27 mois de travaux et 34 millions d’euros de travaux, dont 8 grâce au soutien des collectivités locales… Le Palais de Justice de Strasbourg, quai Finkmatt, entre les places de la République et des Halles a terminé sa mue.
Un temps, une nouvelle cité judiciaire a été envisagée du côté du Heyritz. Contrairement à Paris qui déménage son palais de justice de l’île de la Cité vers le XVII arrondissement, c’est finalement une rénovation du bâtiment qui a été choisie à Strasbourg.
Un bâtiment allemand
Construit lors de l’époque allemande en 1898, l’ensemble bénéficiera d’une extension de 2 000 mètres-carrés, soit environ 17% de surface supplémentaire, pour 21 salles d’audience au total. Les services localisés dans l’annexe place d’Islande, qui a vécu 10 ans, vont retrouver le palais de justice.
Plus ouvert
Les modifications les plus visibles sont une plus grande ouverture à la lumière du jour et vers l’extérieur. Les deux sphinx au milieu de la salle des pas perdus et les mosaïques au sol ont été conservés. Les travaux sont l’œuvre de l’architecte napolitaine Daria de Seta et du catalan Jordi Garcès.
Le maire Roland Ries (PS) a d’ailleurs tracé un parallèle avec la bibliothèque nationale universitaire (BNU), non loin de là et aussi rénovée récemment. Des réalisations architecturales largement saluées lors des discours officiels pour la visite du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas (PS), lundi.
Des salles d’audience diversement appréciées
Les salles d’audience ont aussi entièrement été refaites, avec des murs blancs et des mobiliers en chêne, composés de petits triangles aux angles aigus, contre lesquels il vaudra mieux ne pas se cogner.
La salle des Assises, où l’on juge les crimes les plus graves, parait bien étriquée, et risque d’être insuffisante si le procès implique beaucoup de participants et de spectateurs.
Les étudiants en droit, ou en journalisme, apprécient de pouvoir assister aux audiences. Mais il n’y a pas davantage de bancs pour la presse, comme à la nouvelle cité judiciaire parisienne, dans cette salle plus petite que celle utilisée place d’Islande. Il n’y a pas non plus de réseau Internet sans fil (WiFi) et la réception des réseaux téléphoniques semble aléatoire.
Le patrimoine interrogé
Certains bureaux, plus étriqués que par le passé, ou les longs couloirs blancs sont également accueillis avec un enthousiasme modéré par leurs nouveaux occupants. Au-delà des aspects pratiques, le cadre de travail modernisé ne règle pas tous les problèmes de la Justice, a rappelé le Garde des Sceaux. Malgré une augmentation du budget de 11% obtenue cette année, « il manque 3 postes sur 64, dont un vice-président sur les 19, ou encore 5 greffiers sur 148 à Strasbourg. »
Quant aux parties boisées des salles d’audience, avec leurs lambris et plafonds stuqués et lambrissés, elles ont été enlevées et sont stockées. Elles étaient pourtant inscrites à l’inventaire des monuments historiques, mais cette simple mesure n’est pas aussi contraignante que le classement.
Une décision qui a valu plusieurs critiques, dont celle des Amis du Vieux Strasbourg, pourtant assez peu virulents d’habitude. Pour l’avocat strasbourgeois Me Renaud Bettcher, ces nouveaux locaux ramassés ont perdu l’aspect solennel qu’on attend de locaux où se rend la Justice. Il n’hésite pas à parler de « scandale architectural » dans le courrier des lecteurs des DNA, conçu par ceux qui ne fréquentent pas les lieux.
Un parvis retrouvé pour Strasbourg
Le démantèlement des bâtiments pré-fabriqués devant l’entrée va permettre de récupérer un peu de place, à l’avant de l’édifice, quai Finkmatt.
À ce sujet, Roland Ries a précisé qu’elle serait réaménagée en un « espace d’accès et convivial ». Peut-être que des musiciens pourraient y interpréter « Les portes du pénitencier », histoire d’égayer ce cadre judiciaire un brin terne et froid.
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