Le collectif pour le tram à Koenigshoffen, qui a eu la peau du tram sur pneus en 2014, remet ça. Composé initialement d’associations de résidents de Koenigshoffen, le collectif intègre désormais l’association des habitants du quartier gare (AHQG) et l’association des résidents des Poteries. Ça commence à faire du monde pour peser face aux projets de l’Eurométropole pour l’extension du réseau de tram vers l’ouest de l’agglomération.
Car l’exécutif a considérablement réduit ses ambitions en deux ans, comme l’explique Pierre Ozenne, animateur du collectif :
« Nous voulons le tram, simplement pas n’importe lequel ni n’importe comment. En 2013, l’Eurométropole a adopté une délibération qui desservait Koenigshoffen grâce à une ligne de tramway de 15 km pour plus de 100 millions d’euros et en passant par la gare. Mais fin 2015, l’agglomération n’a plus d’argent et il n’est plus question que de trois stations sur 1,5 km sans passer par la gare ! »
La tracé maudit
En décembre 2015 en effet, l’Eurométropole adopte une délibération qui prévoit d’étendre le réseau vers Koenigshoffen à partir de l’arrêt Faubourg National, de la ligne B. Pour le collectif, ce tracé a tous les torts : il ne relie par les 35 000 habitants de l’ouest de l’agglomération à la gare centrale. La ligne étant calée sur la station Homme-de-Fer, saturée, elle aura une fréquence insuffisante, que le collectif estime à 10 minutes. Puisqu’il n’est pas prévu que le tramway y passe, les boulevards du quartier gare ne profiteront pas d’une pourtant nécessaire rénovation…
Anne-Marie Victor, pour l’AHQG, en rajoute une couche :
« On nous fait du chantage pour que les places du quartier gare soient rénovées, seulement si on accepte le tracé du tramway ! Mais ce tracé évite les boulevards, ce qui aurait permis de relier le sud au nord du quartier et surtout, il occupe ce qui reste de la rue du Faubourg National, qui sert de centre du quartier aujourd’hui et dont nous avons bien besoin ».
Pour Yolande Moos-Bachmann, de Koenigshoffen demain, c’est la déception :
« On attend le tram depuis tellement longtemps… Comment se satisfaire des projets de l’agglomération ? On voit bien que la ligne 4 est saturée aux heures de pointe. On a besoin de ce tramway, en site propre, pour qu’il soit efficace, que les temps de parcours soient garantis et que les habitants de l’ouest délaissent leur voiture pour le tram. En outre, il faut faire la boucle avec Hautepierre, pour une circulation inter-quartiers. L’Eurométropole devrait penser à long terme ».
Le tracé rêvé
Pour le collectif, la solution est de raccorder l’extension vers l’ouest plutôt sur la ligne C, à la gare centrale, puis de passer par le boulevard de Metz et de Nancy.
Ce tracé aurait donc plusieurs avantages selon le collectif, il permettrait la rénovation des boulevards afin de repenser les multiples trafics qui doivent y coexister (BHNS, TSPO…), de raccorder l’Elsau à la gare centrale et amorcerait la création d’une boucle intérieure en transports en commun. Quant au coûts, le collectif assure que son tracé n’est pas plus onéreux pour la collectivité, car il retire des lignes de bus et mutualise les travaux avec le BHNS.
Les réserves de la CTS
Du côté de la Compagnie des transports strasbourgeois, on se garde bien de prendre position. Jean-Philippe Lally, directeur de la CTS, remarque :
« Tout est toujours possible en terme d’aménagements urbains, il y a juste des arbitrages à opérer. En l’occurrence, la dalle de la gare centrale n’a pas été conçue pour supporter la charge des tramways, donc il faudrait la refaire. À ce stade, on nous a demandé d’éviter ça. Par ailleurs, le projet du collectif soulagerait l’Homme-De-Fer, c’est très bien, mais on se retrouverait avec deux lignes au carrefour Wodli – Wilson, déjà très tendu. Et là, ce serait l’ensemble de la circulation, voitures, bus, qui ne s’écoulerait plus ».
Le débat n’est donc pas terminé pour le collectif, qui demande à l’Eurométropole de prolonger la concertation publique pour l’extension du tram à Koenigshoffen « d’au moins 15 jours ». Elle est prévue pour se terminer à l’issue de la dernière réunion publique, jeudi 2 juin. En outre, le collectif réclame à l’Eurométropole la communication des études de faisabilité qui ont été réalisées avant que la première version de l’extension ne soit avortée.
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