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Arsmondo, un nouveau festival d’un mois et demi pour découvrir le Japon

Cette année, l’hiver finissant voit la naissance d’un nouveau festival à Strasbourg. Il s’agit d’Arsmondo, un événement pluridisciplinaire créé à l’initiative de la nouvelle directrice de l’Opéra national du Rhin Eva Kleinitz et destiné à promouvoir l’ouverture vers d’autres cultures, hors d’Europe. Pour sa première édition, Arsmondo invite au pays du Soleil Levant, dans un voyage compris entre le 2 mars et le 15 avril.

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Directrice de l’Opéra National du Rhin depuis le 1er septembre, Eva Kleinitz marque de sa personnalité cette saison 2017/2018. Cela se ressent plus particulièrement dans la création d’un nouveau festival : Arsmondo. Sa genèse traduit l’idée d’un opéra qui outrepasse les frontières et s’ouvre vers l’ailleurs, au-delà de l’Europe.

Eva Kleinitz explique :

« Cet art profondément ancré dans la culture européenne doit entretenir, au XXIe siècle, des relations nouvelles avec des cultures dont l’importance n’a rien à envier à la nôtre. Le projet du festival annuel et pluridisciplinaire Arsmondo que créé cette année l’Opéra national du Rhin a pour objectif de vous présenter des artistes et des œuvres qui expriment cette ouverture vers l’ailleurs dans des dialogues passionnants entre des histoires et des cultures. »

C’est au Japon que le festival Arsmondo consacre sa première édition. Ce pays tient à cœur à la directrice de l’ONR, qui entretient des liens solides avec ce dernier, étant invitée en tant que professeure et animatrice de workshop à la Showa University of Music de Shinjurigaoka depuis plus de dix ans.

Takamasa Sato (consul général du Japon), Alain Fontanel (président de l’ONR), Eva Kleinitz (directrice générale de l’ONR) et Amon Miyamoto (metteur en scène du Pavillon d’Or) ont présenté le festival Arsmondo avec enthousiasme lors de la Conférence de presse (Photo: Klara Beck).

Le Pavillon d’or au coeur du festival

Le festival s’ouvre avec l’exposition intitulée « Mishima et le Pavillon d’or » qui se tiendra à la BNU du 2 au 29 mars. Elle est consacrée au célèbre auteur japonais Yukio Mishima et à l’un de ses romans les plus emblématiques; Le Pavillon d’or. Écrivain d’après guerre, nommé trois fois pour le prix Nobel de littérature, sa renommée lui donna l’occasion de voyager aux États-Unis et en Europe, où il fut très présent dans les années 1960, faisant de lui un des auteurs japonais les plus lus. Mishima écrit le Pavillon d’or en 1956 à partir d’un fait divers : l’incendie du palais d’hiver de Kyoto par un moine bouddhiste, en 1950. Ce temple exceptionnel avait été préservé de la destruction pendant des siècles, et son incendie a profondément marqué les Japonais. Mishima en a fait un roman sur la beauté, la folie ainsi que le Japon d’après guerre.

L’exposition est coproduite par la Bibliothèque nationale et universitaire et le Département d’études japonaises de l’Université de Strasbourg. Elle propose un parcours en trois temps retraçant la vie de Mishima, l’histoire du Pavillon d’or, et l’influence de ce dernier dans l’œuvre de Mishima, explorant aussi les différentes adaptations théâtrales et cinématographiques du roman. Cette exposition sera accompagnée d’un cycle de conférences dont la première, donnée par Hideaki Satô et intitulée « La genèse du Pavillon d’or de Yukio Mishima », aura lieu le 2 mars à 18h30 et constituera une excellente entrée en matière dans l’univers de cette figure incontournable de la littérature japonaise.

Yukio Mishima, excentrique et génial poète japonais, auteur du roman Le Pavillon d’Or.

L’opéra de Toshiro Mayuzumi

C’est un proche ami de l’écrivain, Toshiro Mayuzumi, qui a composé l’opéra du même nom, dont la création à la Deutsche Oper de Berlin remonte à 1976. Cet opéra, qui n’a jamais été donné en France, a été confié au chef d’orchestre Paul Daniel, à la tête de l’orchestre philharmonique de Strasbourg, et au metteur en scène Amon Miyamoto, qui font tous deux leurs débuts à l’ONR. Il est à noter que le Pavillon d’or est une coproduction de l’Opéra national du Rhin et de la Tokyo Nikikai Opera Foundation, et qu’elle réunit une équipe internationale, s’inscrivant totalement dans la logique voulue par Arsmondo.

Paul Daniel affirme d’emblée son enthousiasme pour cette partition où se rencontrent traditions occidentales et orientales. Il affirme :

 « L’un des aspects essentiels de cette partition : la façon dont Mayuzumi adapte son langage musical au son d’un orchestre symphonique occidental et, parallèlement, achemine l’orchestre occidental vers son propre monde musical. »

Amon Miyamoto quant à lui, a découvert l’oeuvre de Mishima à l’adolescence, plaisantant sur le fait que les mises en garde de sa mère à l’encontre de cet auteur perçu comme dangereux et sulfureux avaient aiguisé sa curiosité et son envie de lire ses œuvres. Il faut dire qu’au Japon, Mishima est considéré comme excentrique encore aujourd’hui, quant à ses œuvres, elles y sont peu jouées. Le metteur en scène a déjà adapté plusieurs de ses romans au théâtre « afin que ceux qui vivent à notre époque puissent découvrir son univers », parmi ses adaptations, celle du Pavillon d’or. L’opéra de Mayuzumi est toutefois assez différent pour lui :

« Ce qui me semble très réussi dans cet opéra, c’est la métamorphose d’un roman de l’introspection en une œuvre pour la scène par la place donnée aux chœurs. Comme dans les tragédies grecques, les chœurs ont une très grande importance. Ils sont les expressions de pensées intimes. »

Point d’orgue du festival, le Pavillon d’or sera joué du 21 mars au 3 avril à l’Opéra de Strasbourg et les 13 et 15 avril à la Filature de Mulhouse.

Un concours de Cosplay aura lieu le 25 mars à l’Opéra National du Rhin (Photo: Klara Beck).

Un regard pluridisciplinaire sur la culture nippone

Outre cet opéra, l’ONR propose également une série de concerts, une conférence dansée ainsi qu’un récital où la soprano d’origine sud-africaine Pumeza Matshikiza accompagnée au piano par Paul Montag vous fera voyager à travers un programme mêlant des œuvres de différentes provenances et époques aux poèmes d’un moine bouddhiste japonais du XVIIe siècle, nommé Enkû. Mais le festival n’aura pas seulement lieu à l’opéra et à la BNU puisque, entre autres, la librairie Kleber accueillera l’historien Pierre-François Souyri pour une conférence sur le Japon moderne. Le cinéma Odyssée de son côté organise une projection concert du film Le Fil blanc de la cascade de Kenji Mizoguchi, ainsi qu’une rétrospective autour du cinéma japonais dont les horaires seront disponibles dès le 1er mars sur leur site.

Notons que le festival est également ouvert au jeune public à qui il propose des ateliers (manga, origami, calligraphie et pixel art) destinés à faire découvrir aux plus jeunes des éléments traditionnels ou plus contemporains de la culture japonaise. Une séance de cinéma leur est par ailleurs dédiée à l’Espace Django. Enfin, pour petits et grands, l’opéra, avec l’association Kakémono, organise le 25 mars un concours de Cosplay. Les cosplayers déguisés pourront à cette occasion se retrouver sur la scène de l’opéra !

Cette immersion dans la culture nippone promet de belles découvertes à un public large. Aussi conclue la directrice générale de l’ONR :

« Nous vous souhaitons un agréable et passionnant voyage. Vous voici munis d’un passeport particulier. Les richesses du dialogue entre le Japon et l’Europe vous attendent. »


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