Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Au conseil de l’Eurométropole, un Plan pour cyclistes et piétons sous-financé

Les échanges au conseil de l’Eurométropole devraient se tendre autour de l’adoption d’un plan pour vélos et piétons ambitieux, mais insuffisamment financé à ce jour. La taxe de séjour pour les locations type AirBnb devrait aussi susciter des débats. À suivre en direct à partir de 9h.

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Flux vidéo fourni par l’Eurométropole de Strasbourg


Contrairement à beaucoup de métropoles, Strasbourg a longtemps indiqué ne pas avoir de « ligne budgétaire » dédiée à ses cyclistes, mais que la petite reine irriguait ses politiques sociales (vélo-écoles), économiques (insertion via des ateliers), économiques (soutien à de la réparation),de sécurité routière (éclairage) et bien sûr ses grands travaux (réaménagement de rues et places, prolongation de tramway, rénovation de quartiers), etc.

Mais pour 2019, le président de l’Eurométropole Robert Herrmann (PS) a indiqué que sa collectivité consacre « un budget de sept millions d’euros par an, infrastructures comprises ». Ce montant a vocation à être reconduit dans les années futures, sauf si bien sûr la nouvelle majorité en 2020 en décide autrement. En conférence de presse, l’élu strasbourgeois a rappelé que son assemblée des 33 communes est bien « la seule » à financer les politiques cyclistes à Strasbourg, une petite pique à certains de ses homologues de la municipalité strasbourgeoises qui interviennent et communiquent souvent sur le sujet.

Le PAMA de la discorde

Alors pourquoi ce changement de pied comptable ? « C’est un agrégat des nos politiques que j’avais demandé pour obtenir un montant par habitant. Des villes à la pointe en Europe comme Copenhague ou Amsterdam sont à 25 voire 30€, ce qui pourrait être un objectif », explique le conseiller délégué au vélo Jean-Baptiste Gernet (La Coopérative). Dans l’agglomération, on arrive donc à 15€ par habitant en moyenne.

Problème, l’ancien membre du PS n’est plus en odeur de sainteté auprès de Robert Herrmann qui a présenté lui-même le Plan d’action des Mobilités Actives (PAMA) 2019-2030 (le précédent date de 2011). La raison ? Il lui reproche de ne pas avoir voté le budget fin 2018, un moment toujours symbolique qui souvent marque la limite entre majorité et opposition.

« Vélo washing »

Sans cacher « des désaccords », Jean-Baptiste Gernet répond qu’il était simplement « absent de la salle » lors du vote, comme son acolyte Paul Meyer. Invité ou non, il assure qu’il ne serait pas venu présenter la chose de toute façon :

« Ce plan élaboré avec Roland Ries (maire de Strasbourg et vice-président en charge des Transports) était prêt dès la fin 2017 et a été retardé pour être intégré au Grenelle des Mobilités (en 2018 ndlr). Il est ambitieux et j’en partage les orientations, mais comme il est sous-financé, je considère que cela devient un document de campagne pour Robert Herrmann, qui s’est déclaré candidat. Dans les actes on a eu du velo-bashing pendant le mandat et là c’est du velo-washing. »

Le PAMA a pour objectif de doubler la part de déplacements à vélo de 8 à 16% des déplacement, et d’augmenter les déplacements de 33 à 37%. Les actions variées qui vont des travaux, au soutien aux vélo-cargos, vélos électriques, livraisons, innovations, etc sont détaillées via 20 fiches.
Dans un communiqué, l’ancienne maire, aujourd’hui opposante Fabienne Keller (Agir) va dans le sens de Jean-Baptiste Gernet :
« Ce nouveau plan vélo ne disposera pas des financements nécessaires avant 2020 comme cela a été confirmé en commission plénière. Nous sommes donc en présence d’un plan purement théorique. »
En séance, elle compte plaider des actions court terme pour la dernière année de mandat : « L’entretien, l’éclairage et la sécurisation des tunnels cyclistes de Cronenbourg, de la place de Haguenau ou de l’Elsau », « l’aménagement de places de stationnement abritées et sécurisées à la gare » et « la création d’itinéraires » vers les quartiers.

Coté finances, la délibération annonce en effet que les politiques vélos correspondent à 15€ par habitant et par an. Or l’avant dernier paragraphe qui sera soumis au vote indique qu’il faudrait 25€/habitant et par an (12 millions d’euros). « Il reviendra aux futurs exécutifs d’en préciser la programmation », dit le texte.

Dans cette passe-d’armes annoncée, il sera intéressant d’observer qui vient soutenir qui dans ses interventions.

Velo, piéton et gyropod, comment se partager l’espace ? (Photo Pascal Bastien)

Quand les automobilistes paient le stationnement…

Selon Robert Herrmann, ces politiques dites pour les « mobilités actives » (le vélo et la marche) devaient bénéficier de la manne récupérée par les amendes de stationnement, transférée par l’État aux communes. On parle désormais de forfait post-stationnement (FPS) à la place des anciens procès verbaux (PV). Après la rémunération de la société Streeteo (filiale d’Indigo) choisie par la Ville de Strasbourg, l’Eurométropole espérait percevoir 9 millions d’euros en 2019, sur la base des contraventions de 2018. Elle ne percevra en fait que 1,5 million. À plus faible proportion, Schiltigheim et Bischheim abondent aussi à ce budget, puisqu’elles ont des zones de stationnement payant.

Pour Robert Herrmann, les élus ont été « douchés froids » :

« Nous avons maintenu la somme, mais n’avons pas pu l’augmenter comme nous l’espérions. Mais on ne peut pas non plus se plaindre que les automobilistes respectent le stationnement payant. »

Jean-Baptiste Gernet estime de son côté que l’argent des FPS sert en fait à diminuer la contribution de l’Eurométropole au budget de la Compagnie des Transports de Strasbourg (CTS).

La relance du projet « Velostras » présentée en novembre 2018, cette fois par la coalition de tous bords (Robert Herrmann, Jean-Baptiste Gernet, des maires de différents partis, dont l’écologiste Danielle Dambach) est la face la plus visible de la politique vélo, via les infrastructures (32 millions d’euros estimés répartis sur 11 ans). Mais le projet a été accueilli avec fraîcheur par certains cyclistes. Une grande partie des pistes existe déjà et il suffit d’y rajouter un peu de peinture, d’autres doivent être ajoutées le long de routes qui n’existent pas encore (la VLIO à l’ouest notamment), tandis que le tour de la Grande-Île, prévu initialement en 2013, a disparu. Quant au financement, il revient en fait à un kilomètre de tramway par an.

Vélostras présenté fin 2018 pour achèvement en 2030

La carte de Vélostras, telle qu’elle est imaginée par les élus… en 2030. (doc remis)

Vélostras présenté en 2013 pour achèvement en 2020

Le réseau express vélo maillera le territoire de la CUS d’ici 2020 (Document remis)

Pour les piétons, les politiques sont un peu moins visibles et coûteuses, Le PAMA vise à développer les circuits Vitaboucle ou communiquer sur les bienfaits de la marche. Plus généralement, donner un meilleur espace aux vélos vise aussi à les détourner des endroits où la cohabitation est difficile avec piétons, sur les trottoirs, et dans les centre-ville. L’Eurométropole compte développer des « magistrales piétonnes », c’est-à-dire des larges trottoirs continus sur de longues distances.

Un soupçon de taxe de séjour, l’office de tourisme à la trappe

Un peu plus tard, l’Eurométropole va voter une nouvelle fois sur la réglementation des locations via des sites type Airbnb. La délibération vise notamment à identifier quel logement a collecté quel montant de taxe de séjour, plutôt que de faire un versement global. En 2018, les plateformes (AirBnb, mais aussi Home Away, Abritel, Mister Bnb) ont généré 315 000 euros environ de taxe de séjour sur 5,43 millions collectés dans la métropole. Les hôtels restent donc prépondérants, en dépit des 3 000 annonces environ recensées à Strasbourg et ses alentours.

Polémique le lundi en conseil municipal, les subventions à l’office de tourisme (1,3 million d’euros comme en 2018) seront débattues à huis clos, lors de la commission permanente. L’association est pourtant sous le coup d’un groupe de travail depuis un an pour réformer l’association suite à un audit sévère. Dans l’hémicycle strasbourgeois, le manque d’événements ou de réflexion vis-à-vis des personnes non-héterosexuelles, ou à degré moindre issues d’autres minorités, pour l’événement Strasbourg Mon Amour (130 000 euros en plus, et 60 000 euros par la Ville + 80 000 euros en nature) a été questionné au sein de la majorité, ce qui a valu les railleries de… son opposition. Mais le débat se passera à huis clos, loin du public ou des journalistes.


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