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À l’école Camille Hirtz, « les enfants reprennent possession de la rue »

L’école primaire de Cronenbourg teste jusqu’au 23 juin l’interdiction temporaire de la rue des Renards aux voitures. Des parents d’élèves réclamaient depuis longtemps un aménagement de l’artère, d’ordinaire bondée.

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Depuis lundi 3 juin, à Cronenbourg, les voitures ne peuvent plus circuler dans la rue des Renards aux heures d’entrée (8h10-8h40) et de sortie (15h30-16h) de l’école Camille Hirtz. L’expérimentation doit durer jusqu’au 23 juin. Elle a été mise sur pied par l’établissement et par des parents d’élèves volontaires dans le cadre d’un programme de l’Eurométropole pour l’éco-mobilité.

La sortie de l’école Camille Hirtz, à vélo ou à pied. (Photo LS / Rue89 Strasbourg)

Mettre fin au stationnement sauvage

Cette expérimentation tente de répondre à plusieurs problèmes causés par la circulation routière, notamment le manque de place en raison de stationnements sauvages. Aux abords de l’école, une mère d’élève s’agace :

« Plusieurs automobilistes se servent de la piste cyclable ou du trottoir comme d’un dépose minute. Comme la rue des Renards est étroite, la circulation devient difficile aux heures de pointes. »

Les entrées et sorties de l’établissement donnent souvent lieu à des embouteillages. Mais ce mercredi matin, à l’heure d’ouverture de l’école, une barrière placée au début de la rue interdit l’accès aux automobilistes. Seuls peuvent passer des vélos, des piétons et quelques trottinettes. Mohamed El Arbaoui, le directeur de l’école Camille Hirtz, contemple ce cortège avec satisfaction :

« Normalement, à cette heure-ci, la route est remplie de voitures. Maintenant les enfants marchent librement, ils reprennent possession de la rue. »

La barrière placée à l’entrée de la rue des Renards a été dessinée par Émilie Angebault, illustratrice et mère d’élève de l’école Camille Hirtz. (photo LS / Rue89 Strasbourg)

L’expérimentation vise également à rendre la rue plus respirable. En avril, un outil d’évaluation mis en place par l’association Greenpeace a jugé que la qualité de l’air aux abords de l’école Camille Hirtz était mauvaise (comme dans de très nombreuses autres écoles). Sur la route de Mittelhausbergen, à quelques pas, l’organisation environnementale alertait sur des taux de dioxyde d’azote supérieurs fréquemment supérieurs aux seuils sanitaires.

« Il fallait trouver une solution »

Des parents d’élèves se relaient à tour de rôle autour de la barrière. Ils orientent les cyclistes, discutent avec les élèves. Ils répondent également aux interrogations de certains automobilistes. Dans la plupart des cas, M. El Arbaoui l’assure, conducteurs et conductrices se montrent compréhensifs. Mais pour certains, ce nouveau partage de l’espace pose problème.
À l’entrée de la rue, une femme interpelle le directeur de l’école :

« Pour nous, les usagers de la route, la situation devient difficile. Comme on ne peut plus emprunter cette rue, toute la circulation se concentre maintenant de l’autre côté (route d’Oberhausbergen, ndlr). Si tout le monde le fait, cela va devenir ingérable ! Vous allez créer des embouteillages ! »

Pour Émilie Angebault, une mère d’élève présente aux côtés du directeur, d’autres tentatives pour réduire la circulation dans la rue ont échoué :

« Nous avons essayé de mettre en place d’autres dispositifs, comme un pédibus, mais il n’a duré qu’un an. Il fallait trouver une solution. Là, c’est la première fois qu’on va aussi loin. La circulation était pire avant ! »


La fermeture de la rue devait également être expérimentée entre midi et treize heure. Selon Emilie Mocquery et Christian Gugenberger, parents d’élèves ayant pris part à l’élaboration du dispositif, cette volonté n’a pas été accepté par la municipalité. Contacté, l’adjoint de quartier Serge Oehler (PS) confirme « refuse[r] la fermeture du midi ». Il se dit par ailleurs « favorable » à la fermeture le matin, invoque une raison pratique : « beaucoup d’enfants restent dans l’établissement pour déjeuner à la cantine ».

Sur le soir, il attend de voir le résultat de l’expérimentation pour se prononcer. À l’inverse, des particuliers souhaiteraient pouvoir rentrer manger chez eux le midi. Le contexte justifie donc que la rue reste ouverte à cet horaire selon l’élu de quartier. Du côté des parents d’élèves, Emilie Mocquery déplore le caractère « illogique » de ce refus de fermeture le midi. « Au moment du bilan, nous défendrons la proposition de fermer la rue le midi », insiste Christian Gugenberger.

Un dispositif qui pourrait devenir permanent

L’an dernier, l’établissement a organisé une Fête du vélo. Pendant une journée, la rue des Renards a été fermée aux voitures. 300 arceaux de stationnement pour les vélos, prêtés par l’association CADR67, ont été installés à l’intérieur de l’école. Ils sont à nouveau en place pour la durée de l’expérimentation et à l’occasion de la Fête du vélo qui se tiendra cette année le 13 juin. Selon M. El Arbaoui, l’établissement devrait acquérir en septembre son propre abri à vélos. Si elle est jugée concluante, l’expérimentation de la fermeture de la rue pourrait se pérenniser à la rentrée prochaine.


#Cronenbourg

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