Il y a 500 ans, plusieurs centaines de Strasbourgeois se mettent à danser frénétiquement. Madame Toffea lance la transe le 14 juillet 1518. Rue du jeu des enfants, elle n’écoute pas son mari, qui la supplie de cesser : elle s’agite, jour et nuit, les pieds en sang. Dix jours plus tard : 50 individus sont contaminés. À la fin de cette épidémie, dont les raisons sont toujours mystérieuses, ils sont près de 400 victimes.
Le romancier Jean Teulé a fait de cet épisode de l’Histoire strasbourgeoise le sujet de son prochain livre, Entrez dans la danse. L’ouvrage sera disponible dans les librairies ce jeudi 1er février. Invité de l’émission Boomerang (32′) de France Inter, l’écrivain livre son explication :
« Dans la même année, il leur est tout tombé sur la gueule à Strasbourg. Ils ont eu toutes les maladies qui sont apparues : la peste, le choléra, la lèpre et même une maladie qui s’appelle la suette anglaise, une maladie apparue pour la dernière fois sur Terre à Strasbourg. Cette maladie, vous la chopez, deux jours après, vous êtes morts. »
Une quinzaine de morts par jour
Le roman de Jean Teulé ne raconte pas une « fête » de plusieurs jours à Strasbourg. La transe est macabre. On dénombre une quinzaine de morts quotidiens. Les danseurs sont victimes de déshydratation ou d’accidents cardio-vasculaires. Les Strasbourgeois auraient dansé, parce qu’il étaient désespérés, selon l’auteur. Car les maladies n’étaient pas les seuls maux de cette année maudite :
« Il y avait des catastrophes météorologiques. Tous les gens crevaient de faim. Ils étaient dans un état de famine tel que quand les femmes avaient fini d’allaiter, avec leur enfant elles allaient au Pont du Corbeau à Strasbourg pour balancer leur enfant à la rivière. D’autres familles bouffaient leur enfant. Il y avait rien à manger. Et donc ils étaient dans un état d’angoisse et de panique. En plus, une nouvelle religion déboulait. Tout d’un coup, il y a eu plein de naissances de siamois dans Strasbourg, personne ne comprenait rien. Ils se sont même pris une météorite au ras de la ville. »
D’autres analystes expliquent cette hystérie collective par une crise d’ergotisme. Cette maladie survient lorsque l’ergot de seigle, présent dans du pain, a moisi. La moisissure peut provoquer des effets similaires au LSD.
Les autorités strasbourgeoises tentent de mettre fin à cette hystérie collective en organisant un espace pour les danseurs et les musiciens. La décision favorise la contagion. La fête macabre prend fin quelques semaines plus tard lorsque les derniers malades sont envoyés à Saverne pour prier Saint-Guy, protecteur des malades de chorée (maladie neurodégénérative).
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