À noter pour cette 12e journée de mobilisation :
- Deux blocages routiers ont été installés ce matin. Le premier sur le pont de Kehl, il a été levé avant 9h. Le second place de Haguenau à partir de 7h30, il a été modifié en barrage filtrant puis levé vers 8h30 (voir au tout début de ce compte-rendu).
- Une section CFDT bloque un dépôt frigorifique d’Auchan à Vendenheim depuis la soirée du mardi 11 avril. (voir ci-dessous à partir de 10h28). Les militants souhaitent continuer jusqu’à samedi. De manière générale, les syndicats envisagent de changer de stratégie et d’organiser des actions de blocage de l’économie.
- La manifestation intersyndicale est assez clairsemée, le cortège devrait contenir environ 8 000 personnes.
- L’intersyndicale et le collectif « On crèvera pas au boulot » appellent à se rassembler à 18h le vendredi 14 avril place Kléber pour manifester en réaction à la décision du Conseil constitutionnel concernant la réforme des retraites et le Référendum d’Initiative Partagé sur l’âge légal de départ à la retraite.
Le cortège s’est dispersé et les forces de l’ordre quittent la place de la République. Plusieurs interpellations ont eu lieu.
C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi.
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Camille Gantzer, Anne Mellier, Guillaume Krempp et Thibault Vetter étaient auprès des militants et des manifestants toute la journée jusqu’au début de la soirée pour vous rendre compte de cette 11ème journée de mobilisation.
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Le cortège est de retour place de la République, poursuivi par la brigade anticriminalité.
Des dégradations commises sur les panneaux publicitaires et abribus JC Decaux.
Un manifestant montre sa main, très enflée, après avoir été victime d’un tir de LBD.
Un cortège de plusieurs centaines de manifestants quitte la place de la République en scandant : « La police déteste tout le monde ! »
Au lycée Marie Curie, le blocage mis en place depuis ce matin par une partie des élèves a été levé vers 14h30. Les cours restants ont été annulés par le proviseur.
La tête du cortège est arrivé place de la République.
Vers la porte de l’Hôpital en revanche, des manifestants sont aspergés de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre.
Situation calme en tête de cortège.
La manifestation sauvage a réintégré le cortège syndical principal, qui se dirige vers le quai des Bateliers.
Une partie des manifestants sont passés devant les banderoles syndicales lorsque le cortège a atteint la Krutenau. Certains d’entre eux ont tenté de se diriger vers le campus universitaire. Ils ont été empêchés par des policiers en faction, qui ont fait usage de grenades lacrymogènes.
Une partie du cortège, composée de manifestants habillés de noir, a quitté la place d’Austerlitz pour se diriger vers la place de l’Étoile. Ces manifestants birfurquent rapidement rue des Orphelins.
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT :
« On n’a pas d’espoir immense concernant la décision du Conseil constitutionnel. En tout cas, on va devoir changer de stratégie parce que les manifestations ne suffisent pas. On organisera tous les matins des barrages filtrants, on ira dans les entreprises… On a atteint les limites des grandes journées interprofessionnelles : le seul moyen d’infléchir le gouvernement désormais, c’est de contraindre le patronat de demander au gouvernement d’arrêter à cause de pertes qu’ils subiront. »
Le cortège est assez dispersé, surtout entre les syndicats mais nos journalistes sur place notent une forte présence de jeunes et d’étudiants.
Les syndicats ont délégué d’importants moyens aux services d’ordre, qui font bloc à de nombreux endroits afin d’éviter tout contact avec les forces de l’ordre.
Samy Ahmed-Yahia, ancien candidat Nupes pour la 8e circonscription du Bas-Rhin et membre de l’union locale CGT de Haguenau, comme Juan Alvarez, délégué syndical de l’entreprise de chimie Dow :
« On n’attend rien de spécial du Conseil constitutionnel, c’est juste sur l’aspect juridique. Sur le fond, ça ne change rien. Il n’y a que notre président qui ne voit pas la colère en France. Il y a une rage dans la population. »
Interrogé sur l’ambiance au sein des manifestations et la répression policière, Juan Alvarez répond :
« On dit que de toutes façons c’est une période où les forces de l’ordre et les syndicats ne se comprennent pas. On n’a rien contre les policiers mais plutôt contre les donneurs d’ordres… Les policiers sont dans la même mouise que nous. »
Khalid Sarouaou, secrétaire régional Sud industrie, travaille chez Cuisines Schmidt :
« On n’a pas un grand espoir dans le Conseil constitutionnel. S’il ne censure pas la loi, on est parti pour continuer avec d’autres modèles d’action comme des blocages, des ralentissements, des manifestations devant des lieux stratégiques… On va commencer à monter en puissance avec des actions diverses. On a la base militante pour ça, de plus en plus de gens sont prêts pour ça. »
Après un temps, Khalid Sarouaou rappelle :
« Pour nous, se battre contre un recul de l’âge minimal n’est pas un combat de luxe. Le personnel tombe en miettes à partir de 60 ans. 64 ans c’est de la folie et le Medef le sait très bien. »
Audrey Lages, déléguée syndicale enseignants pour Force ouvrière (FO) :
« Le Conseil constitutionnel pourrait bien faire un pas en arrière. Si ça ne marche pas, on poursuivra, on trouvera de nouvelles façons de bloquer le pays. Avec la FO on réfléchit avec les différents secteurs pour monter des actions impactantes de blocage. Par exemple, il peut il y avoir des blocages d’écoles, d’entreprises, de ronds points.. »
« Vous savez que c’était tendu cette semaine. Ceux qui ont des marbrures sur les cuisses s’en souviennent… » À 13h30, Gilles Dimnet, responsable du cortège de la CGT, briefe les services d’ordres de la 12e manifestations intersyndicales. Cette fois ci, pas de service d’ordre intersyndical. « Chaque organisation à son service d’ordre pour son cortège », explique le responsable. Qui rappelle également que la préfète Josiane Chevalier a reçu les responsables syndicaux hier dans un signe d’apaisement « sans admettre que des violences avaient eu lieu. Je ne sais pas quel va être le niveau de tension aujourd’hui. »
Avant le début de la manifestation, Séverine Charret, secrétaire académique du Snes (FSU) pour le second degré, déclare :
« On attend la censure du texte par le Conseil constitutionnel. Il y a suffisamment d’arguments pour censurer la loi entière. Le véhicule législatif utilisé n’est pas adapté à une telle réforme. La mobilisation continue après trois mois, c’est énorme. Cette loi est injuste, quoi qu’il arrive on continuera à la combattre. S’il n’y a pas censure, il est aussi question de référendum d’initiative partagé. Nous continuerons quoi qu’il arrive, selon les modalités d’action qui seront à notre disposition. Cela peut être la grève, une mobilisation pour obtenir les signatures pour le référendum par exemple… »
Le délégué syndical Force Ouvrière du supermarché Auchan Hautepierre travaille au rayon fruits et légumes. Il décrit l’impact concret du blocage par la CFDT :
« Sur le pain de mie et les produits frais (charcuterie, yaourt) il y a déjà des tensions sur l’approvisionnement dans notre magasin. Cet après-midi, le pain de mie pourrait manquer. Pour les fruits et légumes, c’est le matin que c’est tendu. L’après-midi, on arrive à s’approvisionner en fruits et légumes en commandant chez Sapam, un autre fournisseur.
C’est clair, la direction est énervée. Chez nous, on a fait une baisse de 20% des ventes au rayon fruits et légumes. »
Stéphane Béguin, secrétaire général de la CFDT Construction Bois, exprime la détermination de son syndicat :
« Il n’est juste pas entendable de bafouer le peuple de cette manière avec cette réforme injuste, qui maltraite les plus modestes. D’autres projets sont à l’étude. On continuera ce genre d’action parce qu’il faut faire fléchir le gouvernement. On va durcir le ton, c’est notre façon de nous faire comprendre. Pour ça il faut toucher l’économie, puisque le gouvernement est sourd, on va lui faire entendre ce qu’on souhaite : le retrait de cette réforme. On ne s’arrêtera pas avant. »
Sur place, les militants de la CFDT ont tout organisé pour maintenir le blocage jusqu’au samedi 15 avril. Sous deux tonnelles, les syndicalistes disposent d’un frigo et d’une plaque de cuisson reliés à un groupe électrogène. Une caravane leur offre un accès aux toilettes et à la douche. Selon notre reporter sur place, l’entrepôt est presque entièrement à l’arrêt.
Blocage en 3×8 par la CFDT
Le syndicat CFDT maintient le blocage d’un entrepôt frigorifique d’Auchan à Vendenheim depuis la soirée du mardi 11 avril. Sur place ce matin, le secrétaire général CFDT des transports du Bas-Rhin Pascal Vaudin explique la méthode et les raisons de ce mode d’action :
« Trois équipes bloquent cet entrepôt : une équipe de nuit, une équipe du matin et une équipe l’après-midi. En moyenne, nous sommes entre 10 et 16 personnes sur place.
Cet entrepôt est une base logistique de stockage de produits surgelés et frais principalement pour Auchan mais aussi pour d’autres supermarchés. Les camions viennent chercher les produits ici pour les acheminer ensuite vers les magasins. Aucun véhicule ne peut sortir, ce qui risque de conduire à une pénurie de certains aliments dans des supermarchés.
Emmanuel Macron n’a pas réagi suite aux manifestations massives de ces derniers mois. Il veut qu’on cesse les défilés dans les rues. On a décidé de passer à la vitesse supérieure, parce que nous n’accepterons pas cette réforme des retraites. Nous sommes déterminés. Pour avoir un impact, il faut toucher l’économie française, en l’occurrence les plateformes alimentaires qui remplissent les caisses de l’État via la TVA.
On compte lever le blocage samedi. On veut tenir toute la semaine. Pour nous déloger, il faudrait une procédure juridique. Selon les échanges qu’on a avec les forces de l’ordre, on va pouvoir rester jusqu’à samedi. Les salariés d’Auchan et les routiers sont solidaires. »
Un barrage a brièvement été installé sur le pont de Kehl ce matin. Il a été levé peu avant 9h.
Le proviseur du lycée a indiqué que les appels de présence n’auront pas lieu ce matin.
Les barrages ont été levés place de Haguenau.
Le groupe de militants a levé le blocage place de Haguenau, volontairement.
Un policier vient de demander aux militants de « quitter les lieux dans les cinq minutes sinon on va devoir le demander plus fermement ».
Le barrage mené par le collectif « On crèvera pas au boulot » doit être conservé jusqu’à midi.
Ce collectif avait tenté d’empêcher l’accès aux terminaux de distribution de carburant lors de la 11e journée, le barrage avait été levé par les forces de l’ordre. Les militants avaient alors craint une explosion lorsque des grenades lacrymogènes avaient été tirées à proximité des camions-citernes.
Bienvenue sur ce compte-rendu des actions, blocages et manifestations de cette 12e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites du gouvernement. Le projet de loi a été adopté sans vote vendredi 17 mars, après un débat parlementaire raccourci, grâce à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution par le gouvernement. Demain, le Conseil constitutionnel doit répondre aux saisines qui lui ont été présentées, il lui appartient de vérifier si le texte dans son ensemble, ou certaines de ses dispositions, sont conformes à la Constitution de la Ve République.
Mais les 13 syndicats mobilisés contre cette réforme qui prévoit d’allonger le temps de travail nécessaire avant de se retirer ne désarment pas. Plusieurs actions sont prévues dans les secteurs stratégiques et dans les transports. À Strasbourg, la manifestation doit partir de l’avenue de la Liberté vers 14h.
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