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Nouveau Parc expo, le mastodonte de trop au Wacken ?

Les aménagements qui ont fait débat (4). Début juillet, le projet lauréat pour la réalisation du nouveau Parc des expositions de Strasbourg (PEX) a été dévoilé. Pour 180 millions d’euros, un cabinet autrichien réalisera d’ici la fin de la décennie 50 000 mètres carrés de halles couvertes au Wacken. Si l’opportunité d’un nouveau PEX fait consensus, la localisation choisie et, surtout, la gestion des flux engendrés inquiètent.

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Le futur Parc des expositions de Strasbourg devrait sortir de terre avant la fin de la décennie (Crédit cabinet d’architectes Dietmar Feichtinger)

Lignes fluides et futuristes, espaces intérieurs tout en transparence, parvis monumental et ouverture sur le canal et la verdure… Le projet du cabinet d’architecture autrichien Dietmar Feichtinger et du bureau d’études SNC Lavalin, validé par le conseil de communauté urbaine de Strasbourg le 12 juillet, est l’élégance faite Parc expo. Sur la vidéo, du moins.

Théoriquement érigé entre 2015 et 2018 de part et d’autre de la rue Herrenschmidt dans le quartier du Wacken, ce nouvel équipement remplira les 8 hectares entre le Palais de la musique et des congrès (la version agrandie, les travaux démarrant cette année), l’hôtel Hilton, l’autoroute et les terrains de sport rue Fritz-Kieffer. Il remplacera l’actuel Parc des expositions de Strasbourg, aux halls défraichis à l’arrière du Maillon et autour du Rhénus, édifié pour partie dans les années 1920 et considéré comme obsolète aujourd’hui.

Plan du secteur PEX-PMC aujourd’hui (Google map)
Plan masse du Parc expo et du PMC en 2018 (Cabinet Dietmar Feichtinger)

Le choix de cette localisation, enchâssée entre plusieurs grands équipements, PMC, Hilton, sièges de grandes entreprises, Maison de la Région, futur quartier d’affaires, est assumé par la municipalité socialiste, bientôt sortante. L’idée d’un PEX en centre-ville a tranché avec l’orientation de l’équipe municipale précédente, qui l’imaginait à côté du Zénith, à Eckbolsheim. Il a été décidé par l’équipe de Roland Ries que la « synergie » entre foires (PEX) et congrès (PMC) était plus pertinente que celle avec la salle de concert du Zénith. De même, la densification urbaine étant à la mode, construire un PEX à portée de tram et surtout de centre-ville (là où les congressistes dépenseraient entre 200 et 300€ par jour) a semblé plus pertinent que de grignoter des terres agricoles, ce qu’aurait entraîné le choix de l’ouest strasbourgeois.

L’embolie automobile, crainte majeure

Mais à deux ans du démarrage des travaux, le projet ne fait toujours pas l’unanimité. Si personne ou presque ne remet en cause l’opportunité d’investir 180 millions d’euros dans un tel équipement public, générateur, espère-t-on, de lourdes retombées économiques (déjà 100 millions par an, selon Jacques Bigot, président de la communauté urbaine de Strasbourg), ce choix du Wacken déplait à plus d’un titre. A l’opposition municipale, d’abord, qui y voit un choix idéologique mal pensé. Ancienne maire UMP de Strasbourg, Fabienne Keller fait remarquer :

« Ce qui m’inquiète, c’est que je n’ai vu aucune étude sur la circulation dans le quartier, une fois que seront terminés les travaux du PMC, du PEX et du quartier d’affaires. Le Wacken est déjà en embolie, comme l’autoroute qui le longe. Côté cheminements piétons, comment fera-t-on pour venir des stations de tram Kléber ou Rives de l’Aar, relativement loin ? Ils [la municipalité PS] n’ont pas suffisamment travaillé sur la circulation des camions qu’engendrera ce PEX, sans parler du financement de cet équipement ! Si nous reprenons la Ville en 2014, il y aura un état des lieux sur ce projet. Mais je ne sais pas ce qui sera signé d’ici là… »

Des simulations de trafics globales, « il en existe » et « elles sont largement terminées », assure Bruno Jansem, directeur du service Mobilité à la CUS. En revanche, elles ne sont pas communicables avant le vote de la délibération qui entérinera la première tranche du quartier d’affaires, note-il. Mais, « c’est complètement bordé. Avec le nouveau barreau routier prévu [visible à l’arrière du PEX sur le plan masse ci-dessus], le trafic sera fluide, les craintes à ce niveau sont infondées ».

Pour rassurer les entreprises déjà présentes dans le secteur, des aménagements de voirie sont par ailleurs programmées rue Wenger-Valentin avant le démarrage de la construction du PEX pour fluidifier la circulation. A terme, une ligne de tram reliera par ailleurs « en direct » la gare centrale à l’une des stations existantes proches du PEX (Kléber ou Rives de l’Aar).

« Dans la hotte des candidats »

Une assurance que les opposants politiques du maire Roland Ries n’achètent pas. Comme son concurrent UDI (centriste) François Loos, c’est plutôt sur le terrain Starlette au Port-du-Rhin, que Fabienne Keller installerait le PEX aujourd’hui. Un scénario écarté en 2001-2008 parce que le projet Tamaris (le regroupement des trois cliniques) devait y prendre place, mais qui, à 8 mois des élections municipales de mars 2014, ravit les opposants associatifs au projet, rassemblés dans un collectif anti-PEX au Wacken. Lobbyiste très actif, le président de l’Association des résidents de la rue du Tivoli, Arnault Pfersdorff, voit d’un bon œil que « les candidats mettent dans leur hotte le projet de PEX ». Il détaille :

« Nous voyons beaucoup des monde, des responsables politiques, des chefs d’entreprises, pour leur faire entendre notre petite musique. Ce qui nous inquiète : l’engorgement déjà terrible du quartier, qui sera aggravé par le passage des camions de 40 tonnes qui livreront le futur PEX jour et nuit, week-ends inclus. Quid de la sécurité, à l’arrière du lycée Kléber, avec une telle circulation ? Avec la pollution automobile, quel impact sur l’environnement ? Sur les espaces verts ? Et la disparition des terrains de sport du SUC ?

Alain Fontanel, adjoint au maire en charge du dossier, a sorti de son chapeau, lors d’une dernière réunion mi-juillet, la création d’un souterrain au niveau de la rue Fritz-Kieffer [ndlr, ni Catherine Trautmann ni Bruno Jansem n’étaient au courant d’un tel projet le 2 août, Alain Fontanel était lui en congés]. En zone inondable ? Pour quel coût ? Les bras m’en sont tombés. Dans 10 ans, ce quartier sera un alignement de boîtes à chaussures tertiaires. Il n’y aucune vision urbanistique… »

Les atouts du terrain Starlette

Concernant l’option Starlette, Catherine Trautmann, ancienne maire PS de Strasbourg (1989-2001) et actuelle vice-présidente de la CUS en charge du développement économique, est catégorique :

« Elle a été étudiée au début du mandat, mais présente un certain nombre de contraintes. Elle empêche notamment toute unité de gestion avec le PMC, qui permettra d’optimiser la gouvernance de l’ensemble. »

L’option pourrait malgré tout être remise sur le métier par une équipe Loos/Keller si elle était élue en 2014, avec quelques atouts, selon ses promoteurs : la proximité de l’Allemagne et des nouvelles résidences qui sortent de terres, 15 hectares de terrain disponibles contre 8 au Wacken (d’après Arnault Pfersdorff), permettant des extensions et installations d’autres entreprises ou d’hôtels tout autour, la traversée du terrain Starlette par le tram D vers Kehl et l’installation à cet endroit d’un viaduc et de la station StarCoop.

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : [Tribune] Plus de clarté pour le projet Wacken-Europe

Sur Rue89 Strasbourg : Parc expo et quartier d’affaires, les projets se dessinent enfin

Sur Rue89 Strasbourg / Les aménagements qui ont fait débat (1) : Quartier du Bruckhof : le prix de la densité

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#Arnault Pfersdorff

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