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Les positions d’André Kornmann trop extrêmes, même pour le FN

Déplacement forcé des Roms devant le Consulat de Roumanie, des gros chiens de défense pour les policiers municipaux, l’expulsion des familles de mineurs délinquants récidivites… Les propos tenus vendredi par Me André Kornmann, alors tête de liste du FN pour Strasbourg, ont choqué jusque dans le parti frontiste. Après quelques coups de fil du bureau national, l’avocat a préféré se retirer plutôt que de modérer son discours.

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Me André Kornmann, ancien centriste, affirme pourtant avoir toujours été proche du FN (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Les temps sont durs pour le Front National ! Alors que le parti frontiste tente de policer son image, de trouver des candidats médiatiquement compatibles, alors que Marine Le Pen menace d’attaquer en justice tous ceux qui oseraient traiter le parti frontiste d’extrême-droite, voilà qu’à Strasbourg, son candidat aux élections municipales menace de lâcher les chiens sur les délinquants et d’organiser des déplacements de Roms devant le consulat de Roumanie.

Ces propositions ont été détaillées par Me André Kornmann vendredi devant quelques journalistes médusés. Croyant être dans la ligne du parti, Me Kornmann avait ainsi proposé le retour de la punition dans les écoles de la Ville, et de refuser toute rénovation des locaux si les professeurs refusaient de l’appliquer. Il proposait en outre d’expulser des logements HLM les familles dont les enfants ont été reconnus coupables d’actes délictueux en récidive, une mesure qui se serait heurtée à de nombreux obstacles légaux.

« Pas de propos à l’imparfait du subjonctif »

Des membres du parti frontiste ont fait remonter ce programme d’un genre nouveau auprès du bureau national, dont deux membres se sont fendus d’un coup de fil à Me Kornmann pour lui demander si ses propos n’avaient pas dépassé sa pensée. Il se trouve que non. Me Kornmann persiste et signe :

« Nous sommes toujours d’accord sur le fond avec le Front National, c’est sur la forme que mes propos ont déplu. Les termes que j’ai employés n’étaient pas assez aseptisés. Mais je ne suis pas entré en politique pour tenir des propos d’académicien. Je ne suis pas allé quémander la tête de liste du FN, ce sont eux qui sont venus me chercher. Et je répète qu’on ne fera pas cesser les incendies de voitures à la Saint-Sylvestre en maniant l’imparfait du subjonctif.

Moi, je m’adresse aux gens ordinaires comme dit notre président, je parle leur langage. Le consul de Roumanie vit dans une demeure immense allée de la Robertsau, tandis qu’on paie pour héberger ses ressortissants… Je pensais que c’était ainsi que le FN entendait changer politique. Apparemment, j’étais dans l’erreur et donc je me retire de la liste. »

Surprise des élus frontistes locaux

Nicolas Bay, membre du bureau national du FN en charge des élections municipales, confirme  :

« Il n’a pas contesté les propos rapportés, qui n’étaient pas conformes à la ligne du parti. Lors de notre discussion, il a de lui-même proposé de se retirer, ce qui nous semblait la meilleure idée. »

Pascale Elles, secrétaire générale du FN dans le Bas-Rhin, était présente lors de la conférence de presse de vendredi :

« Les propos avec les chiens m’ont choquée. Je lui ai dit à l’issue de la conférence de presse, qu’il n’était pas tout à fait dans la ligne du parti… En plus, il a confondu les attributions de la police municipale et de la police nationale. Le bureau national ne m’a pas prévenue, c’est Me Kornmann qui m’a informée de sa démission. Mais nous trouverons quelqu’un pour le remplacer, nous avons quelques pistes. »

Parmi ces pistes, peut-être Christian Cotelle, conseiller régional FN et candidat à la candidature malheureux face à Me Kornmann en janvier. Christian Cotelle, 29 ans au Front, n’est qu’à moitié surpris par la tournure des événements :

« Connaissant un peu le personnage, ça ne m’étonne guère. André Kornmann a un côté impulsif et incontrôlable. J’en avais averti le parti au moment de la désignation, on ne m’a pas écouté en m’objectant qu’il était bien implanté à Strasbourg. Soit, je suis un soldat discipliné et je me suis incliné. Je trouve étonnant que le parti ait réagi aussi vite ceci dit, d’habitude, on propose aux gens de venir s’expliquer dans pareils cas… »

Mais pour André Kornmann, « quand on se lance dans une élection avec un parti, on doit être d’accord à 100%. Et là, on n’était plus d’accord qu’à 90%. Il vaut donc mieux arrêter. »


#André Kornmann

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