À partir du 1er novembre, il faudra arborer une vignette de niveau 0 à 3 sur son pare-brise pour circuler dans les 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg. Mais cette mesure ne sera appliquée qu’à partir du troisième ou le quatrième jour consécutif de pollution, ce qui concerne quelques jours dans l’année.
Un outil national
Ce dispositif national sollicité par l’Eurométropole vise à laisser les véhicules les plus anciens, souvent les plus polluants, à l’arrêt lors des épisodes durables de pollution de l’air. La pollution aux particules fines (PM10) est particulièrement visée. Elles provient à 23% du trafic routier (deuxième source après le secteur résidentiel, 37%). Les voitures à essence d’avant 1997 et les diesels d’avant 2007 seront donc interdites. Des classifications séparées concernent les deux-roues, les utilitaires et les poids-lourds.
Selon les services de l’État, les véhicules de classe 4 et supérieure correspondent à 14% des kilomètres parcourus et 30% de la pollution automobile. Ce système pénaliserait moins d’automobilistes tout en étant plus efficace que la circulation alternée (seules les plaques paires ou impaires peuvent circuler), un temps envisagée.
Trois ou quatre jours de pollution ?
L’obligation d’avoir une vignette de niveau 3 ou moins sera obligatoire lors du troisième jour « d’alerte » à la pollution. Concrètement, on parle de seuil d’information quand la pollution est intermédiaire (entre 50 μg/m³ et 80μg/m³ d’air pour les PM10). À ce stade, il n’y a aucune obligation. Le seul d’alerte se déclenche au-delà et met en place des transports en commun moins chers, une vitesse maximale abaissée et l’interdiction et feux et d’épandages agricoles.
Mais l’alerte est désormais aussi activée de manière automatique au bout de deux jours d’affilée de pollution dépassant le seuil d’information. Donc, la nécessité de disposer d’une vignette de niveau 3 ou moins sera effective au bout de quatre jours (le premier jour d’information puis les suivants automatiquement en alerte). Pour s’y retrouver, l’Eurométropole proposera d’avertir par e-mail les usagers qui le souhaitent lors de chaque pic.
Les pics de pollution ont tendance à se produire en décembre-janvier lors des températures très froides ou en mars avec le printemps et la reprise d’épandages agricoles. Les pics d’Ozone (O3, un mélange de polluants liés à la chaleur) ont également lieu en été. Les mesures d’urgence (transports en commun moins chers, vitesse abaissée) n’ont jusqu’ici guère d’impact sur les pics et il faut souvent attendre un coup de vent ou de la pluie pour se débarrasser de la pollution.
Moins restrictif qu’ailleurs
Strasbourg a choisi de limiter les vignettes aux pics de pollution longs, là où Paris et les 69 communes en proche banlieue interdisent les véhicules trop vieux tous les jours, du lundi au vendredi, de 8 à 20 heures, voire plus en cas de pollution.
Le système retenu à Strasbourg aurait par exemple correspondu à deux jours en 2016, mais plus en 2017, un épisode a duré 10 jours). Néanmoins, les élus ont annoncé que les mesures « évolutives » devraient se durcir à l’avenir. Par exemple, les deux axes de circulation est-ouest exclus dans un premier temps du dispositif pourraient ne plus l’être. Ou le délai avant l’obligation des vignettes se réduire.
Sensibiliser plutôt qu’éliminer
Sanctionner et éliminer les véhicules les plus pollueurs n’est d’ailleurs pas l’objectif premier. Dans un premier temps, il s’agit avant tout de sensibiliser et de « faire changer les comportements », comme « le réflexe pavlovien de la voiture » dixit le maire Roland Ries (PS), ou dans l’achat des véhicules. C’est ainsi que le résume Robert Herrmann, président (PS) de l’Eurométropole :
« Ces dispositions, qui ne sont pas outrancières, posent à chacun la question de sa responsabilité. »
Les vignettes sont valables pour toutes les villes françaises, mais ne sont pas compatibles avec les autres villes européennes. Roland Ries a néanmoins fait savoir que des discussions pour une reconnaissance mutuelle avec Fribourg et Karlsruhe sont en cours. Les véhicules immatriculés à l’étranger sont aussi concernés.
Attention aux arnaques
Ces vignettes sont commandables en ligne (ou via un formulaire papier) pour 4,18€ (attention de faux sites les proposent pour plus cher) sur certificat.gouv.fr. Le délai de réception est d’un mois environ.
En cas d’absence de vignette ou d’une classification trop élevée, une amende de 68€, minorée à 45€, est infligée. Pour les véhicules en transit sur l’A35, les péages pourront être utilisés pour les contrôles.
Des mesures d’aide à la conversion pour les plus modestes
Interrogés sur les difficultés pour les ménages les plus modestes de se doter d’un véhicule conforme à ces exigences, les responsables strasbourgeois ont répondu que les véhicules de niveau 4 et au-delà concernent souvent une deuxième voiture, vielle et rarement utilisée. Les vignettes sont une incitation au covoiturage ou au transports en commun.
Et pour Françoise Schaetzel (EELV), les plus modestes sont aussi les plus exposés à la pollution :
« On ne peut pas complètement écarter le risque social, mais il y a aussi le risque sanitaire, qui est subi par les plus modestes. Ce sont souvent les moins favorisés qui habitent près des voies de circulation très fréquentées. Ce coût social est indirect, mais il est souvent oublié. »
Du côté de l’État, quelques dispositifs de conversion de son véhicule, y compris pour les achats d’occasion, ont été instaurés de 500 à 10 000 euros. Ils concernent les ménages non-imposables comme les personnes morales (entreprises, association, administration, etc) via l’agence de services et de paiements.
Toujours pas au clair ? L’occasion de relire notre vrai-faux sur le vignettes Crit’air ou de poser une question en commentaire.
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