Pour rendre hommage à Dimitri Perrier, une troisième marche blanche aura lieu le samedi 12 août à 14h au départ du square des Humanistes, aux abords de l’hôpital de Rouffach (Haut-Rhin). L’homme atteint d’autisme est décédé subitement dans ce même centre hospitalier à 28 ans, le 11 août 2020. Trois ans plus tard, dans l’incompréhension quant aux circonstances de son décès, sa mère, Stephanie Neunreuther, et son oncle, Florian Coulon, se battent toujours pour obtenir des réponses.
« Trois ans que c’est le silence total »
À l’été 2020, Dimitri séjourne à l’hôpital de Rouffach en raison de crises d’angoisse liées au confinement. Le 11 août, sa famille reçoit un appel de l’établissement annonçant le décès du patient. Le choc est d’autant plus terrible pour ses proches qu’ils n’ont pas pu voir le jeune homme avant sa disparition : Dimitri était placé à l’isolement depuis deux semaines.
Depuis ce drame, la famille de Dimitri attend toujours des explications sur les circonstances du décès. « Trois ans que c’est le silence total. On sait que l’enquête est encore en cours mais on attend toujours des réponses », affirme la mère de Dimitri, Stéphanie Neunreuther. Persuadés que Dimitri n’est pas décédé d’une mort naturelle, sa famille cherche désespérément un responsable ou au moins une explication.
« On veut juste savoir ce qui s’est passé, s’il y a quelqu’un à incriminer, car ce n’est pas une mort normale », estime l’oncle de Dimitri, Florian Coulon. Il poursuit : « Que ce soit un professionnel de santé, ou un système dans sa globalité, il y a bien quelque chose qui a causé sa mort. »
Un deuil impossible
Pour la famille, ces longues années d’attente sans réponse rendent le deuil impossible. Florian Coulon ne parvient pas à accepter la disparition de Dimitri :
« Personnellement, j’ai beaucoup de mal à parler de Dimitri au passé. C’est inconscient, mais tant qu’on ne sait pas, pour nous, il est toujours là. Il n’est pas mort, d’une certaine manière. Il y a une sorte de dissonance cognitive. C’est comme une amputation et des douleurs fantômes. Tant qu’on ne saura pas, on ne pourra pas trouver une forme de quiétude. »
Depuis trois ans, la famille du défunt, dans l’attente permanente, n’arrive pas à passer à autre chose. « Quand il y aura enfin eu un jugement et qu’on saura exactement ce qu’il s’est passé, peut-être qu’on pourra enfin essayer de penser au deuil. Mais aujourd’hui, toutes ces questions rendent la situation invivable », confie Stéphanie. Son frère, Florian, confirme cette impression :
« En terme de deuil c’est compliqué car on a l’impression d’avoir une épée de Damoclès en permanence au dessus de la tête. Peut-être qu’on va recevoir un coup de fil, un courrier de l’avocat… On est dans l’attente permanente ».
Des questionnements incessants
Le pire, racontent la mère et l’oncle de Dimitri, c’est quand l’imagination prend le dessus. « Le deuil est très compliqué car on s’imagine les pires choses… Est-ce que Dimitri a souffert ? Est-ce qu’il est mort dans son sommeil, dans l’angoisse, dans la tristesse ? On ne sait pas… », explique Florian, son oncle. Un sentiment que partage Stéphanie :
« Quand on a perdu un enfant, la douleur est quotidienne. Elle est toujours là, toujours aussi forte. On se pose des questions tous les jours… Seules des réponses sur les circonstances de sa mort pourraient mettre un point final à cette histoire. »
La marche blanche sera aussi l’occasion de mettre en avant un problème plus global, selon la famille. « Il ne faut pas invisibiliser les personnes autistes. Ce sont des personnes à part entière. Il n’était pas malade, et son autisme ne le résumait pas », déclare Florian Coulon, avant de conclure : « Ce qu’on craint, c’est que Dimitri soit victime d’un dysfonctionnement systémique dans la prise en charge des personnes autistes. »
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