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Le Parti Égalité Justice, nouveau parti musulman, veut se présenter à toutes les élections

Le Parti Égalité Justice (PEJ) vient de naître. Issu de la communauté turque, ce parti veut revenir sur l’interdiction du voile à l’école, intégrer l’Islam dans la loi de séparation de l’Église et de l’État, défendre les Palestiniens et revoir la loi sur le mariage pour tous. Après une réunion samedi soir à Strasbourg, le PEJ annonce présenter des candidats dans trois cantons du Bas-Rhin et à Colmar, ainsi qu’en Franche-Comté.

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Le Parti Égalité Justice, nouveau parti musulman, veut se présenter à toutes les élections

Quelques candidats du PEF aux élections départementales (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Quelques candidats du PEJ aux élections départementales (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Pupitre, logo énergique et slogans chocs : aucun doute, la salle Mozart, en plein centre-ville de Strasbourg, accueillait samedi soir un meeting politique. Une cinquantaine de personnes, en vaste majorité des hommes, se sont déplacées pour participer à l’une des premières réunions du Parti Égalité Justice (PEJ), un nouveau parti politique musulman. Issu de la communauté d’origine turque, le PEJ a l’ambition de présenter des candidats « issus de la diversité » à toutes les élections françaises, « sauf l’élection présidentielle ».

Dès les élections départementales, le PEJ présentera trois binômes dans le Bas-Rhin, sur les cantons de Strasbourg-2, Strasbourg 3 et Schiltigheim (voir notre carte interactive), et un binôme à Colmar. Pour le responsable bas-rhinois du PEJ, Fatih Karakaya promet :

« Ce parti vous accepte avec votre voile et votre barbe. J’ai été au PS et à EELV, mais dans ces partis, si vous ne levez pas votre verre à la fin des réunions, vous ne grimperez jamais. On m’a écarté des réunions, on a empêché que je sois tête de liste. Tous les jours on parle de l’Islam : Jean-François Copé, Nadine Morano, Nathalie Kosciusko-Morizet, Éric Zemmour… alors que les musulmans n’ont pas demandé à être sur la place publique. Mais aujourd’hui, le vivre-ensemble en France est en danger, nous devons agir, dans les médias et en politique. »

Puis le vice-président du PEJ prend la parole, il s’agit de Kadir Guzle, conseiller municipal à Obernai, passé par l’UMP :

« En France, il y a 13% de musulmans (chiffres issus d’un blog, ndlr) mais les musulmans ne représentent pas une force politique. Les élus issus de la diversité ne représentent que 6,68% de l’ensemble et ils restent muets quand les partis traditionnels traitent de l’Islam. Chaque voix du PEJ, chaque bulletin, ce sont des voix que nous allons récupérer après les avoir prêtées aux autres partis. »

La salle applaudit, mais tous sont convaincus. Les candidats et leurs suppléants sont dans la salle ainsi que les responsables du Cojep (Conseil pour la justice, l’égalité et la paix) International, France et Grand-Est (tous vivent en Alsace). Cette association culturelle turque fondée à Belfort par Ali Gedikoglu est activement soutenue par Ankara depuis que l’AKP a pris le pouvoir en Turquie en 2002. Elle a mobilisé ses membres contre le projet de loi réprimant la négation du génocide arménien en 2006 et est à l’origine du rapprochement entre Strasbourg et Kaiseri, bastion de l’AKP, en 2010 comme le relate Slate.fr.

Contre la « théorie du genre » à l’école

Constatant que leurs positions n’étaient pas reprises par les partis traditionnels, les élus issus du Cojep (comme Saban Kiper ou Tuncer Saglamer à Strasbourg) ont finalement décidé de lancer leur propre mouvement. Un premier essai a eu lieu lors des élections municipales de mars 2014 à Strasbourg avec la liste MCS, présentée par Tuncer Saglamer, qui a finalement obtenu des résultats encourageants à Hautepierre.

Cette fois, l’objectif du PEJ est de présenter des candidats dans toute la France, avec un programme d’envergure nationale comme le détaille Kadir Guzle, par ailleurs président du Cojep France :

« Sur la culture, nous voulons diversifier la représentation culturelle subventionnée. En économie, nous proposons que la Banque centrale européenne puisse prêter directement aux États. Sur l’éducation, nous pensons qu’il faut renforcer les structures dans les quartiers difficiles et intégrer la vision multiculturelle de la France dans les manuels d’histoire. Repenser la laïcité, pour permettre la pratique sociale et publique de la religion, obtenir un jour férié pour l’Aïd et permettre des menus hallal dans les cantines. Et puis nous demandons l’abolition de la loi interdisant le port du voile à l’école. Enfin, nous demandons que soit mis fin à l’enseignement de la théorie du genre à l’école et que la loi sur le mariage homosexuel soit revue. »

Les dernières propositions expliquent peut-être pourquoi la cohabitation au sein des partis traditionnels a pu être compliquée… À l’international, le PEJ propose que la France soutienne les Palestiniens :

« Le PEJ milite pour la pleine reconnaissance des droits du peuple palestinien à un État. Quant à la Turquie, le PEJ soutient son adhésion à l’Union européenne, même si ce n’est pas ce que demande le pays en ce moment. »

Les intervenants ont conclu la réunion, non pas par un appel aux dons mais par un appel aux candidatures. Pour l’instant implanté sur les territoires d’élection du Cojep (Franche-Comté, Alsace, un peu en Lorraine), le PEJ a l’ambition de dépasser ce cadre pour s’adresser à tous les musulmans de France, et à toutes les élections.


#Cojep

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