Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Un an après, le bilan de notre supplément pour abonnés

Notre supplément réservé aux abonnés de Rue89 Strasbourg souffle sa première bougie. Voici nos enseignements un an après.

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Non, Rue89 Strasbourg n’est pas « devenu payant » ! C’est une « fake news », pourrait-on dire. La preuve, cet article est lisible par tous et toutes. Et c’est le cas d’environ 80% des productions de notre média strasbourgeois vieux… de six ans !

Mais depuis un an, nous proposons bien un supplément, ou « version augmentée », réservé aux abonnés, après 5 ans de gratuité totale. Comme la plupart des médias numériques privés, nous faisons le constat que l’information de qualité ne peut pas dépendre uniquement de la publicité en ligne, qui stagne, et du nombre de clics.

Ne pas être dépendant des réseaux sociaux

C’est aussi une manière de ne pas faire la course aux désirs des réseaux sociaux contre quelques euros, en particulier ceux de Facebook, et en dépit de ce que souhaite une rédaction. Lorsque Facebook change ses règles, les médias archi-dépendants doivent s’adapter. Le réseau social de Mark Zuckerberg a par exemple financé de nombreuses vidéos en direct par les médias, avant de laisser tomber. Ces derniers ont aussi vite arrêté ces émissions. Nous ne voulons pas rentrer dans cette dépendance infernale.

En quelques mois, le nouvel algorithme a déjà fait sa première victime, Little Things et sa centaine de salariés, aux États-Unis, qui a perdu 75% de son trafic. Nous misons sur un public fidèle, qui peut retrouver nos informations sur notre site en s’y rendant ou en demandant à voir nos articles en priorité.

Nous avons fait le choix d’une offre à prix mini (5 euros par mois ou 50€ par an), et sans engagement, telles les plateformes Netflix, Spotify, Deezer ou des chaînes comme Bein Sport. L’idée est aussi de garder les principales informations en accès libre, pour que l’information circule et ne soit pas l’apanage d’un petit cercle de personnes abonnées et très informées.

Beaucoup de gratuit et un peu de payant

Ainsi, nos révélations sur le Bastion social, les burn out et départs en série à Strasbourg-Événements, le centre de primatologie à Niederhausbergen ont été maintenues en accès gratuit, même si elles auraient sûrement déclenchées quelques abonnements supplémentaires.

L’édition abonnés propose des informations à valeur ajoutée, souvent en amont des événements. Il s’agit souvent de projets en discussions, d’analyses, de compléments d’enquête ou d’informations sur les acteurs publics. Des informations que nous avions parfois sous le coude, mais que nous ne traitions pas, car nous ne les estimions pas toujours « grand public » et susceptibles d’être annoncées plus tard.

Un an de petits scoops

Mais pour autant, on se rendait compte qu’il y a tout de même des gens que cela intéresse. Des informations précises, ciblées, en primeur, pour lesquelles des personnes sont prêtes à payer au niveau local, davantage que pour des longs reportages, enquêtes ou portraits.

L’édition abonnés a ainsi par exemple permis de connaitre le futur sponsor de l’Arena de la Sig, le projet d’extension du centre commercial Rivétoile, les idées de Frédéric Bierry pour refaire une Région Alsace, la vision de Robert Herrmann sur le partage entre mairie de Strasbourg et présidence de l’Eurométropole ou ses engagements pour la transition énergétique, le projet de congélateur contre les punaises de lit, celui sur un salle de réalité virtuelle, les dates du marché de Noël ou des élections à Schiltigheim avant tout le monde, la liquidation de Schutzenberger SAS, les changements de directeurs pour le Semia ou la forum européen de bioéthique, etc. (Ces articles sont temporairement en accès libre en cliquant sur les mots soulignés).

Nous essayons notamment de rythmer la publication avec une analyse politique le samedi.

Du travail et des revenus supplémentaires

Ainsi, les internautes qui nous font remarquer qu’ils avaient participé à notre crowdfunding il y a trois ans – qu’ils se voient ici une nouvelle fois remerciés – pour garder Rue89 Strasbourg gratuit n’ont été privés d’aucun article. Tous les jours à 6h, a minima en semaine, un article au moins est publié en accès gratuit, comme par le passé. Pour n’en manquer aucun, il suffit de s’abonner à notre newsletter gratuite. Des revenus réguliers, même moindres, sont plus durables pour nous que 36 000 euros tous les trois ans. Paradoxalement, une campagne de financement a aussi un coût.

Nous n’aurions pas produit ces 138 articles si nous étions restés dans une version entièrement gratuite. C’est néanmoins un travail supplémentaire pour notre petite rédaction. Car avoir une information ou une réflexion dans un coin de sa tête, n’est pas la même chose que la confirmer et de l’écrire. Il y a aussi tout un travail au contact de sources à entretenir, plus intense que par la passé, qui prend du temps. Plus que ce que nous l’avions imaginé au lancement.

L’édition abonnés de Rue89 Strasbourg a un an et progresse (Photo Pascal Bastien)

Rappelons que Rue89 Strasbourg est une société strasbourgeoise qui n’appartient qu’à ses fondateurs, indépendant du site Rue89 et du groupe L’Obs, devenu propriété du groupe Le Monde. Elle ne doit compter que sur elle-même pour trouver des ressources. Les abonnements en font désormais partie dans ce fragile équilibre.

Plus de 350 abonnés

Comme notre domaine de spécialité sont les politiques locales, il y a naturellement un tropisme vers les informations politiques, côté coulisses. En ce moment, les plus fidèles lecteurs ont remarqué d’intenses actualités du côté de Schiltigheim et ses élections anticipées. Mais comme pour notre version gratuite, nous ne nous interdisons aucun domaine, selon les infos dont nous disposons. Nous avons ainsi parlé de géothermie à Reichstett, de l’extension de Blue Paper, des centaines de milliers d’euros débloqués pour garder une école d’ingénieurs à Strasbourg, des problèmes de financement des illuminations de Noël Grand’Rue ou d’un certificat médical d’impossibilité à dormir dehors (sic!) demandé aux sans-abri, afin de ne pas les laisser à la rue.

Ce jeudi 1er mars, plus de 350 abonnés ont un compte actif. D’autres se sont aussi inscrits quelques mois avant d’arrêter. Difficile de dire combien de personnes ces articles touchent. En cliquant sur les boutons de partage en haut de l’article, il est possible d’en faire profiter ses amis Facebook et followers Twitter, même s’ils ne sont pas abonnés à Rue89 Strasbourg.

Les boutons de partage SUR l’article vers les réseaux sociaux permettent d’en faire profiter ses contacts non-abonné des articles payants. Un simple copié/collé du lien ne suffit pas.
Ou en bas d’article, ce qui inclut l’envoi d’un lien par email.

Une abonnée fait profiter ses contacts d’un article :

Une équipe étoffée

Et puis bien sûr, des comptes sont partagés par plusieurs utilisateurs (3 appareils par adresse email), d’autres usent du copié-collé, des captures d’écran et impressions, ce qui est inhérent à l’économie de tous les médias, en presse imprimée comme numérique. Nous avons parfois été surpris d’avoir davantage de retours sur nos articles réservés à quelques centaines d’abonnés, que ceux accessibles par tous.

Ces revenus supplémentaires ont permis de financer en partie le recrutement d’un troisième journaliste en novembre, Guillaume Krempp, qui suit une formation en alternance au centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris. En plus des deux journalistes à plein temps, le directeur Pierre France et moi-même, nous nous appuyons toujours sur un réseau de pigistes comme Claire Gandanger, Déborah Liss, Céline Schoen, Morgane Milesi, Mathilde Cornu, Fabien Nouvène ou plus récemment Nathalie Stey, sans oublier nos blogueurs ou notre dessinateur Pierre Pauma.

Des articles ? Une contrepartie logique à un soutien

Nous avions par le passé une centaine de donateurs et nous trouvons normal qu’ils aient le droit à une contrepartie pour leur soutien financier. Et plutôt que d’envoyer des T-shirt, tasses, pin’s ou télévisions, quoi de mieux que leur proposer ce que nous faisons le mieux, à savoir des informations ? L’édition abonnés a l’avantage d’aller au-delà de ce premier cercle de soutiens. Nous enregistrons de nouveaux abonnés toutes les semaines.

Ces différents éléments nous laissent penser que cette formule est appropriée à nos moyens humains, comme à nos lecteurs. Nous sommes néanmoins toujours à l’écoute d’évolution sur le fond comme sur la forme. Notre objectif reste d’atteindre les 1 000 abonnés, soit environ 10% de notre audience quotidienne, ce qui permettrait de recruter un journaliste à plein temps et de mieux rémunérer les pigistes. Les 1 an représentent un cap important car beaucoup de personnes se sont abonnées pour un an dès le lancement.

Et ce ne serait pas de trop, nous avons eu plein d’idées d’articles suite à notre opération « quartiers connectés » débutée en janvier à La Laiterie, l’Elsau et Hautepierre. Des articles à destination de notre édition gratuite.

Mais vous, abonné ou non, qu’aimeriez vous voir dans ce supplément ? Laissez votre avis en commentaire, nous y répondrons.


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