La bataille du siège semble s’éterniser. Catherine Trautmann rappela à la tribune que le discours des anti-Strasbourg « se répétait depuis plus de 20 ans ». L’AEJE avait par ailleurs déjà publié un premier rapport en février 2012 sur le sujet, unanimement salué mais resté relativement méconnu du grand public.
Dès lors, pourquoi un nouveau rapport sur le siège, seulement deux ans après le premier ? Les élections européennes de Mai sont à l’origine de cette décision. Afin de lutter contre l’euroscepticisme grandissant et « la démagogie populiste », M.Loeb et ses soutiens ont estimé nécessaire la publication de ce second rapport, intitulé « Le siège dans tous ses États, deux ans après… Pour en finir avec la controverse sur le Parlement européen à Strasbourg. »
Les apports du nouveau rapport
Très accessible dans sa synthèse en neuf fiches, le rapport de l’AEJE actualise les données mobilisées deux ans auparavant et recueillies auprès du secrétariat général du Parlement. Strasbourg coûte 51,5 millions d’euros par an et non pas 200 millions, somme invoquée par le lobby anti-Strasbourg Single Seat. L’AEJE résume ainsi le coût dérisoire du Parlement strasbourgeois pour le citoyen européen :
Le Parlement européen confirme coût siège #Strasbourg de notre rapport "le siège dans tous ses États" : 51,5 millions €, 10 cents/citoyen/an
— Rapport AEJE (@Rapport_AEJE) 24 Février 2014
Concernant le coût environnemental, Strasbourg s’avère être un élève modèle. En effet, le Parlement strasbourgeois a dégagé 3 292 tonnes de CO2 en 2012, soit une baisse de 66 % depuis 2006. Il est même le plus écologique des lieux de travail du Parlement ! N’en déplaise à Daniel Cohn-Bendit qui s’emportait contre une empreinte carbone imaginée à « plus de 15 000 tonnes de CO2» par les anti-Strasbourg…
Ce que nous apprend ce second rapport, c’est que la concentration du Parlement européen à Bruxelles entraînerait un coût chiffré à 1,2 milliard d’euros. Le remboursement serait bien sûr à la charge du contribuable européen. Celui-là même qu’Edward McMillan-Scott, le chef de file des anti-Strasbourg (furtivement aperçu dans la salle), essaie de convaincre pour éviter des dépenses inutiles …
La pétition anti-Strasbourg de 2006, une « mascarade »
Les anti-Strasbourg ont justifié leur action par une initiative citoyenne de 2006. Ils se targuaient d’un succès populaire ayant recueilli 1,2 million de signatures. Or, l’enquête menée auprès de la Commission des Pétitions par le député européen Philippe Boulland (PPE) a montré que seulement 996 264 signataires étaient recensés. Les chiffres avancés par les anti-Strasbourg sont là encore « baroques et fantasques » comme le disait Nathalie Griesbeck.
Pire, seule la signature de la députée européenne Cécilia Malström est valide ! Elle est en effet l’unique signataire à mentionner nom, nationalité et domicile professionnel, les trois critères exigés par le règlement du Parlement. Et n’oublions pas certaines adresses mails apparaissant à plusieurs reprises pour des signataires de pays différents … Cette initiative citoyenne, non recevable juridiquement, n’est donc qu’une vaste « mascarade » selon le rapport.
Plaidoyer pour l’Europe de Strasbourg, l’Europe démocratique
La conférence s’est rapidement transformée en plaidoyer pour « l’Europe démocratique, l’Europe de Strasbourg », selon la formule de Sandrine Bélier (Verts). Catherine Trautmann a parlé de « Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande et de la paix » mais aussi « symbole de la légitimité démocratique ». Cristian Preda (eurodéputé roumain du PPE) et Csaba Tabajdi (eurodéputé hongrois socialiste) ont salué l’importance historique de Strasbourg, le message d’espoir que la ville représentait dans l’histoire de la construction européenne.
Ces éloges ont servi d’introduction à une idée partagée par plusieurs eurodéputés présents : si une ville doit un jour accueillir le siège unique du Parlement européen, c’est bien Strasbourg ! Néanmoins, ils ne sont pas prêts à ouvrir la boîte de Pandore et à rediscuter les traités. Il ne faudrait pas provoquer un nouvel incendie dans la maison européenne alors qu’on vient d’en éteindre un …
L’appel aux médias pour rétablir la vérité
Les contre-vérités des anti-Strasbourg sont désormais révélées au grand jour. On comprend Mme Griesbeck, qui en a « assez de ces arguments fallacieux et borderline ». Les mensonges du rapport « A Tale of Two Cities », véritable Bible des anti-Strasbourg, peuvent maintenant être connus de tous les citoyens européens. Le débat est clos : le Parlement européen siège à Strasbourg (depuis une décision prise lors du Conseil européen d’Édimbourg en 1992, confirmée par un arrêt de la Cour de Justice européenne du 13 Décembre 2012) et non pas à Bruxelles. Sa légitimité est triple : juridique, écologique et démocratique. Et il faut le faire savoir. C’est le souhait exprimé par Philippe Boulland :
« On a besoin des médias pour rétablir la vérité. »
Cette remarque de M. Boulland sonne comme une prière pour surpasser les craintes liées aux élections européennes de cette année. En effet, bien qu’abordée très régulièrement à Strasbourg, la question européenne ne fait plus les gros titres des journaux nationaux. L’Union européenne, entité sui generis aux mécanismes complexes, ne passionne pas naturellement le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur lambda. Pire, elle peut l’effrayer ou le conduire à des erreurs d’interprétation.
Aller plus loin
Sur le site de l’AEJE : le rapport « Le siège dans tous ses Etats, 2 ans après… »
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