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Au Front National et au front républicain, les étudiants en lutte préfèrent « le front social »

« L’Assemblée générale des étudiants en lutte », collectif créé lors du mouvement social d’opposition à la « loi travail », s’est réunie mercredi à l’université de Strasbourg pour « organiser les luttes sociales des cinq prochaines années. » Le mot d’ordre : « ni Le Pen, ni Macron, ni patrie, ni patron. »

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Mercredi 26 avril, il est 18h et, devant l’entrée du bâtiment Le Patio de l’Université de Strasbourg, une cinquantaine d’étudiants se sont pressés pour participer à une « assemblée générale » particulière, celle d’après le premier tour de l’élection présidentielle et devant déterminer une « ligne politique » pour la suite de cette frange du mouvement social.

Malgré un veto de l’administration pour l’utilisation des locaux, les étudiants sont passés outre en contournant les cordons de sécurité et en s’installant finalement dans un amphithéâtre de l’Atrium vers 19h aux cris de « l’université est à nous, nous ne sommes pas des terroristes. »

 

Certaines salles étaient libres, contrairement à l’affirmation dune administration qui semble ne pas être très disposée à accueillir les assemblée des « étudiants en lutte » (photo KZ/ Rue89 Strasbourg)

« Nous sommes des étudiants, pas des terroristes. »

 

Cette tension perpétuelle avec la direction de l’Université semble être un des problèmes majeurs, en terme d’organisation, des « étudiants en lutte ». Chacun à son tour, plusieurs étudiants proposent des solutions pour qu’ils puissent, à l’avenir, se réunir sans heurts au sein de l’Université.

La centaine d’étudiants présents à l’Atrium sont, pour la grande majorité, des habitués du mouvement social (photo KZ/ Rue89 Strasbourg)

Au final, une centaine d’étudiants ont participé à cette assemblée générale, avec comme ordre du jour, le bilan de élection présidentielle et les actions à venir. Plusieurs étudiants ont pris la parole, tous pour évoquer leur déception du résultat des urnes.

Escarmouches sur l’abstention au second tour

Cependant, tous ne sont pas d’accord sur les suites à donner. La vaste majorité des étudiants présents oscille entre l’abstention ou le vote blanc pour le second tour. La grande question a finalement été « mieux vaut-il être dans l’opposition sous Marine Le Pen ou sous Emmanuel Macron ? » Quel est le moindre mal le « capitalisme » ou le « fascisme » ?

Un jeune étudiant prend alors la parole pour rappeler que le Front national est le mouvement fondé par Jean-Marie Le Pen :

« On ne prend pas la mesure du danger posé par l’extrême-droite. Dans les banlieues, les jeunes vont souffrir encore plus. On doit se préparer à être dans l’opposition, ce sera de toutes façons le cas. Mais je préfère être dans l’opposition dans un pays présidé par Macron plutôt que par Le Pen. »

Mais, a-t-il ajouté, il est « inconcevable de voter pour le libéral Macron. »

Suite à cette intervention, un groupe d’étudiants, perché tout en haut de l’amphithéâtre, l’invectivent et affirment le contraire :

« Bien sur que Marine Le Pen est un danger mais minimiser les faits avec Macron, c’est aussi dangereux… Les jeunes qui souffrent dans les banlieues, c’était pas sous Marine Le Pen mais sous Hollande et Valls. Rappelle-moi pour qui ils appellent à voter ? »

« On est ici pour s’organiser, pas pour se taper dessus »

Après quelques minutes d’un débat virulent, l’étudiante qui a animé l’organisation de l’assemblée générale calme le débat et le recentre. Selon elle, dans les deux cas, les cinq prochaines années seront, de toute façon, des années « de luttes sociales et de manifestations. » Elle rajoute que chacun votera ou pas et que ce n’est pas le sujet de ce rendez-vous, « on est ici pour s’organiser, pas pour se taper dessus, » rappelle t-elle.

Quel appel choisir pour les tracts ? Comment les imprimer ? Comment communiquer entre étudiants de manière sécurisée ? Comment se rapprocher des syndicats ? Comment faire pour avoir à disposition à l’Université une salle où les étudiants peuvent se réunir sans que cela ne pose de problèmes, etc.

Ce débat a duré jusqu’à 20h. Bien que la moitié de la salle soit déjà partie à l’heure du vote, l’assemblée générale a acté plusieurs décisions : participation à la manifestation du 1er mai, organisation d’une manifestation « Ni Le Pen Ni Macron » samedi 29 avril, et des plusieurs actions samedi 6 mai et dimanche 7 mai, jour du second tour de l’élection présidentielle.

Pour l’un des étudiants participant, ces cinq ans seront « d’abord cinq années mobilisatrices qui feront renaître un mouvement social fort. »


#assemblée générale

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