Qui gagne et qui perd à Strasbourg ? Un regard rapide donne l’impression d’un raz-de-marée rose. Il est surestimé par les deux duels PS/FN dans les cantons 2 et 3, à l’ouest, où le PS a remporté tous les bureaux de votes. La carte est assez similaire à celle du second tour des municipales de 2014, sauf au sud où le PS ne remporte qu’un seul bureau de vote contre une demi-douzaine un an plus tôt.
Mais il y a plus de chances que votre voisin n’ait pas voté. À Strasbourg, ce sont 84 681 personnes qui ne se sont pas déplacées dimanche 29 mars, soit 58,34% des inscrits. Un total auquel on peut ajouter entre 6 et 8% de votes blancs et nuls, bien que ce chiffre soit comparable à ceux des départementales (alors appelées cantonales) de 2008 et 2011. Aux municipales il y a un an, l’abstention n’était que de 45,28%
Abstention dans les quartiers périphériques
Les quartiers ouest concentrent la participation la plus faible, comme au premier tour ou aux municipales de 2014. Elle est particulièrement prononcée dans les mailles de Hautepierre. Le canton 3 a, de loin, l’abstention la plus forte de Strasbourg avec 64,34%.
Même constat su les quartiers de l’est et sud-est. Il s’agit de, où le FN réalisait de bons scores aux élections précédentes, déjà avec une participation faible sur ces bureaux. La Cité de l’Ill est aussi un îlot d’abstention supérieure à 60% au sein de la Robertsau.
Enfin, le bureau de vote 101 de l’hôtel de Ville en plein centre enregistre une abstention quasi-record, mais parce que beaucoup d’expatriés français y sont inscrits de droit. Cette population se mobilise très peu pour tout type d’élection.
Les bons scores du PS sont souvent liés à l’abstention
À l’ouest, la forte abstention du canton 3 et à un degré moindre du 2 (59,23%) n’a pas empêché les deux binômes socialistes de l’emporter avec près de 70% dans les deux duels avec le FN. Une avance conséquente en pourcentage mais de moins de 3 000 voix (sur 20 807 et 23 004 inscrits).
Dans le centre, alors que les bureaux de vote se répartissaient presque équitablement entre droite et gauche au premier tour, le PS remporte 21 sur 26, ce qui indique qu’une grande partie d’écologistes (19,3% au premier tour) a voté pour le PS au second tour.
Dans le centre (canton 1) et les bureaux du quartier des XV ou Esplanade, la participation est intermédiaire (par rapport au reste de la ville). C’est sur ces cantons que le PS l’emporte de quelques pourcentages face à la droite.
Seule « prise » d’un bureau de vote gagné par le FN au premier tour, celui du Port du Rhin. Il s’agit d’un petit bureau de vote (598 inscrits là où les autres en comptent 900 environ en moyenne) et où la participation n’était que de 29%. Le tandem Bitz/Buffet l’emporte assez largement (56%) sur ce bureau où les écologistes avaient fait un très bon score au premier tour (18%).
L’UMP plus forte au sud et à l’Orangerie
L’UMP a pu compter sur ses secteurs forts. Au nord, la Roberstau et l’Orangerie enregistrent la plus forte participatio. Les secteurs de droite étaient donc mobilisés, mais la sociologie électorale strasbourgeoise semble légèrement défavorable à l’UMP et à l’UDI.
Au sud, l’UMP/UDI l’emporte avec un duo très implanté, habitué de ces secteurs, et face à un nouveau candidat sur ce canton (Jean-Baptiste Mathieu) dans un contexte de grande abstention. À noter que l’extrême-droite (FN + Alsace d’Abord) comptait près de 30% des voix au premier tour, ce qui s’est reporté en pourcentage vers la droite, alors que le nombre de suffrages exprimés n’a baissé que de 39% à 36%. La consigne du FN de voter blanc n’a pas été respectée.
Les bons scores FN toujours isolés
Il est plus difficile d’analyser les scores du FN, présent sur seulement deux cantons. Les bureaux où il effectue ses meilleurs scores sont ceux remportés au premier tour, avec des pointes jusqu’à 45%. Mais ces bureaux ne se touchent pas et ne forment pas d’ensemble cohérent.
Au parti frontiste, on indique avoir intensifié sa campagne dans les secteurs où l’UMP a fait de bons scores. Il s’agit de secteurs plutôt résidentiels, où habitent des classes moyennes au contact de populations plus défavorisées. Compte tenu de la progression du FN entre de 8 et 12 points, certains électeurs UMP du premier tour semblent avoir été séduits par le FN au second.
Une tendance que l’on observait aussi au premier tour sur le secteur de la Cité de l’Ill (deux bureaux de votes à l’école Schwilgué). La partie des petites maisons vote de plus en plus FN, tandis les résidants des grands ensembles sont particulièrement démobilisés, au détriment de la gauche.
Dans les partis, on s’est encore peu penché sur l’étude détaillée des bureaux de vote. L’urgence de l’entre deux-tours n’est plus là et les grandes tendances du 1er tour et de 2014 n’ont pas été bouleversées par ce scrutin. Mais dans la science bien approximative des calculs des « reports » de voix entre les deux tours, les électorats les plus insaisissables restent ceux du Front de gauche et du Front national.
Cartes : Raphaël Da Silva
Texte : Jean-François Gérard
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