Le festival des cultures électroniques Ososphère aura lieu à Strasbourg les 23 et 24 septembre et les 30 septembre et 1er octobre mais… à la Laiterie, sous le format des seules Nuits Électroniques. L’exposition éponyme, prévue à l’automne pourrait se dérouler au Port du Rhin, mais à l’extérieur de l’ancien siège de la Coop.
Car il n’est plus question de laisser entrer du public dans ces immenses bâtiments construit par Coop Alsace entre 1911 et 1964, et achetés par la Ville en mars 2015 après le démantèlement de la chaîne de distribution alsacienne. Leur état général s’est trop dégradé. Et depuis l’an dernier, les pompiers, qui instruisent les dossiers pour les commissions de sécurité, ne veulent plus entendre parler de manifestations publiques dans des bâtiments industriels désaffectés.
Beaucoup de temps et beaucoup d’argent
Pour que les concerts d’Ososphère reviennent à la Coop, comme entre 2012 et 2014, il faudra que les bâtiments soient certifiés « ERP » (établissement recevant du public), c’est à dire qu’ils répondent à un ensemble de normes de sécurité et de prévention d’incendie, comme les centres commerciaux par exemple. Mais transformer des friches industrielles, inoccupées pendant de longues périodes, en bâtiments ERP prendra beaucoup beaucoup de temps et d’argent.
L’ensemble a été acheté par la société publique locale (SPL) Deux-Rives 5,25 millions d’euros en mars 2015, qui est en charge du réaménagement du secteur. La Ville de Strasbourg et l’Eurométropole sont les actionnaires de cette SPL.
Adjoint au maire (PS) en charge de la culture, Alain Fontanel précise :
« Les diagnostics complets ne sont pas encore achevés, mais les premiers éléments en notre possession font valoir un bâtiment dans un état plus dégradé qu’on ne le pensait. Il y a des interrogations sur la solidité de certaines colonnes, des renforts seront nécessaires par endroits, les éléments structurels ne sont pas protégés en cas d’incendie, il faut refaire l’étanchéité, etc. Actuellement, les spécialistes recommandent qu’il n’y ait pas plus d’une personne à la fois sur les coursives… Il faudra quelques millions pour que le bâtiment soit ERP. On attend le plan guide de l’architecte Alexandre Chemetoff avant l’été. L’objectif est qu’au moins le bâtiment principal soit prêt à l’automne 2018 ».
Directeur de la SPL Deux-Rives, Éric Bazard confirme :
« Certains bâtiments sont dans un tel état qu’on risque de les perdre si on n’agit pas vite pour les sécuriser, notamment assurer leur étanchéité. Pour certains, leur destination n’a pas encore été définie mais il faut quand même les sécuriser. À la louche, la seule sauvegarde des bâtiments devrait coûter entre 5 et 8 millions d’euros. Une fois que le plan guide d’Alexandre Chemetoff sera rendu, les élus devront choisir les priorités et à ce moment-là, on en saura plus sur l’avenir précis des bâtiments. »
Thierry Danet, grand architecte en chef de l’Ososphère, a donc repensé son festival, qu’il avait dû replier en urgence l’an dernier. Cette fois, ce ne sont pas deux mais quatre Nuits Électroniques qui sont programmées, dans un format pensé pour les deux salles de la Laiterie.
L’ambition d’un festival total intacte
Son objectif est toujours de proposer un festival qui mêle expressions artistiques et musicales au même endroit et au même moment, mais en biennale :
« Tous les deux ans, il y aura une édition complète et forte d’Ososphère, avec concerts et exposition en même temps. La première sous ce format devrait avoir lieu en septembre 2018 à la Coop… si le site est prêt à nous accueillir à ce moment là. Dans l’intervalle, on maintient une édition désynchronisée, avec des Nuits électroniques et une exposition dans un lieu emblématique de la ville. »
Pilotée via la SPL des Deux-Rives, la Coop doit devenir un « lieu d’animation, de création et de diffusion » des musiques actuelles, ouvert sept jours sur sept. L’ensemble accueillera à terme la programmation de la Laiterie, ainsi que des salles de répétition à partir de 2019. Une fois le site dépollué et sécurisé, la Ville estime qu’il restera 70 000 m² exploitables, dont 40 000 m² de surface bâtie.
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