Les élus du conseil de l’Eurométropole ont reçu une délibération de 70 pages particulièrement indigeste vendredi. Intitulée « avenant n°6 à la convention de délégation pour l’usine d’incinération de Strasbourg », elle prévoit d’arrêter l’incinérateur au plus tard le 30 septembre 2016, pour procéder au désamiantage complet des installations. Une opération dont la durée estimée est de deux ans et demi, pendant laquelle les quatre lignes de traitement des déchets de l’agglomération seront à l’arrêt complet.
Dans cette délibération, dont Rue89 Strasbourg a obtenu une copie, la collectivité précise qu’elle ne peut plus procéder à des travaux partiels tout en maintenant en activité une partie des installations. Car de l’amiante en suspension a été détecté, « avec des pics non corrélables à des événements identifiables » dans le hall chaudière. Les niveaux mesurés ne dépassent toutefois pas les seuils du code de la santé publique, faute de quoi la collectivité aurait dû procéder à l’arrêt immédiat de l’usine.
De l’amiante partout, 15 millions d’euros à trouver
En outre, les diagnostics effectués ont révélé la présence d’amiante « sur une grande partie des surfaces internes et externes », une présence qu’il faut « traiter rapidement » indique la délibération. Des travaux qui s’ajoutent aux colmatages sur les lignes 1 et 2, rendus délicats et longs en raison des nombreuses mesures de confinement obligatoires, compte tenu justement de la présence d’amiante. Les fuites occasionnent des retards de traitement et une augmentation du détournement des déchets de l’agglomération de Strasbourg vers d’autres usines.
Le texte qui sera voté en conseil de l’Eurométropole le 3 juin rappelle aux élus qu’un incendie est intervenu en septembre 2015 sur les chaudières 3 et 4, qui a entraîné l’arrêt de ces installations pendant cinq mois.
Au final, l’Eurométropole, en sa qualité de propriétaire de l’équipement, prendra « en charge les travaux de désamiantage ». Le montant de ces travaux est estimé à 15 millions d’euros.
Entre 23 et 27 millions d’euros pour 2016
La délibération propose aux élus de régler les relations passées et futures entre la collectivité et le délégataire, Senerval, filiale du groupe Séché Environnement. Pour le détournement et le traitement des déchets de 2015, l’Eurométropole paiera à Séché 1 604 000€, plus 395 000€ de pénalités et coûts annexes et encore 3 676 000€ de compensation pour les pertes d’exploitation et abandons de facturation par Senerval à ses clients en énergie vapeur et chaleur, soit 5,745 millions d’euros.
Pour le premier semestre 2016, les détournements de déchets devraient coûter à l’Eurométropole 3,8 millions d’euros. Quant aux compensations, la collectivité estime qu’elles pourraient atteindre 4,04 M€ et 1,7 M€ de coûts annexes, si la disponibilité des fours se maintient autour de 40%. Au second semestre, si le processus de désamiantage peut être amorcé en juillet, le coût des détournements devrait alors atteindre 5,1 M€, la compensation pour perte d’exploitation 6,9 M€ et toujours 1,7 M€ de coûts annexes.
Pour 2016, l’addition de ces dépenses et de ces estimations atteindra entre 23 et 27 millions d’euros. Chiffre auquel il faudra donc ajouter les 15 M€, estimés, pour le désamiantage de l’usine. L’Eurométropole réserve ses commentaires pour une conférence de presse ultérieure.
Chargement des commentaires…