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À la maison d’arrêt de Strasbourg, chaque conseiller d’insertion a 80 détenus à sa charge

La réinsertion des détenus est le sujet du prochain ciné-club de Rue89 Strasbourg, mercredi 28 mars au cinéma Star. À cette occasion, Rue89 Strasbourg a posé trois questions à Laurent Blanchard, responsable de l’enseignement à la Maison d’arrêt de Strasbourg, et Alexandre Pierre, responsable du service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Maison d’arrêt de Strasbourg.

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De gauche à droite : Alexandre Pierre, responsable du Service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Maison d’arrêt de Strasbourg et Laurent Blanchard, responsable de l’enseignement à la Maison d’arrêt de Strasbourg. (Photo GK / Rue89 Strasbourg / cc)

Rue89 Strasbourg : Entre maisons d’arrêts, centres de détention et maisons centrales, les problématiques diffèrent beaucoup. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? 

Laurent Blanchard : Dans les maisons d’arrêt, il y a deux types de détenus : soit ils attendent leur jugement pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, soit ils ont été condamnés à des peines de moins de deux ans. Dans les centres de détention, les détenus doivent passer plus de deux ans de prison. Les maisons centrales accueillent les personnes condamnées aux peines les plus lourdes.

Alexandre Pierre : La réinsertion d’un condamné à une peine de quelques mois n’est pas la même que pour une personne qui a passé quinze ans en prison. À la maison d’arrêt de Strasbourg, le temps moyen d’incarcération est de quatre mois et demi. À la différence des maisons centrales, une maison d’arrêt gère un flux permanent d’entrants et de sortants.

En maison d’arrêt, quels sont les dispositifs dont l’objectif est la réinsertion des prisonniers? 

LB : De nombreux cours sont dispensés à la Maison d’arrêt de Strasbourg. Ils peuvent permettre aux personnes détenues d’obtenir un diplôme et de trouver du travail. Un exemple : depuis peu, nous dispensons une formation pour devenir agent polyvalent de restauration. Huit personnes par an peuvent y accéder. Ils apprennent la partie théorique en maison d’arrêt et la pratique se fait à l’extérieur.

AP : Au Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de la Maison d’arrêt de Strasbourg, nous avons une équipe d’environ huit conseillers pour 630 détenus [soit un conseiller pour 80 personnes, ndlr]. Nous travaillons sur trois niveaux : le premier concerne le maintien des liens avec la famille. Dans ce cadre, nous pouvons par exemple demander au juge d’accorder une sortie du condamné avec sa famille.

2 463 personnes condamnées en milieu ouvert

Notre seconde mission doit permettre de préparer la sortie des personnes détenues. Cela consiste à les orienter vers nos partenaires. En interne, nous travaillons avec l’Éducation Nationale par exemple. Sinon, nous coopérons aussi avec le Pôle Emploi, la Mission locale pour l’emploi de Strasbourg et le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation, pour toutes les questions d’hébergement. Un forum emploi est d’ailleurs en cours de préparation à la Maison d’arrêt de Strasbourg.

Le SPIP est enfin un acteur de l’aide à la décision judiciaire notamment pour l’aménagement de peine : placement sous surveillance électronique, semi-liberté [le condamné exerce une activité à l’extérieur et retourne le soir en détention, ndlr], placement extérieur ou libération conditionnelle. Dans le cadre de la préparation à la sortie ou du maintien des liens familiaux, une permission de sortie peut être préparée.

Toutes ces mesures visent en fait à éviter une désocialisation du détenu. Qu’en est-il des peines alternatives à la prison? 

AP : Toutes les personnes condamnées ne sont pas forcément en prison. Les condamnations en milieu ouvert concernent une population bien plus élevée que les 630 détenus de la maison d’arrêt de Strasbourg. Dans le Bas-Rhin, il y avait au 1er mars 2 463 personnes qui exécutaient une peine en milieu ouvert. Certains doivent exécuter des travaux d’intérêt généraux. D’autres sont condamnés à du sursis avec mise à l’épreuve [tout ou partie de la peine est annulée à condition de respecter certaines obligations fixées par le magistrat, ndlr]. Il y a aussi des mesures de semi-liberté. Elles permettent au condamné de travailler, suivre un enseignement ou être soigné à l’extérieur.


#réinsertion

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