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Bad Juice et Johnny Depp en têtes d’affiche au Star St-Ex

Soirée rock vintage et décapante en perspective. Jeudi 19 mars, le Star St-Ex accueille le tandem strasbourgeois Bad Juice à l’ADN blues-rock bien garage et abrasif pour marquer la sortie de ses deux 45 tours. Promesse de concert endiablé dans le cadre feutré d’un cinéma avant la projection du mythique Cry Baby avec Johnny Depp et Iggy Pop en stars du grand écran.

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Le tandem Bad Juice (David et Thomas Schmidt) jouera le 19 mars au cinéma Star St-Ex (photo Bartosch Salmanski)

L’habit fait-il forcément le moine ? De prime abord, la pochette du premier des deux 45 tours (oui, deux vrais 45 tours, en 2015 !) de Bad Juice (label Hell Prod) présente les frères Schmidt (David et Thomas) endimanchés et pas forcément frappés du sceau du bonheur.

Pochette du premier 45 tours de Bad Juice (Doc. remis)

Comme deux mormons guillerets arborant chemise blanche et costume et cravate noirs, ils semblent se préparer à une escapade spatio-temporelle sous des latitudes qui ne connaissent pas encore l’éclat de la couleur.

Fort heureusement, le second 45 tours envoie tout valser et dédramatise l’enjeu : les deux paires de jambes nues en porte-jarretelles et palmes déplacent immédiatement le curseur vers les univers caustiques et déjantés de Guy Ritchie et Quentin Tarantino. Dave et Tom deviennent alors hérauts branchés d’un rock rebelle estampillé fifties-sixties, pas du tout blousons noirs mais à l’esthétique flirtant entre La Fureur de vivre et Graine de Violence.

Pochette du second 45 tours de Bad Juice (Doc. remis)

On verrait également bien les deux frangins immergés dans la folie débridée d’un Reservoir Dogs, au beau milieu du cercle explosif des Mr. White, Blonde, Orange, Blue, Pink et Brown. Ou encore se partager cette réplique du cultissime RocknRolla :

« C’est quoi un RocknRolla ? – Mon frère, c’est pas une question de riffs, de snifs et de perfs. Oh non, c’est bien plus que ça. On veut tous mener la belle vie. Pour certains, c’est le pognon ou la drogue. Pour d’autres c’est la baise, les paillettes, le prestige. Mais un RocknRolla c’est différent. Pourquoi ? Parce qu’un vrai RocknRolla, il lui faut la totale ! »

Une tirade parfaitement dans le ton de ce standard bluegrass, Psycho (signé Leon Payne, interprété par Eddie Noack puis repris notamment par Jack Kittel, Elvis Costello et les Beasts of Bourbon), fougueusement revisité par Bad Juice :

Psycho apparaît sur la face B du second 45 tours de Bad Juice, la face A étant une composition originale, Le Branleur. Sur le premier 45 tours, même configuration : un morceau inédit, Seventh Commandment Blues sur la face A, et une reprise bien fun sur la face B, ressuscitant à la fois Johnny (l’idole des plus tout jeunes) et Eddie Cochran (l’une des idoles de Bad Juice) :

Eddie Cochran (mais pas Johnny, ni même Eddy d’ailleurs) est l’une des obsessions communes des frères Schmidt, avec Buddy Holly, Bo Diddley ou encore John Lee Hooker. Des références qui vont de pair avec la publication de deux objets bien vintage et surannés, deux 45 tours, érigés avant même leur sortie en objets de collection tant le format est devenu exceptionnel.

« On avait vraiment envie d’aller au plus authentique, au plus sincère, lancent de concert David (l’aîné, batteur-chanteur) et Tom (le puîné, guitariste). On voulait faire une musique plus radicale et plus rauque que ce qu’on a fait jusqu’à présent. Et quand on se retrouve seulement à deux, c’est plus dur mais aussi bien plus marrant. Ca t’oblige à avoir une grosse énergie, à enregistrer avec tes imperfections et tu as vraiment l’impression de jouer avec ton propre groupe. La contrainte sert la cause artistique. »

Bad Juice vit pour faire plaisir et se faire plaisir. Jouissance égoïste et altruiste de deux passionnés de blues-rock à l’ancienne branché sur secteur et sur ampli poussé à fond. Né fin 2013 sur les cendres de The Swamp (formation blues boulimique de scènes et avec trois albums à son actif, dont ont fait partie David et Thomas Schmidt aux côtés de Xavier Kemmlein et Tristan Thil), Bad Juice bénéficie de fait d’une expérience live solide puisque les deux frères ont donc enchaîné les concerts avec The Swamp et participent aussi au projet annuel de l’International Unplugged Rock’n’Roll Society.

Bad Juice a bien moins tourné même si le souvenir du tout premier concert du tandem reste bien ancré : « Prison Blues » (à la manière du célèbre Folsom Prison Blues de Johnny Cash) en mars 2014 à la prison centrale d’Ensisheim, en compagnie de Thomas Schoeffler Jr et Nathan Symes (du groupe Chapel Hill), à l’initiative du Génepi (Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées). Une date marquante pour Bad Juice dont la puissance du son prend encore plus sens pour exprimer l’envie intemporelle de liberté et d’évasion.

 


#blues

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