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12 à 18 mois de prison pour les trois skinheads profanateurs de cimetières

Le procès de trois jeunes skinheads de 22 ans, accusés d’avoir profanés les tombes d’un cimetière juif et de deux cimetières musulmans en 2010, s’est déroulé ce mercredi matin. Malgré les dénégations de deux d’entre eux, ils ont tous été reconnus coupables et se sont vus infliger des peines d’emprisonnement de 12 à 18 mois de prison ferme.

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Le tribunal de grande instance de Strasbourg (Photo Xsalto / FlickR / CC)

On se souvient d’une longue série de cimetières juifs et musulmans qu’on découvrait profanés au petit matin en 2010. Des croix gammées, des tags nazis, des inscriptions « Juden Raus » sur les tombes renversées, tout l’attirail nauséabond de l’idéologie nazie refaisait surface à intervalles réguliers dans les cimetières communautaires de Strasbourg et alentours. A la suite de la multiplication de ces délits, le maire de Strasbourg avait même lancé un « appel pour refuser l’inacceptable » en octobre 2010. Il faudra attendre avril 2011 pour que tombent les premières arrestations : quinze jeunes (puis seize) de la mouvance skinheads seront arrêtés.

Parmi eux, neuf personnes ont été mises en examen. Six d’entre elles seront finalement poursuivies et trois se retrouvent ce mercredi devant le tribunal de Strasbourg. Les trois autres, mineurs au moment des faits, comparaîtront devant un tribunal pour enfant ultérieurement. Trois ont bénéficié d’une ordonnance de non-lieu.

Accusés de dégradations à caractère raciste et provocation à la haine raciale. Ils encourraient trois ans de prison. Nicolas Lecureur, considéré comme un meneur, a été condamné mercredi par le tribunal de Strasbourg à 18 mois de prison ferme. Il n’a cessé de nier son implication durant toute l’audience. Selon lui, les quelques aveux qui existent dans la procédure lui ont été extorqués par les policiers, à l’issue d’une longue garde à vue. Mais pour la présidente du tribunal correctionnel Sophie Thomann, ces déclarations sont bien trop précises pour avoir été inventées.

Nicolas Lecureur a aussi été pisté grâce aux activations des relais de téléphones mobiles. Mais pour le prévenu, ces activations à la Robertsau ou aux Halles s’expliquent par son domicile, celui de ses parents ou son lieu de travail.

Me Juliette Thomann, qui défendait Nicolas Lecureur, a indiqué que « rien dans ce dossier ne peut permettre la condamnation de mon client. » Quant à Me Beaugrand, qui défendait deux autres co-accusés, il explique que l’idéologie derrière ces actes n’est pas déterminante :

Lors de l’audience, Nicolas Lecureur a indiqué son intention de faire appel s’il était condamné.

Un an ferme pour Matthias Leyer, qui a reconnu les faits

Matthias Leyer a un profil sensiblement différent. Lui a reconnu avoir participé aux profanations, et c’est sur ses déclarations que les policiers et les gendarmes se sont basés pour inculper les autres prévenus. Il a reconnu les faits, avoir été d’extrême droite et avoir fréquenté des nazillons lors des troisièmes mi-temps à la Meinau, mais il a surtout tenu à mettre en avant que ces actes n’avaient de raison qu’une « pure idiotie ». Même chose pour Jonathan Husser, qui a mis son implication dans les profanations sur le compte de la limite de ses facultés intellectuelles… Matthias Leyer a été condamné à 18 mois de prison ferme et Jonathan Husser à douze mois de prison ferme.

L’explication de la bêtise et de l’alcool a agacé les représentants des parties civiles, dont plusieurs victimes qui étaient dans la salle. Pour Me Mengus:

« On ne peut pas se cacher derrière l’alcool, la drogue, l’oubli… Ces actes sont la conséquence d’une idéologie, d’un discours d’extrême droite. Certains sont affiliés au Front National, à Alsace d’abord… Ils se tatouent des croix gammées sur le corps. »

Plusieurs victimes ont pu s’exprimer directement devant les prévenus. L’une d’entre elles, dont la tombe abritait le corps de son enfant de 18 jours, a été particulièrement intense :

« Je vois deux lâches en face de moi. Vous avez profané la tombe de Yanni, 18 jours de vie. Vous avez anéanti mon travail de deuil de 10 ans. Vous m’avez tuée, je suis morte à présent. Et je tiens à vous dire que je suis française d’origine musulmane et fière de l’être, mon pays de la France, que ce soit clair. Je vous souhaite de passer par la justice de Dieu pour avoir donnés des coups de pieds sur la tombe de mon petit garçon. Ne niez pas, vous êtes des lâches. J’espère que plus tard vous serez des parents et vous verrez alors ce que ça veut dire de perdre un enfant. »

Pour Me Eric Lefebvre, qui représentait les intérêts de plusieurs familles, le procès n’a pas permis de répondre aux questions :

Une douzaine de parties civiles ont été reconnues recevables, chacune a obtenu 1000€ en réparation de leur préjudice moral, somme à payer solidairement par Matthias Leyer et Nicolas Lecureur. Aucun mandat de dépôt n’ayant été prononcé, ils sont repartis libres. Seul Jonathan Husser est reparti menottes aux poings, car il était détenu dans une autre affaire.

Pour aller plus loin

Sur StrasTV : les déclarations à l’issue de l’audience

Relire le compte-rendu en direct de l’audience ci-dessous

L’audience est terminée. Merci à tous d’avoir suivi ce compte-rendu en direct. A très vite pour une synthèse de l’audience avec les réactions à la sortie de l’audience des avocats.
Autre fait notable, une des victimes a donné un coup de poing au visage de Nicolas Lecureur dans le hall du tribunal, pendant la suspension d’audience.
A noter qu’aucun mandat de dépôt n’a été prononcé, ce qui signifie que les prévenus sont repartis libres de l’audience et prendront rendez-vous avec le juge d’application des peines pour définir les modalité d’exécution.
Une douzaine de constitutions de parties civiles ont été déclarées recevables. Chacune a obtenu 1000€ de réparation pour le préjudice moral.
Nicolas Lecureur a été condamné à 18 mois d’emprisonnement, dont un an ferme. Matthias Leyer à 18 mois d’emprisonnement, et Jonathan Husser à un an d’emprisonnement.
Désolé pour cette interruption due à une perte de connexion…
Le tribunal se retire pour délibérer. La présidente Sophie Thomann a indiqué que l’audience reprendrait à 13h15.
M. Lecureur réitère ses dénégations. Il indique qu’il reconnait que ces faits sont odieux, mais qu’il est innocent. S’il est condamné, il indique qu’il fera appel. MM. Leyer et Husser n’ont pas de déclaration finale.
Me Beaugrand : « C’est pourquoi je vous demande de relaxer M. Husser et de ne pas prononcer de mandat de dépôt à M. Leyer, car il est actuellement en liberté, il s’est réinséré dans la société, aucun nouveau fait n’a été constaté et il n’a pas fait parler de lui en deux ans de procédure. »
Me Beaugrand : « Quant à M. Husser, il a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, il n’est pas capable d’assumer toute l’idéologie nazie et d’ailleurs il l’a reconnu tout à l’heure lorsqu’il a dit qu’il n’était pas un nazi mais une racaille. Il n’a jamais eu d’idéologie raciste. Il a accompagné ces gens là, mais dans ce cas, il doit bénéficier du même traitement que ceux qui ont bénéficié d’un non-lieu dans ce dossier. Lorsqu’il dit « peut-être j’y étais », c’est sa manière de dire qu’il y était mais que, comme d’autres, il n’a rien fait. »
Me Beaugrand : « M. Leyer, quand il reconnait sa culpabilité, a entamé son chemin vers une reconstruction. Il faut le croire, parce qu’il reconnait les faits, sa crédibilité est plus grande que celle de M. Lecureur. »
Me Beaugrand : « Ces jeunes gens à l’époque des faits étaient effectivement en recherche d’eux-mêmes. Ils étaient immatures, en colère, sans affection… Les avocats des parties civiles minimisent, mais c’est quand même un point du dossier, ça a compté. »
Me Beaugrand dégend Matthias Leyer et Jonathan Husser : « Il faut se garder des vindictes populaires. Si nous sommes devant un tribunal, c’est justement pour y échapper. Et il faut se garder d’ habiller ces jeunes gens avec des costumes trop grands pour eux. Les condamner fermement ne sauvera pas la société, ils ne peuvent pas endosser la responsabilité de toutes les horreurs de la seconde guerre mondiale. »
Me Juliette Thomann : « Lors des rassemblements à la place de la République, ils ne parlaient pas politique car ils n’avaient par les mêmes idées. Il y a des skins d’extrême gauche, par exemple. Pour toutes ces raisons, je vous demanderais de relaxer M. Lecureur. »
Me Juliette Thomann : « Les faits sont détestables c’est évident, la douleur des familles c’est bien normal, mais il est impossible de condamner M. Lecureur pour ces faits avec les pièces de ce dossier. »
Me Thomann : « les écoutes téléphoniques sont utiles, puisqu’on remarque que M. Lecureur ne s’est jamais déclaré satisfait par ces faits de profanation. »
Me Thomann insiste : « il n’y en a pas un seul qui a une déclaration concordante avec un autre. Tout diverge… Les questions des policiers dans le dossier demande s’il est possible qu’ils aient été là ou ici… Mais on ne condamne pas les gens parce qu’il est possible qu’il ait commis un délit. »
Me Thomann : « concernant les faits de Cronenbourg, on ne sait même pas quand les faits ont été commis. Il a été construit sur des témoignages recueillis en fin de gardes à vue. Les incohérences sont trop nombreuses dans ce dossier. Les faits ne concordent pas du tout. »
Me Thomann : « Sur les relevés téléphoniques, le domicile des parents est à proximité du cimetière de la Robertsau, ainsi que son travail. C’est normal qu’il ait activé des bornes relais dans ce secteur, elles ont une portée de 1 à 10km. »
Me Thomann : « Vous n’avez que les déclarations de quelqu’un qui a menti. Je ne vois pas pourquoi ses déclarations auraient plus de poids que celles de M. Lecureur. 48 heures de garde à vue, on lui répète inlassablement que c’est lui qui a fait les dégradations… »
Me Juliette Thomman défend Nicolas Lecureur : « Le dossier ne prouve pas la culpabilité de M. Lecureur. Les vidéos montrent une seule personne lors de la profanation du cimetière de la Meinau et ce n’est pas M. Lecureur. Les déclarations de M. Leyer ne sont pas crédibles, c’est un indic de la gendarmerie et qu’il a été mis sur la « piste » de mon client, à la suite des dégradations au cimetière de Wolfisheim. »
Marie de Naurois : « Je demande deux ans d’emprisonnement ferme pour M. Lecureur, assorti d’un mandat de dépôt pour qu’il puisse effectivement faire sa peine. Pour Matthias Leyer : trois ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis, avec un mandat de dépôt. Pour Jonathan Husser, qui n’a participé qu’à deux profanations, deux ans d’emprisonnement, dont 18 mois avec sursis, avec un mandat de dépôt. »
Marie de Naurois : « pour ces faits, la peine maximale est de trois ans d’emprisonnement, la réunion n’ayant pas été retenue. Au total 90 tombes ont été profanées sur trois cimetières de janvier à septembre 2010. Des dégradations ont été commises à la veille du 65e anniversaire de la libération des camps nazis. »
Marie de Naurois : « Jonathan Husser a également fourni des détails sur les dégradations opérées, il est mis en cause par Matthias Leyer et les relais téléphoniques le place à proximité de Lecureur au moment des faits. »
Marie de Naurois : « Les relevés des activations de relais de téléphones mobiles montrent bien que Lecureur était à proximité du cimetière de Cronenbourg au moment des faits, il est mis en cause par des témoignages. Et son témoignage par la police a été très détaillé, ce n’était pas une invention pour plaire aux policiers. Il n’y a pas de place au doute. »
Marie de Naurois : « les propos interceptés lors des écoutes et via sms sont tellement abjects, et tellement odieux, que je ne vais pas les reproduire dans mes réquisitions. Mais ils montrent bien qui sont les prévenus aujourd’hui. »
Marie de Naurois : « le devoir de mémoire doit se doubler d’un devoir de vigilance. Ces actes ont bien été guidés par une volonté de porter atteinte à une religion ou à une communauté. »
Marie de Naurois : « Il est difficile de passer à côté des victimes, qui avaient beaucoup à dire et l’ont fort bien fait. Je comprends cette souffrance. Mais à travers mes réquisitions, je défends la société française, qui a été atteinte dans ses valeurs. »
Marie de Naurois : « On va invoquer l’alcool, le mal être, l’envie de montrer qu’on existe, etc. Toutes ces explications sont fausses et il faut les balayer. Parce que si on les retient, on banalise ces actes. Ces violences avaient pour but d’inciter à la haine raciale. »
La procureur de la République, Marie de Naurois prend la parole : « je ne pensais pas que les auteurs pourraient encore aujourd’hui, deux ans après les faits, continuer à nier les faits. Je suis consternée par leur attitude et j’en suis désolé pour les victimes présentes dans la salle. »
Une femme s’approche et indique qu’elle est victime dans une affaire similaire, en 2004, mais que les auteurs n’ont jamais été retrouvés. Elle demande si elle peut s’exprimer devant les prévenus, ce qui lui est refusé. Elle le fait quand même avant d’être rappelée à l’ordre par la présidente du tribunal.
Un homme s’avance et indique que la tombe de son père a été profanée, qu’il se constitue partie civile aujourd’hui et qu’ils sont dix autres frères et soeurs à le faire. La présidente lui demande d’écrire tous les noms sur une feuille.
Deux filles d’un homme dont la tombe a été profanée rappelle que leur père a fait la guerre sous l’uniforme français. Elles demandent chacune 2000€ pour réparation de leur préjudice.
Un homme demande à s’adresser directement aux prévenus. La présidente y consent. Il déclare qu’il « aurait pu faire sa propre justice lui-même ».
Une autre victime appelée par la présidente s’effondre en larmes et ne peux pas parler. Elle est remplacée par une autre personne, qui demande deux fois 2500€.
La fille d’un père dont la tombe a été profanée explique qu’elle a très peu connu son père, qu’elle est très en colère : « j’aimerais que vous soyez condamné pour que vous puissiez faire le point, faire un travail sur vous. » Elle demande 5000€ pour son préjudice moral.
Un homme, dont la tombe de son neveu a été profanée, demande aux prévenus de s’expliquer (ce qu’ils n’ont pas le droit de faire, ils n’ont pas le droit de répondre à ce stade du procès) : « pourquoi vous êtes vous attaqués aux morts ? » Essouflé, la personne âgée d’une cinquantaine d’années, demande 2000€ de réparation à son préjudice moral.
La victime indique que la tombe avait déjà été taguée avec des croix gammées en 2005. Elle demande que « ce procès serve d’exemple. C’est trop facile de dire qu’on n’a pas de boulot, qu’on est dépressif… Je vous demande de refaire les lettres de Yanni. » La victime demande en outre 2000€ de dommages et intérêts.
Une autre victime s’adresse directement aux prévenus : « je vois deux lâches en face de moi. Vous avez profané la tombe de Yanni, 18 mois de vie. Vous avez anéanti un travail de deuil de 10 ans. Vous m’avez tuée, je suis mort. Je suis française d’origine musulmane et fière de l’être, mon pays de la France, que ce soit clair. Je vous souhaite de passer par la justice de Dieu pour avoir donnés des coups de pieds sur la tombe de mon petit garçon. Ne niez pas, vous êtes des lâches. J’espère que plus tard vous serez des parents et vous verrez alors ce que ça veut dire de perdre un enfant. »
Une victime, dont la stèle des grands parents est au cimetière de Cronenbourg, interrogée par le tribunal déclare « avoir la nausée après ce que j’ai entendu. Mais je suis contente d’être ici et de pouvoir exprimer ce que je peux ressentir. » Elle a du mal à s’exprimer et n’a pas de chiffre à donner au tribunal pour le montant du préjudice estimé. Après l’insistance de la présidente, elle fait valoir un devis pour effacer les tags et faire réapparaître les noms de ses grands parents sur la tombe, et un préjudice moral de 3000€.
La Licra demande 15000€ de dommages et intérêts.
Me Rodolphe Cahn : « Ne soyons pas dupes de la lâcheté. Les éléments du dossier sont suffisants et démontrent clairement que Lecureur et Husser ont participé aux faits auxquel s’intéresse le tribunal. »
Me Rodolphe Cahn, pour la Licra : « Nous intervenons aujourd’hui parce que nous avons l’espoir que l’exemple donné par la justice marque un coup d’arrêt à cette spécificité alsacienne odieuse que sont les profanations. Il faut mettre un stop, un feu rouge, un sens interdit ou ce qu’on veut pour que s’arrête cette spécificité. »
Me Ombelle pour SOS Racisme : « Nous ne pouvons pas admettre que ces actes là libèrent d’autres actes similaires, d’autres paroles… On peut aller toujours plus loin dans l’horreur. Les sanctions doivent être exemplaires. Je demande d’indemniser le préjudice collectif pour l’association à hauteur de 5000€. »
Me Mengus demande 15000€ de dommages et intérêts pour le Mrap et 5000€ en frais d’avocats.
Me Mengus : « Nous les associations nous sommes là pour rappeler aux magistrats qu’ils doivent prendre une décision de sanction exemplaire. »
Me Mengus : « Ils sont coupables d’avoir porté atteinte à l’intégrité des personnes qui étaient enterrées là. Imaginez que les tags ont été découverts lors d’une commémoration organisée par le lycée Kléber… Heureusement que la majorité des tags n’ont été découverts qu’après. »
Me Mengus : « On ne peut pas se cacher derrière l’alcool, la drogue, l’oubli… Ces actes sont la conséquence d’une idéologie, d’un discours d’extrême droite. Certains sont affiliés au Front National, à Alsace d’abord… Ils se tatouent des croix gammées sur le corps. »
Me Mengus pour le Mrap, rappelle que ces profanations ont eu lieu dans une série d’actes racistes : « Il y a eu des tags sur le domicile du maire de Strasbourg et sur d’autres demeures de personnes connues à Strasbourg. Il ne faut pas banaliser ces actes, tous ces actes sont inacceptables. »
La même avocate reprend à propos d’une tombe musulmane : « La personne qui a été enterrée ici était maçon, elle a travaillé toute sa vie en France, puis est mort d’un cancer. Et sa tombe avait déjà été profanée auparavant. Sa famille a l’impression qu’il ne reposera jamais en paix. »
Une autre avocate de victimes prend la parole : « la tombe sur laquelle a été écrit « juden raus » abritait les corps de deux personnes dont les parents sont morts dans les camps de concentration nazis ».
Me Lefebvre : « lorsque vous ne reconnaissez pas les faits, vous indiquez au tribunal que vous recommenceriez si les circonstances étaient à nouveau réunies, ce qui est inacceptable. »
Me Lefebvre : « Vous devez comprendre les conséquences de votre acte, pas seulement dire « je paierai ce qu’il faudra, je buvais trop ». Il faut assumer la douleur d’une mère qui se rendait sur la tombe de son enfant tous les 15 jours. »
Eric Lefebvre : « Ce procès est le procès de la lâcheté, la tombe à laquelle vous vous êtes attaqués était celle d’un enfant mort né, qui ne vous a jamais rien fait, qui ne vous fera jamais rien. »
Me Eric Lefebvre représente une des victimes, dont la tombe a été dégradée : « J’aurais aimé que ce procès ait un minimum de vérité, qu’on assiste à autre chose qu’un acte de contrition falsifié. »
La parole est donnée aux parties civiles.
La présidente interroge les trois prévenus sur leurs relations entre eux, puisque le dossier tient essentiellement sur des mises en cause croisées. Mais pour Jonathan Husser, Nicolas Lecureur a menti pour se venger de lui, parce que Husser voulait le virer de son appartement.
Nicolas Lecureur et Jonathan Husser confirment qu’ils nient les accusations portées contre eux.
Nicolas Lecureur indique que les seuls éléments contre lui sont les déclarations de Matthias Leyer. Selon le premier, Leyer est un indic de la police et a été payé pour ses informations.
Matthias Leyer indique que son but aujourd’hui est de trouver un travail, et que s’il pouvait revenir en arrière, il ne retomberait pas dans cette mouvance d’extrême droite.
Le téléphone de Jonathan Husser a également été localisé à 2h du matin près du cimetière de la Robertsau, ce dernier indique que c’est parce qu’il était en train de cambrioler une pizzeria.
Le téléphone portable de Nicolas Lecureur a activé des relais téléphoniques à proximité des deux premiers cimetières profanés, en pleine nuit. Pour l’un d’entre eux, Lecureur indique que ses parents habitent à côté. Mais la présidente indique que les appels ont été passés à 2h et 3h40 du matin…
Matthias Leyer : « j’ai renversé des stèles, sans autre raison que de faire du mal ».
Nicolas Lecureur indique avoir reçu des coups de fils de « vrais skins », lesquels le menacaient de représailles s’il était responsable des dégradations.
Dans les discussions avec les skinheads, Nicolas Lecureur indique : « j’essayais de calmer le jeu, car certains s’enflammaient très très vite. C’est peut-être pour ça que certains me prenaient pour un leader. »
Un avocat de la partie civile demande à Nicolas Lecureur de préciser ses relations avec les skins. Il répond que ce n’est que du blabla, « les vrais skins ne se montrent pas. »
Me Mengus, avocate de la Licra, demande à Nicolas Lecureur de préciser son emploi du temps au soir de la dégradation du cimetière de Cronenbourg. Lecureur ne s’en souvient pas et indique : « si j’avais fait une connerie, je m’en souviendrais. J’assume toutes mes conneries. »
Le procureur rappelle le contenu d’une communication téléphonique de Nicolas Lecureur, où il mentionnait des « bicots ». Nicolas Lecureur précise que pour lui, les « bicots » c’est les racailles : « c’est pas une question de couleur de peau, c’est une question d’attitude. »
Les tatouages de Nicolas Lecureur sont des « têtes de mort enflammées », qu’il a faits avant de partir à la Légion étrangère.
Nicolas Lecureur admet qu’il avait réalisé ces tags parce qu’il n’allait pas bien. Mais qu’il avait dessiné ces croix gammées « par rejet des idées des haines raciales ».
Jonathan Husser reconnaît qu’il y avait des tags nazis chez lui, réalisés par Nicolas Lecureur. Ces faits sont reconnus.
Husser : « les policiers me disaient ce que je devais dire… Je devais dire quoi ? »
Jonathan Husser allait également « squatter un peu et picoler » place de la République.
Jonathan Husser précise qu’il « n’est pas skin ». La présidente lui demande : « vous êtes quoi alors ? » Hésitation. « Je suis du genre racaille, voyou quoi. »
Jonathan Husser ne reconnaît pas de soirée particulièrement arrosée chez lui. Il réfute les accusations également.
Nicolas Lecureur précise qu’il connaissait Matthias Leyer mais qu’ils n’étaient pas amis.
Les écoutes téléphoniques relèvent que Nicolas Lecureur avait demandé à une personne mise en cause de ne pas parler de lui, il avait indiqué à son père qu’il savait que la police  regardait le style d’écriture et qu’il ferait différemment la prochaine fois, etc. Il a indiqué aussi qu’il avait effacé ses contacts sur son téléphone avant d’aller à une convocation de la police.
Par ailleurs, les relevés téléphoniques placent Nicolas Lecureur près des cimetières au moment des faits.
La présidente rappelle les témoignages qui accusent Lecureur, dont certains sont précis et le décrivent comme prenant un certain plaisir à taguer les tombes.
Pour Nicolas Lecureur, toutes ces déclarations ont été extorquées par la police. Il a craqué à la fin de la garde à vue.
Lecureur a reconnu en garde à vue s’être vu « taguer des croix gammées sur des murs, mais pas sur des tombes ». Il indique que ses souvenirs sont flous parce qu’il avait bu et consommé de la cocaïne.
« Dessiner des croix gammées sur les tombes » était « un délire de la place de la Rép’ »
Nicolas Lecureur reconnaît tout juste connaître Matthias Leyer, lors de rassemblements place de la République.
On passe à Nicolas Lecureur, qui conteste les faits. Il indique qu’il n’a pas participé et qu’il n’a pas distribué de cocaïne et que s’il a reconnu une partie des faits, c’était suite à la pression des policiers.
Leyer : « je suis allé au cimetière pour montrer que je n’étais pas un faux, pour me faire des potes ». La présidente se demande pourquoi aucune expertise psychiatrique n’a été ordonnée.
Matthias Leyer voulait « se faire un nom » dans le mouvement. La présidente l’interroge sur ce que représente un cimetière, si c’est un terrain de jeu pour lui. Le prévenu répond que non, et qu’il ne referait jamais une telle chose.
La présidente rappelle qu’il a deux tatouages, une croix celtique et un 88 (faisant référence à Heil Hitler, H étant la 8e lettre de l’alphabet). Matthias Leyer indique qu’il fera effacer ou modifier ces tatouages, qu’il n’est plus d’extrême droite et qu’il voudrait rentrer dans l’armée.
Leyer : « c’était du hooliganisme. Je suis tombé sur des fascistes, j’ai suivi et voilà »
Interrogé sur ses idées, sur sa déclaration « chacun doit rester dans son pays », Matthias Leyer dit que « c’était pour se donner un genre. Je me cherchais. J’ai côtoyé des gens d’extrême droite au stade de la Meinau, entre supporters après le match ».
Matthias Leyer répond qu’il s’agissait « d’une idiotie pure. C’est de la bêtise. L’alcool. »
La présidente détaille les faits : ceux qui ont renversé des stèles, ceux qui ont tagué… La présidente demande à Matthias Leyer pourquoi il a déclaré qu’aller dans un cimetière « autre que chrétien sinon y’avait pas d’intérêt » ?
La présidente rappelle les faits : des soirées alcoolisées, quelqu’un sort des bombes de peinture, l’idée d’aller au cimetière de Cronenbourg germe pendant la soirée… Deux groupes se sont constitués, Matthias Leyer et Nicolas Lecureur sont présentés comme « les meneurs ».
L’enquête s’est appuyée sur des enregistrements vidéos et des écoutes téléphoniques. Trois autres personnes attendent un jugement devant le tribunal pour enfants, car ils étaient mineurs au moment des faits.
La présidente relate les faits : des stèles dégradées en janvier 2010, en juin 2010 et septembre 2010.
M. Husser a déjà été condamné 4 fois, pour vol en réunion, soustraction d’enfant des mains de la personne chargée de sa garde, transport d’arme de sixième catégorie…
Jonathan Husser est actuellement détenu à Mulhouse pour une peine de six mois de prison ferme pour des vols.
Matthias Leyer a aussi déjà été condamné pour usage illicite de stupéfiant (200€).
Nicolas Lecureur a déjà été condamné pour port d’arme illicite, vol à l’étalage, vol en réunion, vol aggravé, de 2009 à 2011. Il est déjà sous contrôle judiciaire.
Les professions des accusés, les charges et les revenus sont détaillés par la présidente, afin d’évaluer les peines et les réparations possibles le cas échéant.
Dans l’assistance, beaucoup de femmes, certaines âgées…
Le tribunal procède également à l’appel des victimes, qui sont nombreuses…
Matthias Leyer, Jonathan Husser et Nicolas Lecureur sont appelés à se présenter devant le tribunal…
La présidente du tribunal a dû faire un peu de police dans la salle, car le public est venu nombreux. Les places sur les bancs sont chères.
Le serial-attoucheur est condamné à six mois de prison avec sursis, à suivre une thérapie, à ne plus fréquenter les cinémas et sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Les délibérés des précédentes affaires sont prononcés.
Le tribunal vient d’entrer dans la salle…
Parmi les parties civiles, plusieurs organisations sont présentes, dont la Licra, le Mrap, SOS Racisme…
Le Parquet est représenté par Marie de Naurois (photo). La présidente du tribunal est Sophie Thomann.
La procureur de la République Marie de Naurois (PF)
Les prévenus ont croisé les parties civiles dans le hall du tribunal, ne montrant guère de regrets, ils ont provoqué l’indignation de quelques familles de victimes.
Suspension d’audience pour les délibérés des trois premières affaires.
Le préjudice dans cette affaire est de quelques milliers d’euros quand même…
Troisième affaire, une série de vols à Schiltigheim…
Le serial-attoucheur de l’affaire précédente cherche une place dans le public, émoi…
Ce n’est pas une affaire de travail dissimulé, mais une affaire de conduite sans permis en fait.
On passe à la deuxième affaire, travail dissimulé.
Le Parquet a requis quatre mois de prison avec sursis, un suivi médical, et l’interdiction de fréquenter les cinémas… Le prévenu a indiqué qu’il « était d’accord ».
La première affaire est une agression sexuelle au cinéma UGC, l’homme s’approche de femmes lors des séances et commence directement à leur caresser la cuisse… Il a été pris sur le fait plusieurs fois.
Bon, trois « petites » affaires vont être entendues avant l’affaire des profanations. La première vient de débuter.
Les avocats se préparent… (Photo PF)
Il se confirme que l’audience des profanations ne sera pas la première…
Quatre autres affaires sont inscrites sur le rôle, il se pourrait que l’affaire des profanations soit jugée en dernier. Dans ce cas, il faudrait attendre plusieurs heures.

 


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