« Ici, un enfant de sept ans dort à la rue depuis quatre mois. » Accrochée aux grilles, le message de la banderole saisit le regard des passants. Mardi 20 juin, une vingtaine de parents d’élèves de l’école primaire de la Ziegelau se sont réunis pour occuper les lieux afin de dénoncer la situation précaire d’une des enfants fréquentant l’établissement. Venue d’Albanie il y a six ans avec sa mère, sa grand-mère et son frère, la fille de sept ans vivait avec eux dans la rue depuis quatre mois. Santi, sa mère, raconte sa fatigue après des semaines d’errance :
« Ça fait trois semaines qu’on dort à la gare. Avant ça, les parents s’étaient organisés pour nous prêter une chambre ou pour nous payer l’hôtel. Mais là, être dehors et toujours en train de chercher un endroit où dormir, c’est fatiguant. (…) Les camarades de CE1 de ma fille ne comprennent pas. Pour eux, c’est impossible de penser qu’on a pas de maison et qu’on dort à l’école, ils ne la croient pas. »
Quelques heures d’occupation et une solution
Initialement, les parents d’élèves avaient prévu de dormir dans l’établissement jusqu’à son ouverture à 7h30. Et rééditer l’opération tous les jours, jusqu’à ce qu’une solution ne soit trouvée. « Le directeur nous a expliqué la situation de Santi par mail, alors depuis quatre mois on multiplie les actions de solidarité, mais ça ne marche pas », raconte Hélène, dont le fils est scolarisé en CP. « Occuper l’école nous a semblé un dernier moyen d’action », ajoute-t-elle.
Finalement, l’occupation n’aura pas durée. Au bout de quelques heures, l’adjointe chargée des solidarités, Floriane Varieras, propose une solution provisoire : une chambre d’hôtel sera mise à disposition de la famille au moins jusqu’aux vacances d’été. En attendant qu’une solution plus pérenne ne soit trouvée.
Delphine Bernard, militante du collectif Pas d’enfant à la rue, raconte le succès de la mobilisation :
« Alors que nous gonflions les matelas, nous avons vu arriver dans l’école, différents élus et personnes des services de la Ville. Nous avons vite compris, qu’ils n’aimaient l’idée que nous dormions ce soir dans l’école. Alors après plusieurs coups de fils, à la Préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin ou au services de la ville, deux solutions ont été proposées par les élus. Soit la solution de Bouxwiller (lire notre reportage sur place) soumise par la préfecture ou alors un appart’hôtel au centre ville de Strasbourg jusqu’à lundi. Cette seconde solution permettant aux élus de se retourner et de trouver d’autres solutions pour la famille.
C’est ainsi, que vers 22h, la famille à regagné l’appart’hôtel mis à disposition par la ville, avec la promesse faite par Floriane Varieras et Hülliya Turan de ne pas laisser cette famille revivre dans la rue et de trouver une solution d’hébergement au moins jusqu’au début des vacances scolaires. Elles feront tout ce qui est en leur pouvoir pour pérenniser la mise à l’abri de la famille dans les mois à venir. Nous avons indiqué aux élues que nous serions prêts à de nouveau occuper l’école si Santi et sa famille devait à nouveau se retrouver à la rue ! »
Sollicitée, l’adjointe en charge des solidarités Floriane Varieras n’avait pas répondu avant la publication de l’article.
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