La vidéo du tabassage à Paris d’une producteur de musique par des policiers parce qu’il ne portait pas son masque était dans tous les esprits des participants à la manifestation contre la loi de Sécurité globale, samedi 28 novembre à Strasbourg.
Ce projet de loi, voté mardi en première lecture par l’Assemblée nationale prévoit de donner plus de pouvoirs aux forces de l’ordre et aux policiers municipaux tout en restreignant le droit de les filmer. Dans ces conditions, l’appel formulé par le QG République des Gilets jaunes a trouvé un écho bien au-delà du mouvement revendicatif : plus de 3 000 personnes se sont rassemblées pour protester contre les dispositions de cette loi, dont une forte proportion de jeunes.
Parti de la place de la République, le cortège s’est rendu place de l’Étoile en passant par les quais vers 13h30, après quelques prises de parole de syndicalistes, de Gilets jaunes et d’étudiants. Parmi les slogans, l’incontournable « Tout le monde déteste la police » et « Siamo tutti antifascisti » (nous sommes tous antifascistes).
Parmi les manifestants, Laure porte une pancarte « mais qui observe la police » :
« C’est une allusion à 1984 de Georges Orwell, on est de plus en plus contrôles, on se rapproche de cette société horrible… Si la police se met à rouer de coups les gens, et qu’on ne peut plus les filmer ce qui empêche les preuves… Qui va pouvoir les punir pour ces crimes ? »
Raphaël, également une petite trentaine d’années, enseignant, a ressorti une pancarte qu’il avait faite pour le mouvement #BlackLivesMatter :
« Il y a vraiment un tabou sur le racisme dans la police, on se dit qu’en France, tout est propre parce qu’on a une république universaliste… Mais non, il faut qu’on en parle ! Et puis on voit le pouvoir qui profite de la stupeur générale liée au coronavirus pour passer des lois sécuritaires, alors qu’on sait très bien que la police en France est violente. »
Artiste – auteur, Robin, 34 ans, manifeste en rollers avec une pancarte « Non au flicage global » :
« J’ai fait pas mal de manifs contre la Loi Travail et je manifeste souvent mais là, je suis dehors parce qu’il y a la crise sanitaire, des gens meurent dans les hôpitaux et que c’est le moment que choisit le Gouvernement pour doter les forces de l’ordre de drones ! Donc voilà, ça me met en colère tout ça. »
Arrivé vers 16h place de l’Étoile, le cortège a ensuite continué directement vers l’Hôtel de Police, en passant par les jardins du centre administratif, à la grande surprise du dispositif policier, resté relativement discret jusque là. Après une petite course avec les manifestants, des policiers et des gendarmes mobiles se sont déployés devant l’Hôtel de police et ont fait usage de grenades lacrymogènes et d’une grenade de désencerclement pour empêcher les manifestants d’avancer.
Le face à face à duré une petite heure puis les manifestants ont été ramenés vers la place de l’Étoile, avant une dispersion officielle du cortège.
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