damián Szifron
Une série de sketches cruels, pervers, et complètement décalés pour dépeindre la sauvagerie du monde moderne. Décapant, unique, inoubliable.
The Lobster, de Yorgos Lanthimos
Glauque et tellement vrai, excessif et radical sur l’obsession de la société à imposer l’idéal du vivre en couple. Mais l’intérêt de ce film qui érige le «bête et méchant» en principe, réside surtout dans la mise en parallèle de cette critique de la pression sociale faite sur la vie de couple, avec les contradictions de tous ceux qui défendent le célibat comme un absolu -ou au moins comme un choix délibéré.
Birdman, de Alejandro González Iñárritu
Du grand cinéma sur ceux qui font du cinéma, dans la vie comme à l’écran. Créatif, inventif, original, subversif mais glorieux surtout. Un film spectacle qui se la joue ouvertement et assume sa prétention à un méta-regard sur ce qu’il construit progressivement et détruit tout aussi sec.
Mad Max – Fury Road, de Georges Miller
Jouissif, décalé, déjanté, explosif, déroutant, un peu répétitif mais délirant et tout simplement magnifique. Du très grand spectacle, plein d’humour et de cruauté.
Chapitre II – Ces objets précieux venus d’ailleurs pour percuter l’horizon du cinéma, des petits bijoux dont on n’a pas suffisamment entendu parler mais qui trouveront forcément des fins gourmets du grand écran pour les déguster avec plaisir
Une Belle Fin, de Uberto Pasolini
Une réalisation italo-britannique unique, profonde et poétique sur la solitude et la mort comme événement éminemment social. Une mise en scène de ces moments a priori très singuliers alors qu’ils deviennent les révélateurs de notre dépendance aux affects suggérés par le collectif.
Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
Ce premier long métrage de la réalisatrice turque, nous arrive avec le parfum à la fois tendre et glaçant d’une enfance sous l’égide des mariages arrangés. Sensuel, joyeux et tragique à la fois. Une pépite savoureuse au goût d’Istanbul.
Knight of Cups, de Terrence Malick
En Amérique on n’a pas peur d’allier cinéma et métaphysique, voire mystique. Malick-Le-Mystérieux revisite sa vie comme on choisit parfois de la lire à partir des cartes d’un jeu de Tarot. Subjuguant.
Ixcanul, de Jayro Bustamante
Des paysans guatémaltèques embarqués dans toute la magie qu’ils mêlent à leur destin. Un drame sans spectacle, des hommes et des femmes qui nous parlent depuis leurs croyances, leurs espoirs et le cadre naturel grandiose et inquiétant qui finit par les enfermer.
L’Idiot !, de Yuri Bykov
La fissure d’un immeuble haut de huit étages comme métaphore de la corruption rampante en Russie. La menace d’écroulement de tout un édifice pour dire le prix que paient les populations défavorisées dans le système politique et économique de Poutine. Un film sobre et puissant qui met en exergue le pouvoir de la misère sur la déconstruction de l’humain.
Coming Home, de Zhang Yimou
Les traumatismes de la révolution culturelle chinoise ne sont pas que sociaux, ils sont aussi personnels et affectifs. Des vies entière ont été brisées par l’injustice de ces programmes de «liberté forcée»… Un fable sur l’oubli et sur l’impossibilité d’effacer ce que l’histoire a détruit.
A Girl walks home alone at night, de Anna Lily Amirpour
Un film iranien fantastique avec un(e) vampire qui circule en burka sur un skateboard. Une histoire d’épouvante sans peur ni tension, avec pour seule « frayeur » la beauté saisissantes des images. Un opus très étrange où les mots sont rares; le dialogue se fait dans le métissage des cultures, des époques et des caractères.
Phoenix, de Christian Petzold
C’est l’histoire d’une femme juive et allemande qui sort des camps de concentration et réintègre ce pays qui a condamné son peuple à mort. Elle tente de renaître de ses cendres dans le regard de son mari qui refuse de la reconnaître. Pas suffisamment réaliste mais très troublant, et exceptionnel de bout en bout malgré tout.
Chapitre III – Des très bons moments du cinéma français, à voir ou à revoir en famille
Nous trois ou rien, de Kheiron
Un récit poétique, intense, drôle et émouvant sur l’immigration et l’intégration d’une famille Iranienne en banlieue parisienne. « Bref », beaucoup plus que des sketches de Kheiron: une autobiographie très originale en mode cinéma d’auteur.
Les Cowboys, de Thomas Bidegain
Un des plus grands scénaristes français passe derrière la caméra pour nous préparer à un monde où les systèmes de valeurs sont radicalement remis en question. A partir du récit d’une famille sans histoires dont la fille part pour le Jihad, Bidegain trace les lignes du bouleversement des rapports intergénérationnels et de la confiance que nous avons en la société.
Microbe et Gasoil, de Michel Gondry
Un road-movie de teenagers en décor de carton-pâte comme seul Gondry pouvait nous le mettre en scène. Un univers fantastique, drôle et pétillant, pour dire nos vies dans ce qu’elles cherchent à conserver de l’enfance. Un régal, un rafraichissement !
Chapitre IV – Ces français qui aiment à conjuguer l’amour et le cinéma à tous les temps. Ils nous étonnent encore, nous charment et nous font vibrer
Trois souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Deplechin
Une plongée proustienne dans ce moi sensible, quand il cherche à se saisir pour dire ce qui fait que l’on souffre, que l’on s’arme de courage, que l’on devient capable de défendre des causes, et puis d’aimer. La dernière étape étant la plus complexe, car elle aspire à l’impossible: exprimer l’ineffable et mettre fin à toutes les contradictions insolvables. Romanesque et profondément romantique.
L’Astragale, de Brigitte Sy
Un magnifique film en noir et blanc tourné en version d’époque, sur la passion dévorante de cette évadée de prison pour son sauveur. Un véritable bijou du cinéma de cette année, basé sur l’autobiographie de Albertine Sarazin. Très esthétique et poignant.
A trois on y va, de Jérôme Bonnel
Quand les relations multiples révèlent l’homosexualité qui sous-tend certaines formes de l’amour, et réciproquement. Un triangulaire profondément sensible, pleine de charme, de sensualité et de douceur. Quelque chose d’onirique devient magique.
L’ombre des femmes, de Philippe Garel
L’amour, le désamour et la jalousie dans une version très assumée où les hommes et les femmes s’opposent assez schématiquement dans leurs genres respectifs. Des images précises et très soignées, par un spécialiste de la question du désir.
Mon amie Victoria, de Jean-Paul Civervrac
L’amour n’est pas aveugle, il regarde la couleur et la condition sociale de l’être aimé avant de lui vouer une passion ou de lui sacrifier ses privilèges. Un drame juste et authentique; un grand moment de vérité et d’émotion.
Chapitre V – Ces témoignages aussi beaux que tragiques et terrifiants. Ils sont ce que nous sommes, qu’ils appartiennent au présent ou même au passé. Des moments très forts, âmes sensibles s’abstenir.
Le Fils de Saul, de Laszlo Nemes
Le premier film sur la Shoa au sens strict de processus d’extermination. Des séquences à couper le souffle pour un presque-documentaire inédit sur les Commandos de la Mort, les SonnderKomandos. Une reconstitution très réaliste qui reste essentiellement dans le hors-champs, un témoignage d’une pudeur exceptionnelle.
Crosswind – La croisée des vents, de Martti Helde
Un objet cinématographique rare et précieux sur les populations envoyées au Goulag à partir d’Estonie. Une prouesse photographique au service de la mémoire de toutes ces personnes que l’on a tenté d’effacer de l’histoire.
Much Loved, de Nabil Ayouch
Une dénonciation courageuse et éprouvante. Un aperçu rude et réaliste mais aussi plein de vie et de tendresse sur la misère et la résignation des prostituées arabes. Une ode à celles que tout le monde fustige sans vergogne et dont chacun profite impunément.
Elser – Un Héros ordinaire, de Olivier Hirschbiegel
Peut-on imaginer la réécriture de l’histoire si l’attentat destiné à tuer Hitler, préparé par Elser Georg avait réussi ? Certainement pas, mais l’on souffre davantage à l’idée de ce qui n’a pu être évité malgré le dévouement sans limite de ces héros en apparence très ordinaires.
Chapitre VI – Ce «foutage de gueule» que certains voudraient ériger en cinéma d’art et d’essai
Jauja, de Lisandro Alonso
La Nina de Fuego, de Carlos Vermut
Le Dos Rouge, de Bertrand Bonello
Taxi Téhéran, de Jafar Panahi
À la Folie, de Wang Bing
Chapitre VII – Ces fictions basées sur des histoires vraies, qui ont marqué nos mémoires pour toujours
Imitation Game, de Morten Tyldum
Quand les enjeux politiques se mêlent aux découvertes scientifiques, l’Histoire fait des pas de géant… Mais la vie d’Alan Turing nous rappelle que les valeurs morales sont à géométrie variable, et qu’elles dépendent surtout des intérêts qui les gouvernent. Instructif et percutant.
American Sniper, de Clint Eastwood
L’Amérique magnifiée et/ou ridiculisée par l’histoire de ce Sniper qui s’exécutait à la façon de tous ces soldats qui se dévouent « sans réserve » à leur nation. La plupart d’entre eux évitent de prendre parti et n’envisagent même pas de saisir les enjeux des conflits auxquels ils participent. Un film de guerre passionnant et haletant.
Le Labyrinthe du silence, de Guillio Ricciarrelli
L’histoire du procès de Munich qui eut lieu en 1963, presque 20 ans après la fermeture des camps d’extermination. Moment inouï où l’Allemagne accepte de se faire elle-même le juge de son passé. Un récit à peine croyable, un témoignage remarquable sur la façon dont s’écrit l’histoire «des perdants».
Invicible, de Angelina Jolie-Pitt
Un champion olympique, un homme à la dérive plusieurs semaines sur l’océan, un soldat dévoué à sa patrie qui affronte la haine et la torture de l’ennemi… Certains hommes traversent en une seule vie ce qui demande plusieurs décennies à comprendre et à digérer. Invincible, mais surtout inimaginable mais vrai.
La Femme au Tableau, de Simon Curtis
Pour les amoureux d’art, et les passionnés de cette partie de l’histoire qui se construit à partir de grands procès, ce film est un témoignage aussi précieux qu’un Klimt… Une histoire singulière qui prend très vite une dimension universelle. Une leçon de vie et d’optimisme de la part de tous ceux qui se sont obstinés à reconstruire sur les décombres.
Chapitre VIII – Les films que l’on attendait mais qu’on oubliera très vite
Big Eyes, de Tim Burton
Into de Woods – Promenons-nous dans les bois, de Bob Marshall
Réalité, de Quentin Dupieux
Lost River, de Ryan Gosling
007 Spectre, de Sam Mendès
Vue sur Mer, de Angelina Jolie-Pitt
Mia Madre, de Nanni Moretti
Très belles fêtes de fin d’année, et à très bientôt pour partager encore et plus avec vous notre passion-cinéma.
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