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Bilan 2008-2014 : ce que la gauche a fait avec nos impôts

Ce lundi, le conseil municipal de Strasbourg votera le budget 2014, dernier de la mandature de Roland Ries. La communauté urbaine fera de même vendredi. Les chiffres pleuvent côtés majorité et opposition, qui pour se féliciter de sa bonne gestion et de ses investissements, qui pour brocarder l’augmentation de la dette publique et des taxes. Or, ce que disent les budgets, ce sont les choix politiques. Ce que la gauche a fait avec nos impôts pendant 6 ans.

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Robert Herrmann, 1er adjoint, Roland Ries, maire sortant, Alain Fontanel, adjoint aux finances (Photo Pascal Bastien)

Malgré les cris d’orfraie de l’opposition municipale, ceux de Fabienne Keller (UMP) en tête, les finances de la ville de Strasbourg et de la communauté urbaine (CUS) se portent plutôt bien. Pas de scoop, la municipalité socialiste et surtout l’adjoint au maire et vice-président de la CUS en charges de finances, Alain Fontanel, énarque passé par la Cour des comptes, n’ont pas fait de folies avec l’argent des contribuables.

« Dynamique des dépenses difficilement tenable »

Dans son « bilan de santé » des comptes strasbourgeois, l’Institut Montaigne estime que « la situation financière de la ville de Strasbourg est globalement saine, notamment au regard de son faible niveau d’endettement et de sa fiscalité maîtrisée (…). Sa dette par habitant (443€) s’établit à un niveau plus de 2 fois inférieur à celui des grandes villes françaises comparables (…). Elle n’a pas augmenté ses taux d’imposition depuis 2008 et a récemment engagé des efforts pour stabiliser ses dépenses de fonctionnement, notamment de personnels ».

Néanmoins, comme l’opposition municipale, l’Institut souligne que cette bonne santé est la conséquences de ventes extraordinaires (nous en parlions le mois dernier à l’occasion des débats d’orientations budgétaires), qu’elle pourrait être altérée par la baisse continue des dotations de l’Etat ou par la remontée des taux d’intérêts sur les emprunts contractés. Enfin, l’Institut souligne que « la dynamique des dépenses de la CUS, étroitement imbriquée avec la ville, est difficilement tenable sur le long terme. L’augmentation très importante des investissements réalisés à la CUS depuis 2008 a été rendue possible par une hausse de près de 50% de son endettement (qui reste modéré par rapport aux grandes intercommunalités françaises) et une augmentation sur la fiscalité des ménages ».

Ville et CUS, près de 2 milliards d’euros de budget en 2014

Pas d’augmentations d’impôts (locaux et fonciers) à la Ville entre 2008 et 2014, une augmentation légère (qui a touché les particuliers et les entreprises) à la CUS et un endettement qui a beaucoup progressé, notamment à la CUS. On jongle là avec des sommes importantes, puisque le budget primitif (prévisionnel) de Strasbourg pour 2014 est de 518,6 millions d’euros et celui de la CUS de 1,4… milliards d’euros (transports, assainissement, aménagement compris) !

A quoi sert cet argent ? D’abord au « fonctionnement » des collectivités (Ville, 362M€ en 2014, CUS, 914,3M€). Dans le fonctionnement, on trouve en premier lieu le personnel (environ 8000 agents administratifs, dans les écoles, les bibliothèques, les musées, etc.), mais également les charges (énergie, matériel, immobilier…), les subventions et les intérêts de la dette. Ensuite aux investissements (156,6M€ pour la ville en 2014, 494M€ pour la CUS en 2014). C’est principalement à travers ces investissements que l’on peut lire les choix politiques d’une équipe.

Les investissements focalisés sur la vie quotidienne

Pendant le mandat de Roland Ries, l’accent a été mis sur la vie quotidienne des habitants. Dans cette optique, c’est sur l’éducation et la petite enfance, la vie associative (culture, sport) et l’action sociale que l’accent a été mis. En matière d’investissements, les rénovations d’écoles et de piscines, la création de restaurants scolaires, la construction de 5 maisons de la petite enfance (Neuhof et Robertsau livrées en mars 2014, Port-du-Rhin et Montagne Verte en avril, Kœnigshoffen en septembre) et de gymnases sont emblématiques.

En parallèle, les collectivités ont participé aux financements de nouveaux logements sociaux, aux extensions de lignes de tram et à la création du BHNS, à l’aménagement de l’espace public et aux rénovations de places et voiries (la Magistrale piétonne et les pistes cyclables) à Strasbourg et dans quelques-unes des 27 autres communes de la CUS. Quelques actions favorables à la nature et à notre environnement ont été initiées : aides à l’installation de plusieurs éleveurs et maraîchers sur le territoire de la CUS, intégration de la biodiversité dans les divers projets urbains, créations d’écoquartiers et recherches de solutions alternatives aux énergies fossiles (notamment les réseaux de chaleur ou la géothermie profonde).

« Pressoir fiscal » et envol de la dette

En matière de développement économique, des opérations touristiques (marché de Noël ou saint Valentin) ont été maintenues ou créées, une zone d’activité est en projet à Fegersheim, des incubateurs d’entreprises ont vu le jour, la recherche et l’université ont été intégrées à l’action publique, notamment via des projets de relocalisation (Manufacture, Hôpital civil…), le Port autonome a été chouchouté. Liste non-exhaustive.

Parce que ces choix sont éminemment politiques et que les priorités divergent (en tout cas, à la marge…) entre droite et gauche de l’échiquier politique, l’opposition menée par Fabienne Keller, à la Ville comme à la CUS, tapent aujourd’hui allègrement sur ces orientations. Pour l’ancienne maire de Strasbourg et ses soutiens, rien ne va plus. C’est avant tout « le pressoir fiscal » et la hausse de la dette (+ 69% à la ville entre 2008 et 2014, assure Martine Calderoli-Lotz, +231% à la CUS sur la même période) qui sont vilipendés.

Etudes « inutiles » et cabinet pléthorique

S’y ajoutent l’augmentation des frais de cabinet (les conseillers du maire), + 108% par rapport à la mandature précédente, la décision nationale d’augmenter le quota de logements sociaux de 20 à 25% dans toutes les communes, le retard pris sur le dossier GCO, l’envol des dépenses de personnels de la collectivité, la hausse des tarifs des piscines et de la CTS, les études « inutiles » commandées en externe sur le tram D, la Manufacture, l’aménagement du secteur Deux-Rives, etc. ou les dépenses de communication « cachées dans les lignes budgétaires de tous les services ».

La candidate UMP promet un audit des finances des collectivités en cas de victoire en 2014, ainsi qu’une stabilité fiscale et une réduction des coûts de fonctionnement (postes de fonctionnaires ?) pour le prochain mandat en cas de victoire. Ce que la sénatrice du Bas-Rhin ne financera pas ? Le PEX ? La requalification de l’A35 en boulevard urbain ? « On ne peut encore rien dire là-dessus. »


#Alain Fontanel

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