Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Pour Roland Ries, maintenir les événements fait « reculer la psychose »

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Roland Ries, lors du conseil municipal de décembre 2014 (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Le maire de Strasbourg a pris la plume en ce mois d’août. Dans une tribune adressée à « Le Plus », le site participatif de l’Obs, Roland Ries (PS) se félicite du maintien de grands événements à Strasbourg, malgré le risque d’attaque terroriste.

Une prise de position qui peut étonner, puisqu’au lendemain de l’attentat de Nice, il s’était d’abord dit défavorable à la tenue de la grande braderie deux semaines plus tard. Comme pour le marché de Noël en décembre, ces deux grands événements commerciaux étaient prévus de longue date. Dans les deux cas, beaucoup de dépenses étaient déjà engagées lors des attentats les précédant, à deux semaines de leur début, avec une forte implication de la puissante association des commerçants « Les Vitrines de Strasbourg ». Et dans les deux cas, un dispositif de sécurisation de la Grande-Ile de Strasbourg a été mis sur pied à la hâte avec la Préfecture.

Des polémiques qui « insultent » les victimes

Au début de son texte, le premier magistrat de Strasbourg balaie les polémiques sur la sécurité. Il estime que « les rassemblements fraternels qui ont réuni catholiques, musulmans et juifs à Rouen et à Paris ont donné au personnel politique une leçon de dignité ». Ce même personnel qui a « insulté insulté, post mortem, le message pacifique laissé derrière lui par le père Hamel mais aussi la mémoire des 84 (85 désormais ndlr) morts de l’attentat de Nice. »

Loyal envers le PS, il minimise les critiques contre le gouvernement (mais aussi le premier adjoint « Les Républicains » de Nice, Christian Estrosi) ou les juges. Le camion de Nice a été « neutralisé en moins deux minutes » et il n’y a pas eu d’attaques pendant l’Euro de football, souligne, entres autres, l’élu strasbourgeois.

Roland Ries, lors du conseil municipal de décembre 2014 (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Roland Ries, lors du conseil municipal de décembre 2014 (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Pas de solutions miracle

Le maire rappelle à plusieurs occasions, qu’il n’y a pas de solution « miracle » face à quelqu’un déterminé à sacrifier sa vie pour donner la mort :

« Pour garantir une sûreté totale, il  faudrait pouvoir mettre un agent de sécurité à côté de chaque spectateur et barricader l’accès à chaque manifestation publique comme Fort Knox. Et il n’est même pas sûr que cela suffirait. »

Séparer les véhicules et les foules

Selon lui, les Français « réclament des mesures de protection renforcées, mais ne sont pas prêts à brader leur mode de vie pour un encadrement policier permanent et aliénant ». Pour atteindre ce subtil équilibre, il juge qu’il faut « braver l’impopularité provisoire » de certaines mesures, rappelant le dispositif de la Grande braderie :

« Le principe élémentaire, c’est de bannir toute cohabitation, de près ou de loin, entre la circulation de véhicules, quels qu’ils soient, et la foule. Pas de tram – les rails pourraient être une porte d’entrée pour des opérations kamikaze – zéro voiture et zéro camion de livraison à partir de l’aube, des plots en béton, et 1 300 barrières pour garantir toute intrusion dans toute la zone. »

Dans ce contexte, il invite les maires à « prendre leurs responsabilités, avec le soutien impératif de l’État », c’est-à-dire de maintenir un maximum d’événements. Le maire strasbourgeois oublie un peu vite, qu’il a obtenu tous les renforts espérés – et 30 vigiles pris en charge par les commerçants – ce qui n’a pas été le cas de toutes les municipalités de France. Le même jour, le maire « Les Républicains » de Mulhouse, Jean Rottner, déplorait de son côté de ne pas avoir eu les renforts habituels d’une cinquantaine de gendarmes pour la soirée « clubbing » des Nuits Rouge, qu’il avait dû annuler. Ce vendredi 6 août, la municipalité et la Préfecture de Lille ont annulé la braderie de septembre.

Un dispositif impressionnant mais facile à percer

Avec 9 ponts ouverts sur 21 et même des camions poubelles pour bloquer l’accès au centre, la Grande île a pris des allures de camp retranché samedi 30 juillet. Et malgré ce dispositif, cela n’a pas empêché, comme pour le marché de Noël, une baisse de la fréquentation et des retombées économiques moindres. Néanmoins, « nous avons tranquillement fait la démonstration qu’il était possible de faire reculer la psychose », avance le maire. Pas sûr que son homologue lilloise Martine Aubry (PS également) apprécie.

Ce déploiement de forces a aussi été décrié ou moqué, entres autres car il était en fait tout à fait possible d’accéder au centre sans se faire contrôler, notamment par des passerelles mal fermées. Faut-il en déduire de cette tribune qu’un tel dispositif sera reconduit lors du marché de Noël 2016 ? Le texte ne le dit pas. Difficile d’imaginer un centre sans véhicule ni transports en commun si longtemps. Ce qui a été possible une journée, sera plus difficile pendant quatre semaines, sans parler de la mobilisation des troupes (et des camions poubelles).


#Grande Braderie

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