Une idée qui est tombée du ciel ? Pas tout à fait… Fondateur d’une petite PME de distribution de produits locaux « Au petit marché d’Alsace« , l’idée de livrer en barque lui trotte dans la tête, depuis qu’il apporte en Citiz à ses clients les 40 variétés de fruits et légumes produits issus de son domaine de 11 hectares, mieux connu sous le nom de « l’ilot de la Meinau« , situé rue de la Fédération, à coté d’un embranchement de l’Ill.
Le domaine près de l’eau, les clients aussi
Le Strasbourgeois est ainsi vite devenu convaincu du potentiel du lieu, idéal selon lui, pour proposer des livraisons par voie fluviale :
« Les champs de pommes de terre et de salades, qu’on cultive ici, touchent directement le Rhin Tortu, j’ai donc pensé assez rapidement à une barque pour charger les légumes et les fruits à peine cueillis et les acheminer vers le centre-ville. Ça me permet de réduire l’usage de la voiture et d’éviter les désagréments du trafic en centre-ville. »
Idéalement, Christophe Moeglin souhaite que sa barque soit équipée d’un moteur électrique, pour rejoindre les quartiers de la Petite-France, de la Krutenau et de la Robertsau où se situent la majorité de ses clients, des restaurateurs et commerçants. Mais s’il souhaite ainsi réduire son empreinte carbone, il ne pourrait pas se passer complètement de la voiture :
« J’ai également une clientèle plus éloignée du centre, je continuerai donc à livrer avec Citiz dans les quartiers comme Koenigshoffen ou l’Elsau. L’objectif de la barque, c’est aussi de créer des marchés flottants itinérants. »
Son bateau chargé d’asperges de saison, de mâche et de différentes sortes de fruits, le marchand pense pouvoir attirer le chaland en quête de produits frais et provoquer un rassemblement quotidien ou hebdomadaire aux abords de sa barque.
La difficile étape des Voies navigables
Il a soumis sa proposition à la Ville de Strasbourg, détaillant les endroits où sa barque s’arrêterait pour approvisionner les amateurs de produits de saison. Elle pourrait ainsi s’amarrer à proximité du pont du Corbeau, du collège Saint-Étienne, du Parlement Européen et de la place de l’Étoile, avant de regagner le quartier de la Meinau.
Soutenu par la Ville, en débat à VNF
À la municipalité, le projet de Christophe Moeglin a été accueilli positivement. Paul Meyer, adjoint au maire de Strasbourg (PS), en charge notamment du tourisme et du commerce, estime que cette barque électrique rentre dans la vision des projets économiques, sociaux et environnementaux que la Ville souhaite développer :
« Pour nous, c’est important de voir des projets émerger qui encouragent les circuits courts et le retour à des usages populaires et quotidiens de l’eau. C’est en cohérence avec notre politique. Je travaille en coopération avec Jean-Baptiste Gernet (adjoint au maire en charge des voies navigables et des déplacements à l’Eurométropole, ndlr) on vient d’obtenir des Voies navigables de France (VNF) une proposition de plusieurs emplacements d’arrêt pour la barque. »
Mais tout n’est pas réglé pour autant. Car si les emplacements sont en passe d’être validés par les Voies navigables de France, le maraîcher doit encore s’assurer que sa barque soit en mesure de circuler sans encombre sur les eaux strasbourgeoises. Or VNF peut se montrer une administration tatillonne, surtout lorsqu’il s’agit de projets innovants :
« À Strasbourg, les bateaux touristiques de Batorama disposent d’un monopole de fait du trafic fluvial depuis quelques années. Ça devient du coup de plus en plus difficile pour un petit bateau privé de circuler sur ces eaux, mais je pense avoir suffisamment d’expérience en navigation pour mener à bien ma barque sans entraver la route des autres. C’est à VNF de trancher. »
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