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À Strasbourg, le lycée privé Jean Sturm négocie mal la fermeture de la section internationale

À partir de la rentrée 2023, le lycée privé Jean Sturm fermera sa section internationale. Les parents d’élèves et les enseignants se plaignent des conséquences sur les élèves et des justifications imprécises de l’établissement.

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Bisbille sur l’avenir du BISS (Bilingual International School of Strasbourg). Depuis 2015, l’établissement privé scolaire Le Gymnase situé à Strasbourg offre la possibilité à ses élèves de s’inscrire à l’École Internationale Bilingue de Strasbourg. Dans cette filière, « hors contrat » par rapport à l’Éducation nationale, les cours sont dispensés en français et en anglais. Accessible dès la classe de CP, la section doit permettre l’obtention d’un baccalauréat international.

Disparition de la section au lycée dès septembre 2023

Dans un communiqué transmis le 14 décembre 2022 aux parents d’élèves, la direction de l’établissement a annoncé la fermeture des classes de lycée du BISS. Cette disparition prévue pour la rentrée 2023 a fait bondir les premiers concernés.

Au lycée privé Jean Sturm, les parents d’élèves luttent contre la suppression du baccalauréat international Photo : LR / Rue89 Strasbourg / cc

La situation des lycéens qui suivent ce cursus inquiète les parents d’élèves. L’établissement assure que le BISS sera maintenu jusqu’au baccalauréat pour les élèves en classe de seconde à la rentrée 2022.

Mais des parents d’élèves craignent que la qualité des cours soit dégradée suite à cette décision. Faute de classe de seconde à encadrer à la rentrée prochaine, certains enseignants verront leur volume horaire diminuer, ce qui pourrait leur donner envie de changer d’établissement. « Ce sont peut être quatre ou cinq enseignants qui verront leurs horaires réduits dans la section internationale à la prochaine rentrée », assume Philippe Buttani, directeur du lycée Jean Sturm. À ce jour, malgré le désistement annoncé d’un professeur, le corps enseignant n’a pas perdu d’effectifs.

Une intégration au programme français laborieuse

L’avenir des élèves inscrits actuellement en classe de troisième de la section internationale est également incertain. Sans possibilité de poursuivre leurs études dans la filière internationale du lycée l’an prochain, les collégiens ont été contraints de s’inscrire dans la filière générale, en contrat avec l’Éducation nationale mais faisant l’objet d’une sélection à l’entrée. Une situation qui a conduit au refus d’inscription de six élèves en raison d’un niveau en langue française jugé insuffisant (certains élèves du cursus ne sont pas francophones).

Face à la pression des parents d’élèves, le lycée a fait marche arrière. Finalement, l’intégralité des élèves de troisième de la section internationale pourront intégrer à la rentrée prochaine la section générale classique du lycée Jean Sturm avec de possibles aménagements spécifiques, comme l’explique le directeur d’établissement Philippe Buttani : « On va proposer des cours de français supplémentaires et un accompagnement des familles, » avant d’ajouter que « ces cours ne vont pas se mettre en place du jour au lendemain. » Une offre qui ne donne pas satisfaction aux parents d’élèves : « La probabilité que des élèves de seconde s’en sortent grâce à quelques heures de cours de français me paraît hautement improbable », réagit Anne (le prénom a été modifié), mère d’un collégien en section BISS.

« Ils viennent de couper la tête du programme »

Pour les parents, élèves et professeurs de l’établissement, la véritable crainte est encore plus large. Pour le BISS, dont le parcours d’enseignement débute en classe de CP et s’achève avec l’obtention du baccalauréat international, la fermeture des classes de lycée engendre la disparition de l’intérêt principal de la filière. « Ils viennent de couper la tête du programme. Le risque, c’est que tous les autres niveaux finissent par disparaître », témoigne Anne, dont l’enfant est au collège en section BISS.

Anne espère que des solutions seront trouvées pour maintenir l’attractivité du BISS. Mais sur ce point encore, la direction de l’établissement peine à convaincre les parents d’élèves. Philippe Buttani avait notamment proposé de mettre en place au sein de la filière classique, un parcours disposant d’un nombre d’heures d’anglais supplémentaires. Une solution rejetée par plusieurs parents d’élèves. Pour eux, comme pour un enseignant interrogé, le programme BISS représente plus qu’une certification en langue :

 « Le BISS, ce n’est pas que de l’anglais, c’est une pédagogie de cours bien différente du système français, où l’élève construit le cours avec son enseignant. »  

Un enseignant au lycée Jean Sturm

Plus globalement, l’enseignant interrogé exprime sa déception face à une décision jugée précipitée et mal expliquée :

« Il y a un sentiment partagé par tous les enseignants : l’incompréhension. Car cette section internationale, c’est beaucoup de temps pour préparer ces cours. C’est aussi une déception parce qu’on met fin d’un coup à un cadre particulier qui permet aux élèves de s’épanouir. »

Une fermeture contestée

Les parents d’élèves reprochent également à la direction les justifications avancées pour la fermeture du BISS. Parmi elles, le manque de rentabilité du programme : « Depuis quelques années, on enregistre un déficit de 350 000 euros chaque année pour le BISS. Cette année, cette somme s’est ajoutée à d’autres augmentations structurelles des dépenses », assure Philippe Buttani.

Un chiffre contesté par les parents d’élèves qui critiquent un montant « derrière lequel on ne sait pas ce qui a été pris en compte ». L’argument est d’autant plus mal accueilli que le sujet n’avait jamais été abordé par le passé et que chaque parent débourse entre 5 240 et 7 828€ par année pour un élève en section BISS. Sophie (le prénom a été modifié) est la mère d’un élève de 4e du cursus international :

« On se doute que cette décision n’est pas apparue du jour au lendemain. Pourtant aucune réunion n’a eu lieu pour nous dire que les finances allaient mal et que cela risquait d’engendrer la fermeture de la section internationale. On aurait peut-être pu négocier, payer plus pour que ça s’arrange. »

Une parent d’élève de la section BISS.

Un manque d’anticipation de la direction

L’incapacité pour la filière à trouver son public est le deuxième point de discorde. Pour l’établissement, trop peu de collégiens souhaitent poursuivre la section internationale au lycée. Un problème existant, certes, mais qui pourrait être résolu dans un futur proche selon Anne :

« Il y a eu un changement dans la manière de vendre ce cursus. Avant, on vantait le niveau d’anglais, maintenant c’est le projet pédagogique qui est mis en avant. Le problème, c’est que les élèves inscrits en CP grâce à ces arguments sont aujourd’hui seulement en quatrième. Il fallait simplement attendre une année de plus pour voir si cette approche avait fonctionné… »

Anne, maman d’un enfant inscrit au collège dans la section BISS.

Une réunion est prévue entre la direction, les parents d’élèves et le corps enseignant vendredi 27 janvier.


#classe bilingue

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