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Des années 1970 à 2017, quand le Racing dominait le PSG à la Meinau

Archives vivantes – Le Racing affronte ce soir le Paris Saint Germain. Malgré les progrès strasbourgeois, battre Paris comme en 2017 serait toujours considéré comme un exploit, tant son adversaire survole le championnat de France de foot. Il y a pourtant une époque où la réception du PSG était un match comme un autre. Dans l’histoire de la Ligue 1, Strasbourg possède l’avantage lors des confrontations au stade de la Meinau (11 victoires à 7). Retour en images sur cinq victoires marquantes.

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Le Racing club de Strasbourg (RCS) va-t-il rééditer la surprise du 2 décembre 2017 ? La saison dernière, le promu avait été le premier tombeur du Paris Saint Germain en France comme en Europe. Ce mercredi 5 décembre, le plus gros budget de France se présente tout aussi dominant que l’année dernière : 14 victoires et un premier match nul dimanche face à Bordeaux.

Côté Strasbourgeois, l’équipe a passé un cap et n’est plus le petit promu qui revient des niveaux amateurs. Il ne reste que trois joueurs de l’époque en National, (Dimitri Liénard, Jérémy Grimm et Abdallah N’dour, les deux derniers étant blessés) et le club pointe à une belle 8ème place suite à une victoire convaincante à Rennes (1-4).

Les supporters s’aventurent parfois à regarder vers le haut du classement pour mesurer l’écart avec une qualification en Coupe d’Europe, entre la quatrième et sixième place. Mais dès que ce petit monde s’emballe, le RCS réalise un contre-performance, comme les matches nuls face à Guingamp, Toulouse ou les défaites face à Nantes ou Nîmes.

Malgré ces progrès notables, tout autre résultat qu’une défaite face au club des Qataris relèverait encore de l’exploit tant Paris domine. À la Meinau, à guichets fermés pour la 8ème fois sur 9 matches cette saison, l’Histoire de la Ligue 1 plaide pourtant pour les Strasbourgeois : 11 victoires, 9 matches nuls et 7 défaites pour un score cumulé de 29 à 25. Images et souvenirs de cinq matches mémorables.

1979, la Meinau en délire avant le titre

Ce match du mardi 29 mai 1979 est sûrement la victoire dans l’ambiance la plus folle de la saison. Il ne reste que deux matches et le Racing club de Strasbourg se bat pour garder la première place du classement. Depuis 1934 et la première saison en D1 du club, l’équipe n’était jamais parvenu à atteindre le haut du tableau. Cette année, les footballeurs strasbourgeois restent en tête depuis la 5ème journée, mais ne compte que deux points d’avance sur Saint-Étienne et Lyon. Pression.

Lors de cette saison au sommet, la Meinau est pourtant en travaux avec la construction d’une tribune couverte côté Ouest. Le stade ne peut accueillir « que » 29 500 spectateurs, soit plus qu’aujourd’hui, debouts pour la plupart. Plus que le récital sur le terrain, ce sont les péripéties en tribune par cette chaude journée du printemps qui marquent la mémoire du club. À l’époque où seule la télé publique existait, peu de caméras ont capté ces moments.

Le site de supporters Racingstub a compilé de nombreux souvenirs d’internautes dans une rubrique « saison inoubliable » pour les trente ans du titre. L’un d’eux (bonjour24) raconte :

« Le match était programmé à 20h30 mais à 19h toutes les places debout étaient pleines ; c’est à ce moment-là que le speaker du stade demande de faire de la place pour les supporters arrivants par le train spécial. Franchement dans les tribunes on était déjà épaule contre épaule. À 20h, sous la pression, les responsables (irresponsables dirait-on aujourd’hui) ont ouvert les grilles du stade et environ 5 000 supporters sans billets sont rentrés dans le stade. »

« Sedna » embraye :

« C’est ainsi que de véritables grappes humaines se trouvèrent dans les arbres qui surplombaient la tribune debout ou accrochés aux pylônes d’éclairage et que d’autres étaient juchés sur le toit de la tribune debout. C’est vraiment cette image qui me reste en mémoire. »

Le stade de la Meinau avant 1979 (via archivesparisfootball.wordpress)

Au milieu des supporters sans billet, ceux à la mauvaise place, avec la ferveur et un soleil de plomb, un joyeux bordel règne dans les tribunes. « Un ami à moi, muni d’un billet, n’a jamais pu accéder aux tribunes et a écouté le match à la buvette. Avec la chaleur ce jour-là, plus le monde, pas question de quitter la tribune pour allez boire un coup à la mi-temps ; et à la fin du match il n’y avait plus rien à boire », poursuit bonjour24. « Le match se résumera pour beaucoup à écouter le transistor en n’apercevant du jeu qu’un ballon en l’air de temps en temps », complète aragon. Les échafaudages du chantier sont aussi utilisés par des spectateurs.

Sur la pelouse les joueurs s’assurent que l’ambiance soit au maximum avec un but de la tête du défenseur Jean-Jacques Marx dès la deuxième minute. Premier rugissement des gradins, alors que tout le monde n’a pas encore pris sa place, ce qui ajoute du désordre. Un frisson inverse parcourt le stade lorsque le PSG de Luis Fernandez (14ème au classement) est sur le point d’égaliser quelques minutes plus tard : le but est refusé pour une main. Strasbourg se met ensuite à l’abri grâce à deux buts de Roland Wagner (19ème) et Albert Gemmrich peu avant à l’heure de jeu. Les trois buteurs sont Alsaciens. La Meinau exulte, persuadée que Strasbourg sera sacré pour la première fois – et la seule à ce jour – de son histoire trois jours plus tard.

Plus d’images, sans commentaires, du match et de l’ambiance 

Comme ses poursuivants s’imposent, le Racing doit chercher au moins un match nul lors de la dernière journée à Lyon, le vendredi 1er juin. Des supporters se retrouvent dans les bars pour suivre le match… à la radio. Strasbourg s’impose 3-0 et la fête commence dans les rues quelques minutes avant le coup de sifflet final.

1974, première confrontation, première victoire

Fondé en 1970, puis scindé en deux en 1972 suite à une fusion houleuse, le Paris Saint Germain connait sa première saison dans l’élite sous son nom actuel en 1974/1975. Le promu se déplace pour la première fois chez le « Racing-Pierrot Strasbourg-Meinau ». Le stade de l’époque n’a qu’une tribune latérale couverte avec des larges virages ronds le long d’une piste d’athlétisme. Le terrain se situe non loin de champs et de pavillons résidentiels. Ce 1er décembre, 11 096 curieux viennent assister à cette affiche de deuxième partie du tableau.

Strasbourg s’impose 2-1 avec des buts d’Albert Gemmrich (26è) et du milieu offensif yougoslave Ivan Hlevnjak (45è). À en croire le compte-rendu de France Football, l’addition aurait pu être plus salée pour les néophytes, qui avaient pourtant égalisé par François M’Pelé (36è). En fin d’année, Strasbourg termine 9ème et Paris se maintient, 15ème. Le PSG ne redescendra plus.

Photographie aérienne du stade de la Meinau et ses alentours en 1972. (source IGN / Remonter le temps)

1996, coup de grâce pour le leader

Ce 17 février, Paris est leader de Division 1 depuis novembre. Mais le PSG de Youri Djorkaeff, Alain Roche, Rai ou Patrice Loko a montré quelques signes de faiblesse lors de deux défaites face à Monaco et Montpellier lors des journées précédentes. Ce déplacement face à une équipe de milieu de classement (9ème) est l’occasion de se relancer pour l’équipe contrôlée alors par la chaîne Canal +.

Mais Marc Keller, attaquant alsacien auteur de 8 buts cette année-là, et ses coéquipiers ne l’entendent pas de cette oreille. Frank Lebœuf marque un penalty face à Bernard Lama et Strasbourg s’impose 1-0. De beaux gestes des deux côtés (ailes de pigeon, ciseaux acrobatique, combinaison à deux) émaillent la rencontre à l’exception d’un gros tacle parisien en fin de partie, ponctuée d’un carton rouge à Pascal Nouma. Le PSG marque le coup et se fera rattraper au printemps. Il finit 2ème, doublé par Auxerre. Vainqueur de la Coupe de France l’année précédente, Strasbourg reste à cette 9ème place jusqu’à la fin de l’année.

2005, la dernière avant le chaos

Si « l’exploit » strasbourgeois de 2017 a fait le tour du monde, la dernière victoire ne remontait pourtant pas à il y a si longtemps : « seulement » trois confrontations en Alsace et 12 ans, c’est-à-dire en 2005. Ce 19 février, Michaël Pagis, Mammadou Niang, Yacine Abdessadki et… Guillaume Lacour contre son camp marquent tous face à un PSG moribond (3-1). Alors que le PSG a joué la Ligue des Champions en début d’année, il compte dans ses rangs Pauleta, qui rate un pénalty, ou l’ancien attaquant strasbourgeois Daniel Ljuboja. Le club parisien vient de changer d’entraîneur et parle davantage de maintien que d’objectifs européens en cette fin d’ère Canal +. Les deux équipes finissent proche au classement (9ème pour Paris et 11ème)

À cette époque, le stade est loin d’être plein malgré le pedigree de l’adversaire, 16 000 personnes sur 26 000 places environ. Les supporters ne le savent pas, mais ils vivent la dernière « belle » saison du Racing des années 2000, qui finit 11ème et remporte la Coupe de la Ligue. L’année suivante, le club descend en Ligue 2, remonte une petite année pour repartir aussi vite et échouer à faire « l’ascenseur » en 2008/2009. Ces saisons décevantes, sans grand enthousiasme côté gradins, amorcent le début des déboires financiers du club qui frôle la liquidation et se voit rétrograder au cinquième échelon (CFA 2, amateur).

2017, la plus inattendue

Strasbourg retrouve l’élite après 9 saisons d’absence et n’a aucun autre objectif que le maintien. L’ogre parisien n’a perdu aucun match en France ou en Ligue des Champions. C’est un match sans pression un samedi après-midi de décembre à Strasbourg où l’on vient voir les stars Neymar, Cavani ou le prometteur Kilian Mbappé. Le président Qatari Nasser Al-Khelaïfi a fait le déplacement. Même à l’ouverture du score en début de match par Nuno Da Costa de la tête (13è), on se dit que l’honneur est sauf et que Paris et ses stars, piqués dans leur orgueil, vont hausser le ton. Le PSG égalise d’ailleurs à 1-1 grâce à Kilian Mbappé, puis tire sur le poteau en fin de première mi-temps. L’étau se resserre…

Mais Strasbourg a décidé d’être ultra-efficace avec deux tirs pour… deux buts. Un dégagement anodin dévié de la tête, se transforme en missile de Stéphane Bahoken (65è). La suite de la deuxième-mi temps est une bataille de tranchées. Une résistance marquée par un long changement de gardien. Jusqu’à un choc à la tête, l’espoir Bingourou Kamara a bien tenu ses cages, impuissant sur le but. Alexandre Oukidja, le gardien des années National et Ligue 2, termine la rencontre avec des parades de haut vol, notamment lors des 9 minutes (!) d’arrêt de jeu. L’Équipe titre « À eux l’exploit ».

À Paris, une autre histoire

Du côte de la capitale, nul besoin de grande recherche pour trouver des images de victoire du Racing. Paris a remporté 21 des 27 confrontations, sur un score cumulé de 50 à 12. Les Strasbourgeois n’ont ramené que 6 matches nuls. En 2018, la rencontre s’était soldée sur un sévère 5-2 malgré l’ouverture du score strasbourgeoise dès la 5ème minute et un retour à 3-2 en deuxième mi-temps. Les Bleus et blancs tenteront une nouvelle fois leur chance en avril. Si la saison des deux équipes continue sur les bases actuelles, Paris serait alors presque champion, tandis que Strasbourg serait quasiment maintenu. Voire à quelques victoires d’une coupe d’Europe ?


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