On peut y aller pour voir des œuvres d’art bien sûr, mais aussi pour rencontrer son voisin, ou explorer des lieux inattendus. On peut programmer son parcours comme un scout ou se promener aléatoirement. Et on peut même faire la fête. Comme son nom l’indique les artistes ouvrent… leur atelier.
Mais avant une petite sélection d’endroits prometteurs, laissons la parole à l’organisatrice en chef et directrice de l’association Accélérateur de Particules, Sophie Kauffenstein, dans la dernière ligne droite d’une organisation considérable :
« Ca n’en a peut-être pas l’air, mais coordonner près de 400 artistes, donner une unité à la manifestation, mettre en forme le site internet et la communication, c’est un gros travail ! Il y a aussi l’organisation de la soirée du vernissage, des circuits, la gestion des bénévoles…
Nous recevons beaucoup de candidatures d’artistes et nous procédons à une sélection, mais au final peu sont refusés. Il y a quelques conditions à remplir quand même, comme avoir un atelier, être plasticien, et avoir un minimum d’expérience. Mais l’idée première c’est la convivialité et la découverte. »
Tout nouveau ou hors des sentiers battus : deux lieux à découvrir
Ouvert pour la première fois au public, l’atelier M33 s’est créé fin 2014 dans la zone artisanale de la Plaine des Bouchers. Le quartier avec ses anciennes usines abrite déjà Colod’art et Avila Factory, voisins d’M33. Dans ce beau bâtiment de brique, on pourra voir par exemple les photographes Paola Guigou et Dom Pichard, qui pratiquent un style léché tantôt dans le portrait classique, tantôt dans des mises en scène théâtrales. Plus inclassable, le plasticien Bruno Grasser travaille actuellement sur des images-fictions faites à partir de visuels pêchés cet océan de la mémoire collective et individuelle qu’est le net.
Au vert aussi, on découvre parfois des concentrations d’artistes inédites. L’Alsace Bossue a vu s’installer plusieurs créateurs dans ses paysages verdoyants, dont François Génot (on le connaît au moins pour l’habillage « Broussailles » des bus de la CUS, mais il a déjà un solide parcours d’expositions). Après dix ans d’une pratique artistique plutôt nomade, Génot se pose à Diedendorf et y restaure une ferme. À la fois atelier, accueil pour collègues et amis et espace d’exposition, le lieu est déjà identifié après deux ans d’existence et grâce aux expositions organisées dans ses murs ou ailleurs. Cette année, Génot s’associe à Stephan Balkenhol :
« La tradition des Ateliers Ouverts est d’inviter un artiste, et Stephan Balkenhol a accepté de jouer le jeu du dialogue. C’est un artiste que j’admire beaucoup pour son travail de qualité, sa constance et son intemporalité. L’exposition Knock on Wood parle de chance. Celle qu’on a de vivre de notre art sans trop céder aux diktats des modes. C’est aussi de bois qu’il s’agit, sculpté en figures humaines immuables pour S.B. et brûlé en bâtonnets de fusain dessinant une nature sauvage et hantés par un esprit des lieux pour ma part. »
Soirées folles dans des ateliers collectifs
Dans de nombreux lieux, on vous propose en plus des images plus ou moins sages des soirées qui s’annoncent animées. On ne présente plus la mythique soirée de vernissage au Bastion, mais il y a aussi des événements moins connus.
Le studio Kawati au Port du Rhin accueille depuis deux ans des salles de répétition pour les groupes ainsi que quatre artistes résidents permanents, travaillant tous avec le son et la musique. Gaetan Gromer programme des installations sonores et visuelles, certaines interactives, pour rendre tangibles des données factuelles. Dans Still Processing, le spectateur est face à une carte du monde où les nœuds des conflits guerriers sont illustrés par des sons et des animations correspondant au nombre de morts. Une oeuvre tragique certes, mais aussi belle et poétique.
On pourra se détendre avec les illustrations de Stéphane Perger, un auteur de BD prolifique ayant notamment dessiné pour Marvel. La soirée du samedi 16 mai verra s’enchaîner les concerts – un toutes les heures, six groupes en tout -, les projections et même les grillades : ramenez vos saucisses ou profitez des petits plats sur place !
À la Semencerie, des performances auront lieu lors des deux week-end, et on ira y « clôturer » le dimanche 24 mai. Pour ma part je serai particulièrement curieuse de la performance de Marie-Pan et Joseph Kieffer, un duo dont le travail s’appuie sur la relation entre le corps en mouvement et un objet-sculpture extraordinaire. Dans Reflector, la danseuse joue avec un immense mobile métallique suspendu…
Les Ateliers Ouverts c’est aussi à Mulhouse (découvrez l’extraordinaire Motoco) et dans toute l’Alsace, alors ouvrez grand les yeux et bonne balade.
Et si vous êtes des adeptes de la manifestation, n’hésitez pas à faire un tour sur la page de sa campagne de crowdfunding… pour que les Ateliers Ouverts ne s’arrêtent pas !
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