« Aujourd’hui, quelqu’un qui vit à Brumath et travaille à la Vigie ne prend pas le train », regrette Patrice Paul, vice-président de l’Association des usagers des transports urbains de l’agglomération strasbourgeoise (Astus). La raison ? Tous les trains régionaux (TER) ou presque finissent leur trajet à Strasbourg. Et les correspondances ne sont pas toujours optimales.
Rue89 Strasbourg vous avait annoncé en mars que l’Astus allait s’intéresser à la possibilité de constituer « une étoile ferroviaire ». Les travaux sont désormais terminés. Un étudiant en Master d’aménagement, Ibiro Ahmed Ibiro a effectué un stage auprès de l’association pour en tirer une étude complète.
Concrètement, l’Astus imagine de pouvoir aller d’Haguenau à Offenbourg sans correspondance, ou de Mommenheim à Molsheim (voir le schéma ci-dessous). Ces trois nouvelles lignes s’ajouteraient aux dessertes actuelles et utiliseraient les même rails. « Il existe encore des marges de manœuvres, même aux heures de pointe », assure David Wendling, chargé de mission pour l’association.
Des nouveaux TER traversant à Strasbourg ?
Quelques gares en plus et électrifier le réseau
L’Astus propose de rajouter six « haltes » (des petites gares) sur le réseau, pour le rendre plus efficace et espacer les arrêts de 1 à 2 kilomètres. Parfois, il faudrait rajouter une troisième voie « d’évitement » pour que les trains ne soient pas percutés par d’autres TER des mêmes lignes.
Le coût du projet n’est pas chiffré, mais l’association la compare à l’extension de 8 lignes prévue pour 2020 du S-Bahn à Fribourg. L’Astus n’avait pourtant pas connaissance de ces travaux au moment de lancer son étude. Dans cette ville allemande deux fois plus petite que Strasbourg, l’investissement est de 290 millions d’euros, matériel roulant compris. Le principal ajustement autour de Strasbourg serait d’électrifier les lignes, en particulier Haguneau-Vendenheim et Strasboug-Molsheim ce qui permet aux trains d’accélérer et freiner plus vite, ainsi que de bien moins polluer moins que les rames diesel actuelles.
Le cadencement imaginé est d’ailleurs le même que chez nos voisins allemands : toutes les demi-heures en journée et toutes les heures en soirée. « Ce projet de TER traversant n’est pas une vue de l’esprit », insiste Patrice Paul.
Les embouteillages « ont aussi un coût »
Quant au fonctionnement quotidien, il serait en partie payé par l’usager (le « taux de couverture » du TER est d’environ 33% en Alsace et de 45% pour la CTS) avec ses tickets et abonnements, et en partie par la collectivité. « L’engorgement, la pollution ou l’entretien des routes ont aussi un coût », compare Patrice Paul.
Notons que les abonnés CTS qui résident dans l’Eurométropole peuvent déjà emprunter les TER dans les 13 gares de l’agglomération sans surcoût. Ces lignes viendraient constituer un maillon supplémentaire. Le projet vise les personnes qui prennent leur voiture car ils ne trouvent pas d’offre en transports correspondant à leurs besoins.
Même vision que le gouvernement ?
L’association estime que ses travaux font écho aux propos du nouveau gouvernement. Ce dernier estime que les dépenses ont été concentrées sur les grandes lignes TGV et que les trains du quotidien ne sont pas assez remplis, notamment faute d’entretien.
Une proposition bienvenue à l’heure où l’on cherche à délester l’A35 qui traverse Strasbourg de ses véhicules et que la solution GCO ne fait pas l’unanimité. L’Astus aurait reçu des retours favorables de la Région Grand Est et de l’Eurométropole de Strasbourg. Elle doit encore convaincre la SNCF.
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