« En 2022 et 2023, on a eu une trentaine d’opérations judiciaires et une centaine de personnes mises en cause », résume Arnaud Wolff, chef du groupe interministériel de recherches (GIR) de Strasbourg, qui couvre toute l’Alsace. Cette structure vise à lutter contre les réseaux les plus organisés de l’économie souterraine, en partie grâce à des compétences fiscales et une capacité à estimer des revenus issus d’activités illicites.
« Nous sommes onze agents permanents, de la police, de la gendarmerie, du fisc et des douanes », précise Arnaud Wolff, lors d’une présentation du bilan du GIR à la presse, mardi 2 avril. Ces fonctionnaires sont mandatés par les procureurs de la République pour intervenir, par exemple, dans le cadre de perquisitions et de confiscations d’avoirs criminels.
Le but est notamment d’appréhender le blanchiment d’argent, d’identifier les biens en lien avec les trafics, et ainsi de « neutraliser les individus qui vivent de ça ». « Cela permet des mises en cause liées à ces éléments », ajoute Éric Lallement, procureur général près de la Cour d’Appel de Colmar.
Saisies de sacs à main Hermès
« Nous avons réalisé l’équivalent de 6,5 millions d’euros de saisies pénales en 2022 et 2023, poursuit le responsable du GIR de Strasbourg, il s’agit de divers types de biens comme des véhicules servant à la logistique des réseaux, des montres… Les compagnes des trafiquants ont parfois cinq ou six sacs à main Hermès à 6 000 euros. » Arnaud Wolff se souvient également de la saisie d’un « cheval de course il y a deux ou trois ans ».
« Le GIR permet aussi de récupérer l’argent de l’économie souterraine qui a échappé au fisc, en taxant le revenu criminel », se réjouit il :
« En travaillant sur les systèmes de blanchiment d’argent, nous avons recouvert quatre millions d’euros de manque à gagner de cotisations sociales en 2022 et 2023 en Alsace. »
Si le groupe interministériel de recherches s’intéresse à d’autres composantes de l’économie souterraine, comme le travail dissimulé et la fraude fiscale, la majorité de ses actions concernent quatre types de stupéfiants : la résine et l’herbe de cannabis, la cocaïne et l’héroïne. Arnaud Wolff évoque « des groupes criminels très structurés » :
« En Alsace, on est sur un secteur avec une forte délinquance organisée, liée aux frontières, dont les épicentres sont à Strasbourg et Mulhouse, même si on constate de l’activité en zone rurale. Les organisations se spécialisent dans les différents types de produits. En ce moment, on a une abondance de cocaïne arrivant depuis les grands ports européens. C’est un produit qui rapporte beaucoup d’argent aux trafiquants. »
Les enquêtes du GIR durent souvent environ un an et demi selon Arnaud Wolff. Elles ont permis en 2022 et 2023 la saisie de 1,8 tonne de cannabis, de 11 kilogrammes (kg) de cocaïne et de 70 kg d’héroïne. Mais cette unité vise davantage les capitaux, pour éviter que les criminels parviennent à « accumuler de l’argent ou à en mettre de côté ».
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