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À bout, les internes en chirurgie orthopédique de l’hôpital de Strasbourg cessent le travail

Une vingtaine d’internes apprentis-chirurgiens ont cessé le travail au Centre hospitalier de Strasbourg depuis lundi. Épuisés, ils ne peuvent plus répondre aux trop nombreuses sollicitations des urgences.

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Depuis lundi 17 juillet, 17 internes, futurs médecins en fin de formation initiale, affectés au Centre hospitalier universitaire de Hautepierre, ont cessé le travail. Ils ont été placés en arrêt maladie pour épuisement (burn out).

Le Syndicat autonome des internes d’Alsace (Saia) dénonce dans un communiqué diffusé jeudi 20 juillet une « détresse psychologique intense », résultat de « profonds dysfonctionnements organisationnels impactant la prise en charge des patients ».

Selon Clémence Guegan, présidente du Saia et interne en gynécologie, les obligations des gardes imposées aux internes en chirurgie orthopédique (traitement des déformations et des accidents du squelette et des muscles) les empêchent de mener leurs missions :

« L’emploi d’un internat en chirurgie est déjà très lourd, les gardes se superposent, pour des interventions qui pourraient largement être traitées par les médecins urgentistes eux-mêmes. Quand une personne vient aux urgences avec une entorse simple, un avis de l’interne orthopédique de garde n’est pas forcément nécessaire… »

Un fonctionnement qui a contraint un patient à attendre plus de huit heures qu’un interne puisse se rendre aux urgences pour une simple suture, détaille Clémence Guegan qui appelle à une amélioration dans le triage des patients aux urgences.

« Un suicide ferait bouger les choses ? »

Mais surtout, depuis le 2 mai, début du semestre des internes, le service SOS Main est en sous-effectif critique. Alors qu’il a besoin de six internes minimum pour assurer les gardes et de quatre autres internes pour les astreintes, le service ne pouvait compter que sur quatre internes au total… puis trois lorsque l’un d’entre eux a été placé en arrêt maladie.

Les gardes de SOS Main ont été fermées une semaine sur deux, avec des redirections vers la clinique Rhéna depuis cette date, mais une enquête du Saia auprès de ces internes a révélé d’importants dégâts liés à ce surmenage permanent, comme l’explique Clémence Guegan :

« On a posé des questions et 70% des internes en orthopédie ont admis être déprimés, tous étaient en grande souffrance avec notamment le sentiment de mal traiter leurs patients. L’un d’eux m’a demandé si “un suicide ferait enfin bouger les choses ?” On a alerté la direction générale sur l’urgence d’une solution pérenne, mais rien n’est venu. »

Alors qu’une reprise des gardes de SOS Main était prévue lundi 17 juillet, aucun des internes ne se sentait en capacité de reprendre cette charge de travail. Ils ont donc été placés en arrêt maladie « pour leur propre protection », détaille Clémence Guegan.

Contactés, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg indiquent par écrit qu’une « réunion pluri-professionnelle est en cours sur le sujet », sans plus de précisions.


#internes

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