Ce lundi 16 avril à 10h30 a eu lieu une nouvelle assemblée générale étudiante, qui a réuni plus de 600 étudiants devant le bâtiment du Patio sur le campus de l’Université de Strasbourg. Les opposants aux blocages étaient moins représentés qu’aux dernières réunions si bien qu’au final, l’assemblée générale (AG) a voté la poursuite des blocages et leur extension à tous les bâtiments.
L’AG a débuté par une première intervention pour condamner des propos et des attitudes misogynes ou racistes lors des dernières réunions. Une autre étudiante, Camille, a ensuite expliqué que l’exclusion des membres de l’Uni (syndicat étudiant classé à droite dont l’interdiction de présence a été votée à la dernière assemblée générale) de ces rassemblements est liée à cela :
« S’ils ont été exclus de l’AG, ça n’est pas parce qu’il étaient contre les blocages, c’est à cause de leur rôle de perturbateurs de l’assemblée. Ils faisaient partie d’un groupe qui n’arrêtait pas de huer les personnes qui prenaient la parole. Ils scandaient des slogans tels que « on veut le vote ». Et ils huaient particulièrement les femmes, et encore plus, une femme voilée qui a tenté de prendre la parole. »
D’autres représentants des étudiants ont indiqué auparavant que l’exclusion de l’Uni avait été prononcée suite à la participation active de leurs membres lors d’une opération de déblocage la nuit précédente, d’autres encore les accusent de s’être attachés l’aide de membres du Bastion social, un groupuscule d’extrême-droite, ce que l’Uni dément.
Alexandre, membre de l’Uni présent lors de l’assemblée générale, précise :
« Aujourd’hui, tous les membres de l’Uni sont resté très silencieux. Rien n’a été orchestré de notre part aux dernières assemblées générales. Il est vrai qu’au moment où le ton est monté, certains d’entre nous ont pu scander des slogans car les discussions étaient longues et que nous attendions le vote. Celui-ci devrait être électronique d’ailleurs. »
Lundi encore, Marc-Félix, étudiant en cinéma, explique avoir été victime d’une insulte raciste alors qu’il prenait la parole :
« Ça m’a beaucoup perturbé, j’ai entendu « Kim Jong-un a déjà parlé deux fois » pendant mon discours. Cela venait des opposants au blocus. J’estime avoir le droit de m’exprimer et d’être respecté par tous. »
Des professeurs dans la lutte
Ensuite, les premières discussions ont porté, comme jeudi, sur la loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants) et le plan étudiant Vidal, qui instaure une sélection des bacheliers lors de leur entrée à l’Université. Etudiants et enseignants ont pris la parole, pour défendre leurs points de vue sur la loi. Lauriane, étudiante en sociologie, explique que sa professeure a « volontairement banalisé le cours qui avait lieu au moment de l’assemblée générale, afin que les étudiants puissent s’y rendre. »
Un maître de conférence en philosophie a expliqué qu’une assemblée générale avait été tenue entre professeurs de sa faculté :
« Nous avons voté pour l’interdiction pour les CRS d’aller sur les campus universitaires pour respecter la franchise étudiante. Nous condamnons également la surcharge de travail qui sera insoutenable pour les personnels de l’éducation, à cause de la sélection à venir. »
Pascal Maillard, enseignant de littérature française et membre du syndicat SNESUP-FSU, a aussi pris la parole :
« Les frais d’inscriptions vont très probablement augmenter à cause du plan étudiant, car les facultés pourront décider de le faire et celles-ci manquent d’argent. »
Jeudi, les « étudiants en lutte » avaient demandé à ce que les cours et examens du jeudi 19 avril soient banalisés, afin que les étudiants qui le souhaitent puissent participer à la journée de convergence des luttes. Une revendication visiblement entendue par l’Université :
Nicolas Poulin, ingénieur de recherche, fait part d'un mail de Deneken adressé au personnel, demandant la banalisation des cours le 19 avril pic.twitter.com/BMtlJ3a5xs
— Rue89 Strasbourg (@Rue89Strasbourg) April 16, 2018
Des étudiants ont demandé en AG à ce qu’un nouveau vote soit effectué, pour demander la présence du président de l’Université, Michel Deneken, lors des débats.
Un vote pour le blocage reconductible de tous les bâtiments de l’université
Vers 13h30, l’assemblée générale s’est saisie des propositions de blocage, les débats ont duré une demi-heure, une dizaine de personnes, opposés ou favorables, ont pris la parole.
« Demain Macron au Parlement européen et on nous dit de ne pas venir. Ce n’est pas démocratique. Ce n’est pas étonnant qu’on en vienne à faire des blocages » un étudiant lors de l’ag pic.twitter.com/T9sg29bnIf
— Rue89 Strasbourg (@Rue89Strasbourg) 16 avril 2018
« Oui vous avez acquis de la visibilité grâce au blocage, mais il est temps d’arreter. Vous nous imposez votre choix de vous engager. J’ai travaillé à partir de 16 ans pour pouvoir m’offrir mes études. Vous êtes en train de faire une forme de sélection. » Emma, en licence d’allemand pic.twitter.com/6BW7mvcxPx
— Rue89 Strasbourg (@Rue89Strasbourg) 16 avril 2018
Plusieurs pro-blocages rétorquent que beaucoup d’entre eux ont été mis au courant du projet de loi grâce aux blocages des bâtiments. D’après un doctorant de l’Université de Strasbourg qui a pris la parole, la mobilisation doit grandir :
« C’est la seule manière d’obtenir le retrait de la loi, il faut faire des actions d’ampleur nationale, et pour le moment, le mouvement s’amplifie dans de nombreuses universités en France. »
Au moment du vote, un blocage reconductible de tous les bâtiments de l’Université a été décidé, avec 360 voix pour et 259 contre. Il devrait prendre effet dès demain.
Parmi les autres motions adoptées lundi par les étudiants : le rejet de la loi ORE, le « soutien inconditionnel aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes », « l’abolition des grandes écoles », le retrait de la loi asile et immigration, la demande de fermeture du local de l’Arcadia et le refus de la présence policière sur les campus.
Prochaine AG des étudiants, mercredi 18 avril à 12h, devant le Patio.
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