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Antoine Tracqui, le médecin légiste qui rêve le futur de la vie sur Terre

Médecin à l’institut médico-légal de Strasbourg, Antoine Tracqui débute une seconde vie, celle d’auteur de techno-thrillers. Un genre méconnu en France, entre le polar et le roman d’anticipation, et dans lequel il excelle grâce à sa curiosité infinie et à son bagage scientifique. Après le succès de son premier livre, l’éditeur d’Antoine Tracqui lui a commandé une trilogie. Rencontre.

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Après le succès de Point Zéro, le docteur Tracqui continue et publie une suite dans le cadre d’une trilogie. (Photo PF/ Rue89 Strasbourg)

Médecin légiste depuis 28 ans à Strasbourg, Antoine Tracqui a toujours été à l’aise avec les morts. Mais parfois, au sous-sol de l’institut médico-légal de Strasbourg, le bistouri en main et le dictaphone dans l’autre, alors qu’il est à la recherche de la cause d’un décès, Antoine Tracqui a le sentiment de ne pas apporter beaucoup de bonheur dans ce monde. Certains font avec, lui non. Ça le travaille.

Car une fois son bistouri rangé, Antoine Tracqui dévore des romans de science-fiction, parcourt des sites de vulgarisation scientifique comme Maxisciences ou Guru-Meditation… Son univers est fait de trous noirs, de particules sans matière, de constantes de Planck et de rayons gamma. Le jour, il est face à la platitude blafarde du monde réel, violent, méchant. Le soir, il est emporté par le futur radieux de l’odyssée humaine.

Passé la cinquantaine, cette dichotomie a bien failli lui bousiller la vie. Mais finalement, c’est d’un roman qu’il a accouché il y a deux ans, avec Point Zéro.

Une bande de têtes brûlées sauve la planète

En deux mots pour résumer près de 900 pages, Point Zéro raconte comment une bande de têtes brûlées sauve l’humanité grâce à l’aide intéressée d’un milliardaire américain, avatar d’Howard Hughes, aux pouvoirs rendus sans limites par les innovations technologiques.

Ne souffrant aucune pause, le livre se dévore à la vitesse de l’éclair. On le termine essoufflé, après avoir côtoyé l’origine de l’univers, volé dans un avion de légende, résolu des énigmes historiques et survécu aux rigueurs des climats extrêmes ainsi qu’aux plus terribles méchants que l’humanité peut engendrer.

Succès immédiat. Les 2 000 premiers exemplaires sont tous vendus en quelques semaines, l’éditeur rennais Critic en imprime 3 000 supplémentaires et du coup, commande la suite et celui d’après, ce sera une trilogie ! Une récompense qu’apprécie Antoine Tracqui :

« Naïf, j’avais envoyé ce roman aux grandes maisons d’édition… Elles ont toutes refusé le manuscrit mais parmi les réponses prérédigées, une seule personne a pris la peine d’argumenter. Et dans cette réponse, il y avait un encouragement à le présenter à d’autres éditeurs, plus spécialisés. Ce que j’ai fait. Et là j’ai eu plusieurs retours positifs. Les éditions Critic ont été les premières à répondre favorablement. Et je dois dire que je suis assez content de voir que ce travail qui m’a pris deux ans a reçu un bon accueil du public. »

Un ego-trip pour soigner le docteur

Car il faut bien le dire, quand le docteur Antoine Tracqui sue sang et eau sur un rapport d’expertise toxicologique, il en reçoit la considération des magistrats, des enquêteurs voire des avocats. C’est bien, mais ce n’est pas la fête. C’est pourquoi il a choisi de faire figurer son vrai nom, en gros, bien en haut de la couverture :

« Avec tout ce que j’ai dans les placards, j’aurai pu écrire des polars sous pseudo. Mais j’avais besoin de cette reconnaissance du public. Quand on est en séance de dédicace, c’est une immense satisfaction de constater le plaisir qu’ont eu les gens à lire le livre, on se sent nourri. Donc pour utiliser mon nom, j’ai placé l’action de mes livres légèrement dans le futur, ce qui évite toute interférence avec ma vie professionnelle. Et aussi pour pouvoir jouer avec des technologies qui sont encore expérimentales. »

Car le genre des romans d’Antoine Tracqui, c’est le « techno-thriller ». Peu connu en France, ces récits mêlant des mystères scientifiques à des intrigues planétaires sont surtout portés par des auteurs anglo-saxons, comme Clive Cussler ou David Gibbins.

Mausolée, le nouveau livre d’Antoine Tracqui (doc. remis)

Exploiter les mystères de l’Histoire

Dans Point Zéro, Antoine Tracqui fait intervenir Ettore Majorana, un physicien nucléaire italien, véritable génie précoce et qui disparaît mystérieusement à la veille de la seconde guerre mondiale… Et avec Mausolée, Antoine Tracqui a fait appel à l’archéologie.

Les livres d’Antoine Tracqui sont remplis de ce genre de détails, qui sont autant d’ancres plantées dans la réalité et qui rendent la fiction presque palpable. Un gros boulot, confie Antoine Tracqui :

« Mes romans sont écrits en plusieurs phases. J’ai d’abord des scènes en tête, des actions, des plans… et ensuite je réalise un important travail de documentation pour m’assurer que tout concorde. Et ce n’est que lorsque toute cette matière est présente que je commence à écrire. J’ai mis 23 mois à écrire Point Zéro, 29 pour le second volume, Mausolée. Évidemment, ça ne va pas sans provoquer quelques tensions avec mon entourage… Et après on se sent vidé. Mais ma compagne est ma première lectrice et c’est elle qui vérifie que chaque chapitre est bien balancé. »

Au vu du résultat sur Point Zéro, on peut lui faire confiance pour Mausolée. Antoine Tracqui va maintenant se mettre à écrire le troisième volume mais il doit aussi écrire le scénario du 7e tome de la BD Oracle, à l’invitation des Éditions Soleil. À 54 ans, Antoine Tracqui débute tout juste sa deuxième vie.

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Des Strasbourgeoises et des Strasbourgeois mieux connus par leurs exploits ou leurs réalisations en dehors de l’Alsace que par leurs voisins. Et cette série d’articles est là pour changer ça !

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