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Débat après les attentats, un prof suspendu à Mulhouse et des versions contradictoires

Un professeur d’arts plastiques a été suspendu au collège François-Villon de Mulhouse ce lundi 12 janvier. Après avoir projeté des caricatures en classe, des tensions ont émaillé la vie de l’établissement. Les versions du syndicat et du Rectorat, qui a prononcé la sanction, divergent.

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Le collège François-Villon est classé comme zone d’éducation prioritaire (ZEP) (capture d’écran)

Conflit au collège François-Villon à Mulhouse. Un professeur d’arts plastiques a été suspendu pour quatre mois lundi 12 janvier. Il est reproché à l’enseignant d’être à l’origine de tensions autour de l’établissement après avoir présenté des caricatures à sa classe le lendemain des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo. Les versions entre l’Académie et le syndicat SNES-FSU sont opposées. L’Alsace a réussi à contacter le professeur qui a indiqué ne pas avoir été entendu et que « le droit doit passer avant les rumeurs ».

Jeudi 8 janvier, celui qui travaille dans l’établissement François-Villon depuis 8 ans a présenté à ses élèves des séries de caricatures, dont certaines de Charlie Hebdo et le ton serait monté en particulier avec un élève. D’après le syndicat SNES-FSU, après une longue discussion argumentée, le professeur aurait déclaré : « Ce n’est pas une raison pour sortir une kalachnikov ». D’après le Rectorat, joint par Le Monde, « il aurait commencé à « crier violemment ‘Je suis le chef de mon cours, c’est moi le maître ici… Tu peux sortir ta kalachnikov’ ». Toujours selon le syndicat, le professeur et l’élève ont été reçus par le chef d’établissement dans l’après-midi et l’incident jugé clos.

Menaces de bloquer l’établissement le lundi

Ce n’est que lundi 12 janvier que des parents d’élèves auraient menacé de bloquer la sortie de l’établissement si des sanctions à l’encontre de l’enseignant n’étaient pas prises avant 16h. Le Recteur a alors suspendu le professeur pour 4 mois, la suspension maximale qu’il est autorisé à prononcer dans ce cas, « pour faute professionnelle grave » le jour-même, en attendant qu’une enquête et un conseil de discipline soient réalisés.

Interrogé par France 3 Alsace, le recteur de l’Académie de Strasbourg, Jean-Pierre Gougeon est resté évasif sur les motifs, mais a justifié sa décision par une volonté d’apaiser les tensions à l’établissement :

« [Le professeur] se serait emporté. Pour créer un climat pacifié dans l’école, j’ai pris la mesure, après avoir eu des témoignages de 20 élèves quand même, qui ont écrit qu’il avait bien agi de la sorte. J’ai dit, il faut le suspendre de manière conservatoire, ce n’est pas définitif, mais le temps d’éclaircir un peu les choses. »

« Le professeur n’a même pas été entendu »

Une mesure inacceptable pour Elisabeth Jacquet, secrétaire générale du syndicat d’enseignant SNES-FSU, dont le syndicat a pourtant rencontré le recteur :

« Nous nous sentons complètement lâché par l’institution. Le professeur en question n’a même pas été reçu par le Rectorat pour donner sa version des faits. Pendant deux jours, il n’y a eu aucun incident dans le collège et le recteur cède à des pressions le lundi. Cette décision donne un très mauvais signal aux enseignants qui ont besoin de soutien au moment d’aborder ces questions difficiles avec les élèves. »

Le syndicat demande l’arrêt de la procédure disciplinaire. Le collège n’était plus joignable à l’heure d’écrire cet article. Le timing de cette décision est d’autant plus critiqué que le lendemain, mardi 13 janvier, la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem a pourtant annoncé « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République« .


#académie de Strasbourg

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