Plus qu’un salon du livre alignant les stands de dédicaces, les Bibliothèques idéales sont un moment festif et pluridisciplinaire. À partir du jeudi 5 septembre 2019, le public strasbourgeois peut assister à des lectures, concerts, spectacles et conférences sur les arts et les lettres. La littérature au-delà du livre, c’est tout l’esprit de ce festival qui anime la rentrée strasbourgeoise depuis 2006.
Installé principalement à l’Opéra national du Rhin (ONR) du 5 au 8 septembre puis à la Cité de la Musique et de la Danse (CMD) du 9 au 15 septembre, le festival sollicité d’autres lieux dont le Palais de la musique et des congrès, la Bibliothèque nationale universitaire ou encore la terrasse du Palais Rohan. Des événements sont également prévus dans les médiathèques de l’Eurométropole, où des bibliothécaires accompagnés de musiciens et de comédiens arpenteront Strasbourg pour délivrer des textes aux arrêts de tramway…
Dix jours pour croiser les arts et les esprits
Loin du silence rigoureux observé dans les bibliothèques, le festival fera du bruit, avec des concerts à l’ONR célébrant Jacques Brel (le 5 septembre) ou Charles Aznavour (le 8 septembre), des lectures musicales et des arrangements. Les chanteurs et compositeurs se mêlent aux philosophes et aux écrivains. Le 15 septembre à la CMD, Isabelle Durin & Michaël Ertzscheid revisiteront au piano et au violoncelle les mélodies de grands films. Les images se mêleront aussi à la musique avec la venue du réalisateur Tony Gatlif le 13 septembre pour une soirée de musique tzigane et de cinéma.
La danse sera aussi de la partie avec Hip-Hop’era, une rencontre entre l’Illusion Crew (groupe de breakdance local) et les danseurs du Ballet national du Rhin, le 6 septembre à l’ONR. Cet événement, qui rassemble des cultures pourtant séparées par tout un univers social, est l’occasion d’un enrichissement artistique. Sur les musiques arrangées par DJ Timal, mixant les influences du lyrique et du hip-hop, les danseurs présenteront le fruit de leurs influences mutuelles. L’événement sera suivi par l’Acoustique Experience du rappeur et poète Youssoupha, l’adaptation pour un cadre intimiste de son album Polaroïd Experience.
La musique allant de concert avec la poésie, il est normal que les poètes strasbourgeois soient de la partie. Très attendu, le chanteur et auteur Abd Al Malik viendra le 8 septembre à l’ONR parler de la jeunesse française des banlieues et de son rapport à la culture. Un propos d’autant plus fort dans ce cadre que le rappeur a grandi dans une cité du Neuhof. Le mercredi 11 septembre il sera temps de célébrer le génie des poètes alsaciens, avec une longue soirée consacrée à Claude Vigée, Hans Jean Arp et Tomi Ungerer.
Des rayonnages politiques et sociaux
Le festival s’inscrit dans l’actualité. La littérature ne doit pas être un simple divertissement hors-sol : elle existe au sein de la société dont elle transmet les tendances, les inquiétudes et les transformations. Dans le contexte politique international troublé, dans la capitale européenne, il faudra donc réfléchir à la situation du monde.
Le dimanche 15 septembre à la CMD, Raphaël Glucksmann, député européen, débattra sur ces sujets avec Raphaël Enthoven, philosophe, puis avec la journaliste Sophia Mabrouk. Le même jour cinq philosophes (Adèle van Reeth, Raphaël Enthoven, Dorian Astor, Michaël Foessel & Nicolas Léger) discuteront la phrase de Françoise Sagan qui sert de devise à cette édition : « La littérature m’a toujours donné cette impression qu’il y avait un incendie quelque part, et qu’il me fallait l’éteindre. »
Le 11 septembre verra aussi une intervention de Françoise Nyssen, qui reviendra sur son expérience en tant que ministre de la Culture (de mai 2017 à juin 2018). L’éditrice est attendue sur la place de la culture dans ce gouvernement. Le 12 septembre, ce sera Jean-Pierre Dupuy qui interrogera la peur du nucléaire militaire et les risques qui planent toujours depuis la guerre froide. Ces rencontres illustrent la nécessité de développer la philosophie au sein du champ politique, et permettront aux Strasbourgeois de se saisir de ces sujets.
D’ordinaire, une bibliothèque idéale est supposée regrouper l’essentiel de la littérature, sa substantifique moelle. Un objectif forcément utopique, que le festival souligne par le pluriel : les Bibliothèques idéales sont cette tentative sans cesse renouvelée de constituer l’anthologie grandiose de l’esprit humain. Le croisement constant des arts, des influences et des esthétiques fait de ce festival le grand marqueur de la rentrée culturelle strasbourgeoise.
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