Depuis le mois de mai, les cyclistes strasbourgeois, en quête d’un arceau libre ou d’un emplacement près de la gare, n’ont plus accès au vélo-parc Sainte-Aurélie gratuitement. Doté désormais d’une porte d’entrée magnétique et de caméras de surveillance, le lieu n’est accessible qu’aux abonnés.
300 000 euros investis par Strasbourg
Géré par Strasbourg Mobilités, le parking a été réaménagé et agrandi à 750 places afin de répondre à la demande croissante de cyclistes se plaignant du manque d’emplacements sûrs aux abords de la gare. Ce projet, dont le coût est estimé à 300 000 euros, a été porté par l’adjoint au maire de Strasbourg Jean-Baptiste Gernet (PS), en charge des mobilités alternatives :
« C’est important pour nous de proposer une diversification de l’offre de stationnement. Dans les vélo-parkings près de la gare, beaucoup d’usagers ont généralement des bons vélos car ils font souvent des trajets de plus de dix kilomètres par jour pour venir. Ils préfèrent des emplacements sécurisés où ils sont sur de retrouver leur deux-roues. Et grâce à un système de badge, il n’y a plus ce phénomène de vélos épaves qui traînent pendant des semaines, voire des mois au même emplacement. »
40€ par an, un tarif jugé « symbolique » par la Ville
Pour garer un vélo, l’usager doit débourser 40 euros par an, ou 34 euros à condition d’être déjà titulaire d’un abonnement de transports en commun. Les résidents de l’Eurometropole de Strasbourg n’ont pas à payer avant avril 2018, car ils bénéficient d’une première année d’abonnement gratuite. Mais pour certains habitués du vélo-parc, cette irruption d’un abonnement pour un lieu qui était gratuit est une régression. Ils ont lancé une pétition pour réclamer un retour à la gratuité du vélo-parc.
Des accusations de mercantilisme que Jean-Baptiste Gernet n’estime pas fondées :
« Le parking fermé rassure certains usagers qui ont fait de mauvaises expériences, en laissant leur vélo dans l’ancien parking qui était ouvert en permanence. Le service est encore largement subventionné. Il faudrait que les gens payent 4 fois plus cher pour que la Ville puisse rentrer dans ses frais. Il n y a vraiment aucune rentabilité pour nous. Et puis ce tarif représente aux alentours de 3 euros par mois. C’est vraiment un prix plus symbolique d’autre chose… »
Cette tarification ne semble en effet pas entraver l’usage du vélo-parc puisque, d’après les chiffres de la CTS , déjà 360 abonnés ont souscrit un abonnement, en un mois. Le dispositif payant ne scandalise pas non plus les membres de l’association des cyclistes de Strasbourg, Cadr 67.
Fabien Masson, président de l’association, résume :
« Payer 3 euros par mois pour laisser son vélo dans un endroit où il n’y a aucun risque de se le faire piquer, ça ne me semble pas être exagéré. Mais pour l’instant, la Ville ne semble pas avoir des tarifs bien définis. Donc, on attend de voir leur prochaine décision. »
Vision différente dans les capitales du nord de l’Europe
Spécialiste des mobilités douces et blogueur sur I-bike-strasbourg, Gregory Delattre se réjouit de voir de nouvelles infrastructures plus spacieuses aux abords de la gare pour les vélos. Mais il souligne que cette tarification n’est pas forcément évidente, au vu de ce qu’il a pu observer dans d’autres grandes villes du nord de l’Europe où la pratique du vélo est très développée, telle que Amsterdam et Copenhague :
« Il y a deux philosophies distinctes en Europe, en terme de coûts à imputer à la collectivité quand il s’agit d’infrastructures réservées au vélo. Dans les grandes villes du nord, vous ne trouverez que très rarement un parking à vélo payant. Généralement, comme dans le centre d’Amsterdam et près de la gare, il y a une présence humaine dans les parkings à vélo. Le vigile vous donne un ticket de stationnement de 48h, qui est gratuit. Si vous dépassez ce délai, vous risquez d’avoir une amende, mais dans l’ensemble, les collectivités ne font pas payer aux usagers l’emplacement d’une place de vélo. L’autre approche (plus rentable), c’est celle que j ‘ai pu observer dans des villes comme à Bâle ou à Berne. Dans ces villes, les vélos parcs sont généralement payants, mais sont bien plus sophistiqués et mieux entretenus. On y trouve des locaux de réparation ou de location, des stations de pompages, des casiers, des toilettes,etc.. . Et il semble que ces dispositifs plaisent, puisque ces parkings sont toujours remplis. À Strasbourg, la municipalité semble avoir plutôt opté pour ce modèle- là.
Le vélo a longtemps été perçu comme un moyen de transport très économique. Mais avec l’entretien régulier nécessaire et de nouveaux coûts comme les vélo-parcs, le budget mensuel des cyclistes continue de grimper. Il sera intéressant de regarder si l’addition de ces coûts freine la pratique du vélo à Strasbourg où si au contraire, elle témoigne d’une maturité de ce mode de déplacement comme première solution quotidienne.
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