Black Air, un titre à première vue inquiétant, semble évoquer un monde marqué par la pollution, le chaos et un avenir incertain. On pourrait l’associer à une vision du futur dystopique et hostile, où l’humanité peine à respirer dans un monde où l’air est menacé. Pourtant, dans cette exposition au Casino de Luxembourg, ce n’est pas le cas.
Le thème principal est « l’air noir », une énergie immatérielle qui se déploierait à travers toute chose. Ici cet air noir est rendu palpable à travers des performances, installations immersives et une publication dédiée. L’exposition accueille des œuvres d’art de Aldo Tambellini, Otto Piene, Ibrahim R. Ineke, Semiconductor, Max Kuiper, Lisa Slodki et Hans de Wit.
À propos de l’air ou de l’éther noir
Le nom ainsi que le concept de l’exposition s’appuient directement sur l’œuvre du même nom, d’Aldo Tambellini et Otto Piene. Aldo Tambellini est un artiste italien surtout connu pour ses vidéos expérimentales et performances électromédiatiques. Dans ce type de performance, l’artiste combine diverses formes d’art et technologies comme des sons, de musique en direct, de lumières de diapositives projetées, afin de créer une expérience immersive et interactive. Otto Piene est un artiste allemand proche de l’école de Düsseldorf, cofondateur du groupe Zero avec l’artiste multimédia Heinz Mack.
L’œuvre Black air a été montrée une seule fois au public : c’était en 1968, au Black Gate Theater à New York. Grâce à des documents d’archives, et à un rigoureux travail de documentation, l’installation Black Air de Otto Piene et d’Aldo Tambellini a pu être réactivée dans la salle principale du Casino de Luxembourg. L’œuvre est composée de plusieurs vidéos et films réalisées par Aldo Tambellini et d’une installation pneumatique et lumineuse réalisée par Otto Piene.
Parcourir l’exposition, une épreuve
Au premier étage se trouve le staging room, une zone de transition, qui permet aux visiteurs d’accéder aux divers espaces de l’exposition. Le mur principal est couvert de visuels de Black air, réalisées par Ibrahim R. Ineke, permettant un premier regard sur la thématique de l’exposition.
Pour accéder à la grande salle d’exposition du Casino, trois entrées sous forme de corridors noirs sont proposées. Les couloirs sont faiblement éclairés, créant une sensation de confinement et de mystère. En parcourant ces corridors, on se retrouve à nouveau plongé dans le noir. Toutefois, des éclairages intermittents émergent. Ces éclairages, émanant de différentes œuvres, offrent aux spectateurs des repères dans leur parcours d’exposition.
L’installation vidéo de Tambellini, située au fond d’une salle sombre, comprend quatre télévisions cathodiques. L’une de ces télévisions diffuse Black Video 1 : la séquence montre Elsa Tambellini réalisant une chorégraphie corporelle et improvisée en se déplaçant dans un espace sombre avec des lampes de poche. Les trois autres moniteurs diffusent des copies de Black Video 2 » qui documente les manipulations par Aldo Tambellini des signaux électriques de Black Video 1.
Dans cet environnement sombre se trouve, au centre de l’espace, Pneumatique Garden of Eden – l’installation aux formes florales, composée de structures gonflables avec des ramifications, réalisée par Otto Piene. Les structures gonflables respirent en un mouvement organique, imitant le va-et-vient d’un poumon grâce à des cylindres d’air comprimé.
Plus loin dans l’exposition, on trouve les panneaux lumineux Semiconductor de Ruth Jarman et Joe Gerhardt : ces cartes cosmiques attirent l’attention des spectateurs par leurs trous lumineux. Dans la salle à côté, on trouve l’installation de Max Kuiper, z/w/a/r/t magazine nr. 29 – Black Air Issue. Le magazine est composé de plusieurs modules en bois qui contiennent des objets avec lesquels les spectateurs peuvent interagir en se déplaçant dans l’espace.
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