Dans l’environnement ultra-corseté qui est devenu le nôtre, où des lois d’exception sont votées pour autoriser la reconnaissance faciale automatique sur les images de vidéosurveillance, où des journalistes sont placés en garde à vue parce qu’ils couvrent des manifestations écologistes ou révèlent des scandales d’État, où des manifestations contre le gouvernement sont interdites avant même d’avoir été annoncées, organiser un événement appelé « La Révolution en nous », avec un poing levé sur l’affiche, relève presque du défi.
Le festival est prévu du 3 au 5 novembre, à la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg. Bon, les autorités peuvent cesser de paniquer. L’un des premiers invités à parler des révolutions sera Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron (2017-2020) surtout connu pour avoir réprimé par la violence la révolution, bien réelle elle, des Gilets jaunes. En campagne pour devenir président de la République, Édouard Philippe présentera son livre (Des lieux qui disent, JC Lattès), un programme de droite mais présenté comme non-partisan, basé sur l’affirmation de l’école et de l’élitisme et des principes républicains. Ce mix consensuel peut encore fonctionner auprès des foules apparemment, même quand on a été le chef du gouvernement où l’Éducation nationale était confiée à Jean-Michel Blanquer.
L’engagement de la littérature en question
Fort heureusement, ce week-end organisé par les Bibliothèques idéales, dont les concepts d’échanges libres devant un public sont repris, reçoit d’autres personnalités peut-être un poil plus révolutionnaires, au moins dans leurs idées. Ainsi samedi 4 novembre, deux auteurs (Jean-Hugues Oppel et Jeanne Desaubry) d’un collectif de 68 appellent, par la littérature, à « imaginer un autre futur, refonder une collectivité, une communauté basée sur l’interdépendance et le respect ». Vendredi 3 novembre, un bref moment d’espoir après la Grande guerre est qualifié de « révolution oubliée » et proposé à l’étude in-situ.
Côté révolution nécessaire face au réchauffement climatique, il faudra se satisfaire d’Hugo Clément. Enfant chéri des talk-shows, le journaliste a créé son propre média en 2022, presqu’entièrement dédié aux informations sur les crises environnementales et proposant des moyens pour s’impliquer. Si l’engagement d’Hugo Clément reste un sujet de débat, son impact sur les jeunes qui le suivent par centaines de milliers sur les réseaux sociaux, est bien réel. Suffisamment pour en faire un révolutionnaire ? Il faudra vérifier sur place.
Concerts et rencontres artistiques
Citons également la venue d’Edwy Plenel, dimanche 5 novembre à 16h, qui viendra parler de révolutionnaires tutélaires, des figures qui ont tenu bon contre les vents de leur époque comme Charles Péguy, Émile Zola, Jean de La Fontaine, Léon Trotsky, Rosa Luxemburg… évoquées dans son dernier ouvrage (Se tenir droit, Seuil).
Le festival propose en outre une série de concerts, lectures et rencontres plus festives. Comme par exemple une soirée autour de « la révolution du désir, du plaisir et de la liberté des corps », avec Abigaïl Auperin, Maïa Mazaurette, Alexandra Cismondi, Nicole Mersey Ortega et Laure Giappiconi, samedi 4 novembre à 20h, suivie du spectacle Mujeres Arañas, qui revient sur les menaces contre l’avortement.
Signalons également l’instant de samedi à 14h autour de l’Affiche Rouge de 1944, où des résistants étaient présentés comme des terroristes par les nazis. Des textes de Louis Aragon, des chansons de Léo Ferré et la présence de Didier Daenninckx seront aptes à réchauffer le cœur de tout révolutionnaire.
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